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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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son maître l'aimait ainsi. Il lui avait dit une fois qu'un de ses instants les plus sensuels — et il y en avait beaucoup entre eux — était celui où ce châle glissait de ses épaules pour révéler ses seins fermes à ses regards extasiés. Elle était fière également, il le savait, de l'expression de son regard, un mélange d'admiration et de désir animal. Elle trouvait extrêmement voluptueux, lui avait-elle confié une fois, de voir un homme si puissant se plier et s'abandonner à sa volonté.
    Sunida adressa un sourire radieux à son seigneur, faisant descendre gracieusement tout son corps à terre comme une gazelle, les mains jointes devant elle à la manière siamoise. Elle était heureuse aussi qu'il préférât ses coutumes. Tellement plus érotiques, lui avait-il assuré, que de se précipiter dans les bras l'un de l'autre comme le faisaient les farangs ! Il ferma la porte et mit un genou en terre devant elle. C'était un émerveillement toujours renouvelé de voir comment cette timide et gracieuse femme, entraînée à la maîtrise de soi traditionnelle des Siamois, pouvait en un instant se transformer en la créature la moins inhibée qui se fût jamais frayé un chemin dans les défenses d'un homme.
    « Sunida, tu es une déesse », dit-il.
    Elle fit doucement glisser son châle de ses épaules et s'agenouilla devant lui, la tête inclinée.
    « Cela ne se peut pas, mon Seigneur, sinon je contrôlerais mieux mon trouble chaque fois que je vous vois. »
    Le genou toujours en terre, Phaulkon la dévorait des yeux et savourait le moment. Quelle merveille que des émotions aussi intenses fussent si réciproques. Elle avait l'air si sincèrement contente de le voir qu'une fois de plus il se surprit à remercier les dieux pour le jour, il y avait presque six ans, où il l'avait rencontrée. Par quel caprice du destin leurs chemins s'étaient-ils croisés ? Quelle vie fertile en événements ils avaient eue depuis ! A l'époque, elle était danseuse classique à la cour de Ligor, et lui, sous le couvert d'un travail pour la Compagnie anglaise des Indes orientales, fournissait clandestinement des canons à la reine rebelle de Pattani. Son navire s'était échoué au large de la côte de Ligor, et pendant l'enquête qui s'ensuivit, le gouverneur de la province avait donné en l'honneur des marchands anglais un banquet au cours duquel Sunida avait dansé. Danseuse principale de la troupe, elle s'était montrée plus majestueuse et plus talentueuse que toutes les autres réunies. Il n'avait pu la quitter des yeux. Quant à elle, elle n'avait jamais vu de farang qui eût comme les hommes de son peuple des cheveux noirs et raides, une fière allure et de bonnes manières. Son sourire l'avait complètement transportée.
    Une fois que le gouverneur l'eut lavé de toute accusation et lui eut accordé l'autorisation de retourner à Ayuthia, Phaulkon avait demandé la permission d'emmener Sunida avec lui. Mais le rusé gouverneur avait refusé. Ce n'est qu'ensuite que Phaulkon avait découvert qu'elle était en réalité la nièce du gouverneur. Quand, deux mois plus tard, il avait quitté le service de la couronne d'Angleterre et uni sa destinée à celle du Siam, ce même gouverneur, conscient que Phaulkon s'était épris de Sunida, avait recommandé à Sa Majesté de l'envoyer auprès de lui pour l'espionner. L'espionne et le farang avaient beau être profondément amoureux l'un de l'autre, elle avait rempli son devoir envers son roi tandis que lui, averti du rôle de Sunida par un coup de chance, avait pu faire passer par son intermédiaire les informations appropriées jusqu'au plus haut niveau du palais. Avec des résultats époustouflants pour sa carrière.
    Maintenant, bien sûr, il était Pra Klang, la plus importante personnalité du pays, et elle n'avait plus besoin de l'espionner ; mais jusqu'à ce jour il ne lui avait jamais révélé qu'il était au courant de sa mission, pas plus qu'elle-même ne lui avait dit qu'elle s'en était chargée. A part cela, aucun secret ne les séparait. Il aurait souhaité qu'il pût en être de même avec Maria, mais il y avait trop de choses dont ils ne pouvaient parler. A commencer par la petite Supinda, dont l'existence n'était connue que de l'essaim de nourrices royales qui s'occupaient d'elle sur ordre du roi. C'était dans des moments comme celui-là qu'il ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi il avait épousé Maria. Mais il se punit vite d'avoir eu

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