Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
Vom Netzwerk:
de venir ici. Que se passerait-il si Ali Beague considérait que Golconde et le Siam étaient désormais en guerre ? En tant que représentant du Siam, Ivatt pouvait être emprisonné, pris en otage 01 même exécuté. La présence d'un si grand nombre dt Rajputs n'était pas bon signe. Ceux-ci ne pouvaien appartenir tous à une petite ville comme Narasapur Ali Beague avait dû les faire venir en apprenant ce qui était arrivé à Demarcora. D'autres allaient san ; doute venir. Ivatt frissonna.
    La double colonne de combattants entraînés semblait interminable. Ivatt essaya de garder l'esprit vigilant, mais ses pensées tournaient toutes autour de 11 mort. Il se demanda si ses os seraient rapportés dans son Siam bien-aimé pour y être brûlés. H s'était converti au bouddhisme, impressionné par sa logique, son ouverture d'esprit et réconforté par l'idée de réincarnation. Il était réconfortant de savo r que, grâce à la charité et aux bonnes actions, on reviendrait une fois de plus sur cette terre pour goûter les fruits de sa générosité passée. Mais ici, il ny avait que des musulmans. Ils ne brûleraient même pas son corps, comme au moins les hindous l'auraient fait. Peut-être pourrait-il se prétendre hin-douiste ; il y en avait des millions dans les royaumes environnants.
    Dans l'état de stupeur qui était le sien, Ivatt eut l'impression que les gardes de chaque côté grandissaient à mesure qu'il avançait. Puis il se rendit compte qu'il commençait à gravir des marches qui conduisaient à une plate-forme surélevée. En haut de ces marches, la colonne de gardes se déployait en un large cercle. Les serviteurs du mandarin et Gopal disparurent sur le côté. Devant Ivatt se dressait un pavillon soutenu par des colonnes en bambou. A une extrémité, les traits vaguement éclairés par des lanternes, deux hommes étaient assis sur des fauteuils à haut dossier, entourés de serviteurs qui les éventaient. Ils étaient habillés de façon diamétralement opposée : l'un, glabre et tête nue, portait un manteau de soie blanche à col mandarin ; l'autre, habillé avec recherche et aussi emplumé qu'un paon, arborait une épaisse moustache noire. Il portait un turban éclatant incrusté de rubis et une longue robe de cérémonie matelassée, retenue par une ceinture de couleur vive. Des épées et des dagues de différentes tailles et serties de joyaux pendaient à son côté et des babouches à bout relevé paraient ses pieds. Autour de son cou resplendissait un gros collier et ses doigts étaient couverts de bijoux. C'était sans doute Ali Beague.
    Il resta assis et immobile tandis que son glabre compagnon se leva de sa chaise et s'avança pour saluer les nouveaux arrivants. Du coin de l'œil, Ivatt vit le mandarin birman se prosterner devant le personnage qui s'avançait, et instinctivement il l'imita. Le personnage s'inclina devant chacun d'eux puis s'adressa dans une langue étrange au mandarin prosterné. Vraisemblablement du péguan, se dit Ivatt qui se releva. Les deux hommes conversèrent quelque temps. Ivatt remarqua que l'étranger lui lançait de temps en temps des regards furtifs.
    Ali Beague, s'il s'agissait bien de lui, semblait n'avoir aucune intention de les saluer. Ivatt sentit l'arrogance de l'homme et nota pour la première fois que, si son visage était impassible, ses doigts tambourinaient avec impatience sur les accoudoirs de son fauteuil, sertis de marqueterie précieuse. Ivatt tourna son attention vers les autres. Le mandarin birman était toujours prostré et son maître l'écoutait attentivement. Même s'il était difficile de se faire une idée précise de son aspect à la lumière de la lanterne, il semblait olivâtre, presque méditerranéen de traits et de teint, et il était de taille moyenne. Il se tenait droit mais sans l'arrogance d'Ali Beague.
    Il parut sentir le regard d'Ivatt et se tourna vers lui.
    « John Demarcora, à votre service, monsieur. Avant que nous allions plus avant, puis-je vous suggérer de présenter vos salaams au gouverneur Beague ? Il se vexe vite », ajouta-t-il à mi-voix.
    Etonné à la fois par les manières de l'homme et par l'excellence de son anglais, Ivatt fut un peu lent à réagir. Cette courtoisie inattendue, étant donné les circonstances, le prit au dépourvu.
    Il se tourna vers Ali Beague et s'inclina profondément. Le gouverneur avait la réputation de ne pas parler un mot d'anglais et de n'avoir aucun désir de l'apprendre.

Weitere Kostenlose Bücher