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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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par orgueil ou parce qu'ils n'avaient pas confiance en lui ? Ou les deux à la fois ? Peut-être éprouvaient-ils la nécessité de fixer une limite, surtout après tant de concessions, et sans aucun doute un tel serment n'avait pas reçu l'aval de Louis XIV.
    Le regard de Phaulkon se durcit. « Le Seigneur de la Vie, mon maître, n'autorisera jamais une force française de cette importance à fouler le sol siamois à moins qu'elle ne prête serment de loyauté inconditionnelle envers lui et le gouvernement qu'il a nommé. Je suis le chef de ce gouvernement. Je suis le porte-parole de Sa Majesté. Nous parlons d'une seule et même voix. On ne peut devoir allégeance à l'un et pas à l'autre. Vous êtes suffisamment au courant des traditions de notre pays, mon Père. Sa Majesté ne voit pas de différence entre nous. Je ne suis qu'un cheveu de sa tête. »
    Gêné, Tachard changea de position sur son lit de coussins. Phaulkon le fixait sans sourire et son expression se fit encore plus froide.
    « Si l'armée française ne s'incline pas devant le cheveu de la tête du roi, elle ne sera pas autorisée à débarquer. Si elle tente de le faire sans permission, une telle initiative sera interprétée comme un acte d'agression. Et un acte d'agression sera une déclaration de guerre. Si vous tenez à la vie, mon Père, vous feriez mieux de ne pas retourner sur votre bateau. Retournez plutôt au séminaire pour consoler vos frères jésuites. Car vous pouvez être sûr qu'en matière de foi le roi n'embrassera jamais la religion d'un agresseur. »
    Le visage du prêtre devint blême. « Vous... vous déclareriez... la guerre, mon Seigneur ? » bégaya-t-il.
    Phaulkon acquiesça gravement de la tête. « Nous affamerions les Français sur leurs bateaux jusqu'à ce qu'ils soient encore plus affaiblis qu'ils ne le sont. Nous évacuerions notre peuple des bords du fleuve de telle sorte que les canons français tireraient dans le vide. Si les troupes tentaient de débarquer, nos armées s'abattraient sur elles pour les submerger par milliers. Nous conclurions une alliance avec les Anglais, qui ont dernièrement sollicité nos faveurs. Nous survivrions, mon Père. Et mon maître, vous pouvez en être sûr, se verrait irrévocablement confirmé dans sa foi bouddhiste. »
    Tachard était affolé. « Mais, mon Seigneur, il doit bien y avoir un compromis ! »
    Phaulkon parut réfléchir à la question. Il resta un moment silencieux tandis que le jésuite tripotait nerveusement les manches de sa robe. Puis, lentement, la chaleur réapparut dans le regard de Phaulkon et il sourit à nouveau — du sourire conspirateur qui lui était habituel. « Il y aurait peut-être un moyen, mon Père, avec votre aide. »
    Tachard se pencha en avant. « Comment ? Dites-le-moi.
    — Vous n'ignorez pas, j'en suis certain, l'importance d'une lettre royale au Siam. »
    Tachard hésita. « Je sais qu'elle est toujours gravée sur une feuille d'or.
    — C'est vrai, mais là n'est pas la question. Une lettre royale représente la parole même du roi. C'est sa volonté, ses ordres. La population se prosterne devant une lettre royale comme elle le ferait devant la personne du roi lui-même. Quand une lettre royale voyage sur le fleuve, elle est enfermée dans un vase d'or posé sur une estrade en or ; elle a sa propre barque royale, avec quatre mandarins de première classe prosternés à chaque angle. La population tout entière gît face contre terre sur les bords du fleuve comme si c'était le roi en personne qui passait. »
    Phaulkon fit une pause tandis que Tachard attendait anxieusement.
    « Quand une lettre royale envoyée par un souverain étranger nous arrive, nous lui donnons une importance bien plus grande qu'à l'ambassadeur qui la porte, car il n'est qu'un messager tandis que la lettre est la parole royale elle-même. » Phaulkon regarda le prêtre comme s'il eût voulu lui arracher quelque commentaire.
    « Il m'est venu aux oreilles, mon Seigneur, que certains ambassadeurs étrangers se sont sentis offensés d'être traités avec moins de révérence que la lettre qu'ils portaient.
    — Précisément, mon Père. Vous devez insister sur cet important point d'étiquette auprès de votre ambassadeur. Vous devez l'instruire des coutumes de ce pays.
    — Je serais heureux de le faire, Votre Excellence, dit Tachard, perplexe. Mais comment cela pourrait-il aider notre cause ?
    — Je suis ravi, mon Père, de vous entendre y faire allusion comme à

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