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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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notre cause. Si je pouvais m'arran-ger pour que le Seigneur de la Vie écrive une telle lettre qui souhaiterait la bienvenue sur ces rives à l'ambassadeur La Loubère, si l'ambassadeur était mis au courant de la signification d'une telle missive et informé qu'il n'est pas coutume pour un monarque siamois de se déplacer pour un simple ambassadeur — alors, quand j'apporterais la lettre, l'étiquette exigerait que lui et l'armée française s'inclinent devant la lettre. »
    Phaulkon vit un éclair de compréhension traverser le visage de Tachard.
    « Le moyen d'éviter la guerre, mon Père, dépendra de vous. Car il vous appartiendra de convaincre M. de La Loubère de l'importance de notre coutume royale. Tout homme — de l'ambassadeur jusqu'au plus humble caporal — devra se prosterner devant la lettre et lui rendre hommage comme il le ferait devant le roi lui-même. »
    Tachard prit un air soucieux. « Mais, Votre Excellence, il vous faudrait quand même vous prosterner devant la lettre. Il y aurait une levée de boucliers si votre tête dépassait le niveau de la parole royale. Cela ne reviendrait-il pas à rester debout en présence du roi ?
    — Certes, mon Père. C'est pourquoi je m'arrangerais pour qu'il y ait deux lettres. La première de la part du gouverneur de Bangkok, qui est d'un rang inférieur au mien, la seconde de Sa Majesté. Toutes deux souhaiteraient la bienvenue à la délégation française. Je pourrais me tenir au-dessus de la première lettre en toute impunité, et pendant que le contingent français s'inclinerait devant ce qu'ils considéreraient comme la lettre royale, les mandarins assemblés déduiraient que l'armée française prosternée me rend hommage.
    — Mais la lettre de Sa Majesté ne sera-t-elle pas écrite sur une feuille d'or ?
    — Si, elle le sera, mais elle ne sera apportée qu'après la lettre du gouverneur. »
    Le jésuite fronça de nouveau les sourcils. « Mais... mais si la lettre du gouverneur n'est pas écrite sur une feuille d'or, La Loubère ne saura-t-il pas qu'elle ne vient pas du roi ?
    — Il ne saura que ce que vous voudrez bien lui dire de nos coutumes, mon Père. Et si une lettre royale n'était écrite sur une feuille d'or que lorsqu'elle est adressée à un autre monarque, tandis que pour n'importe qui d'autre, y compris un ambassadeur, on utilisait du papier de riz ordinaire ? »
    Une lueur de compréhension éclaira le visage de Tachard. « Vous voulez dire que vous désirez que je le convainque de certaines, comment dire, coutumes qui nous arrangent ?
    — Nous œuvrons pour la même cause, n'est-il pas vrai, mon Père ? »
    Tachard hocha lentement la tête, perdu dans ses pensées. Phaulkon le laissa méditer un certain temps avant de poursuivre : « On fera en sorte que la lettre royale, sur une feuille d'or, arrive après que les Français se seront prosternés devant la première lettre. Alors je me prosternerai moi-même devant la lettre d'or. Le roi et moi aurons été ainsi dûment honorés. »
    Tachard garda le silence comme s'il examinait avec soin les implications. Puis il eut un sourire enthousiaste. « Je le ferai. Je dirai que j'étais sûr que la première lettre était du roi. Que je me suis trompé. J'obligerai l'armée française à se prosterner. La guerre sera évitée et je verrai le roi devenir un jour catholique !
    — C'est mon souhait le plus fervent, dit Phaulkon qui s'avança pour l'embrasser. Que la main de Dieu puisse vous guider, mon Père ! »
    9
    Thomas Ivatt, assis à son bureau, regardait par la fenêtre d'un air pensif. Malgré les efforts du jeune Indien enturbanné qui tirait en cadence sur la corde activant le ventilateur, il sentait l'humidité qui s'obstinait à lui coller au front. Il fronça les sourcils. Il n'aimait pas les deux lettres qu'il avait reçues.
    Samuel White était un garçon sympathique, mais Ivatt n'avait jamais pu se défaire de ses soupçons : c'était un homme qui ne reculerait devant rien pour satisfaire ses ambitions et sa cupidité. Les rumeurs concernant ses déprédations dans le golfe grossissaient, et il ne se passait pratiquement pas de mois sans que quelqu'un ne déposât une plainte sur le bureau d'Ivatt. Le dossier White s'épaississait. Les navires musulmans, à ce qu'on disait, étaient harcelés sans distinction, et lui, Thomas Ivatt, en sa qualité de représentant commercial de Sa Majesté siamoise à Madapolam, sur la côte orientale de llnde, serait directement

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