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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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Loubère se rappelait avoir vu lors de la cérémonie, trônant seul sur le plus gros pachyderme à la tête de son armée.
    Le général siamois parut quelque peu gêné durant le banquet, regardant les étrangers d'un œil presque soupçonneux, mais La Loubère attribua cette attitude à l'embarras d'un militaire mal à l'aise en présence de visiteurs sophistiqués. Quand Desfarges se tourna vers lui pour lui demander où se trouvait Kosa Pan, Petraja lui lança un regard désapprobateur avant de l'informer que l'ambassadeur souffl ait malheureusement d'une indisposition.
    Cependant, à mesure que la fête battait son plein, les Français oublièrent vite ce général mal luné. Anguilles à l'ail sur un lit de châtaignes d'eau, poulet sauté présenté dans une noix de coco, tiges de lotus cuites à la vapeur, œufs de crocodile, poisson de rivière fraîchement péché à la citronnelle, crevettes au curry et une foule d'autres mets étaient accompagnés des meilleurs vins de Chiraz. Suivit un spectacle de danse classique au cours duquel une troupe de jeunes filles battirent des paupières de façon envoûtante, ondulèrent des hanches et des bras et recourbèrent leurs doigts jusqu'à toucher leur poignet pour le plus grand plaisir des Français qui ne les quittèrent pas un instant des yeux.
    Puis vint un tournoi de boxe siamoise dans lequel les concurrents agiles décochèrent des coups de pied au visage de leur adversaire en frappant à la vitesse de l'éclair ou en esquivant les coups avec des réflexes consommés. Les spectateurs eurent droit à un spectacle de marionnettes siamoises, à une époustou-flante démonstration d'acrobates royaux et à un feu d'artifice chinois.
    Plus tard dans la soirée, plusieurs officiers allèrent se promener au bord de la rivière où ils rencontrèrent un petit nombre de batelières qui remballaient apparemment leurs denrées pour la nuit. Ces belles jeunes filles les saluèrent avec un charmant mélange de pudeur et de grands sourires qui alla droit au cœur des Français. Les plus éméchés tentèrent de leur faire des avances, mais elles gardèrent leurs distances sans cesser de sourire et en indiquant par signes qu'elles seraient de retour le lendemain avec leurs amies.
    Plus d'un Français alla se coucher cette nuit-là la tête pleine d'appétissantes batelières siamoises qui leur offraient un avant-goût du paradis.
    Ivatt se tenait, le dos courbé, dans la petite barque amarrée à l'échelle de La Nouvelle-Jérusalem. Il avait soin de garder son visage dans l'ombre. En tendant l'oreille, il percevait tout ce qui se disait sur le pont. Trois des serviteurs du mandarin birman s'étaient blottis contre lui pour l'abriter des regards, bien qu'à la faible lueur des lanternes du bateau ce fût probablement une précaution inutile.
    Il n'eut pas à attendre longtemps pour entendre la voix de stentor de Coates. Ivatt ne l'avait jamais rencontré, mais les histoires concernant ses frasques sanglantes étaient légion. Son nom figurait de plus en plus souvent dans les rapports qu'il avait reçus. On disait que c'était un malabar doté d'une corpulence qui démentait sa force réelle, un boucanier vantard et sans scrupule pour qui un seul homme comptait au monde : Sam White. Il aurait sacrifié sa vie pour lui, et selon toutes les apparences White en profitait pleinement.
    « Je suis le capitaine Coates, dit la voix. Bienvenue à bord. Vous êtes donc un messager du seigneur Demarcora ?
    — Je suis l'aide principal du seigneur Demarcora, capitaine. Je suis ici pour vous présenter une invitation de la part de mon maître afin de discuter de la restitution de ce bateau.
    — J'ai déjà informé votre maître de mes conditions. J'ai dépêché le capitaine de ce bateau avec un message. Il ne l'a pas transmis ?
    — Si. Mais mon maître souhaite discuter la question plus amplement avec vous.
    — Je ne crois pas qu'il y ait matière à plus ample discussion. Le seigneur Demarcora a jusqu'à minuit pour payer, ou je mets à la voile.
    — Capitaine Coates, j'ai cru comprendre que vous étiez en conflit avec Golconde. Vous n'êtes peut-être pas au courant que ce bateau bat pavillon péguan. »
    On entendit un rire fanfaron. « Ce n'est plus le cas.
    — Vous reconnaissez donc que vous souhaitez ouvrir les hostilités avec le royaume de Pegu ? »
    Coates prit un ton railleur. « Le royaume de Pegu ne serait tout de même pas assez stupide pour s'attaquer à la

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