Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
Vom Netzwerk:
pas été facile. D'abord Ali Beague n'était pas d'accord pour vous libérer. Aucune rançon ne pouvait le convaincre de le faire. Il n'acceptait que si nous lui livrions Coates en échange. Nous avons donc promis de retrouver Coates, de l'enlever si nécessaire, et de le lui remettre. » L'expression de Fownes se fit sévère. « Nous devrons le trouver même si cela implique la guerre avec le Siam. Mais le gouverneur Yale vous expliquera la situation. Je ne voudrais pas m'avan-cer plus. Toujours est-il qu'Ali Beague a fini par accepter notre promesse pour ensuite, le gredin, exiger également l'argent de la rançon. Nous avons jeté une échelle de corde au fond de la fosse, mais vous étiez trop affaibli pour y grimper. Ali Beague a alors fait descendre un de ses Rajputs qui vous a mis sur ses épaules et vous a remonté. Vous étiez à peine conscient quand nous vous avons amené à bord et nous avons dû vous nourrir très progressivement. Vous avez dormi plus de vingt-quatre heures. Vous devez de nouveau avoir faim.
    — Merci. Je mangerais bien un petit quelque chose.
    — Je vais voir ce que le cuisinier peut vous préparer en vitesse, monsieur. » Fownes disparut dans l'entrepont.
    Ivatt s'allongea de nouveau sur son lit de coussins et s'abandonna au roulis du bateau. C'était donc Coates qui avait tiré sur la ville ! Et le scélérat s'était échappé pendant que Yale échangeait sa liberté contre la promesse de lui substituer Coates. Mais pourquoi ? Qui était-il, lui, Thomas Ivatt, aux yeux du gouverneur de Madras, pour que celui-ci payât une grosse somme pour sa libération ? Elihu Yale devait avoir ses raisons. Ce n'était pas un imbécile. Il avait la réputation d'être un fin stratège et d'obtenir des résultats. Ce n'était pas sans raison que ce rude Américain des colonies s'était élevé de simple clerc au poste de gouverneur. Ivatt ne se rappelait plus s'il venait du Massachusetts ou du Connecticut ; toujours est-il que le bureau siamois de la Compagnie anglaise des Indes orientales avait été récemment placé sous la juridiction de Madras. Peut-être cela avait-il à voir avec l'attitude de Yale. Après tout, Ivatt était le représentant du Siam dans la région. Quels plans Yale avait-il en réserve ? On disait qu'il ne pouvait pas voir Phaulkon en peinture.
    Ivatt arrangea le coussin derrière sa tête. Il allait avoir besoin de ses forces pour cette rencontre. Yale ne manquerait pas d'exiger impitoyablement son dû en échange du paiement de la rançon. Ivatt aurait souhaité en savoir plus à son sujet que d'interminables potins. Apparemment, il se targuait d'utiliser un jour sa fortune, qui ne faisait que croître, pour fonder une université dans son Amérique natale, une université aussi célèbre qu'Oxford et qui porterait son nom. On disait qu'il avait déjà amassé une immense richesse dans le commerce privé, signe certain qu'il ne s'en était pas tenu au droit chemin.
    Le gouverneur Yale avait aussi une réputation de don Juan. Il avait épousé la veuve Hymmers quelques mois à peine après la mort du vieil homme. Ivatt avait rencontré Joseph Hymmers quand il était commandant en second à Madras, et il se rappelait très bien avoir vu son épouse Catherine, une femme d'une beauté inoubliable. Mais cela remontait à environ six ans. Plus récemment, des plaisantins avaient fait courir le bruit que le gouverneur Yale entretenait une maîtresse, qui n'était autre que la célèbre Jero-nima do Paiba, ravissante juive portugaise qui était la coqueluche de Madras. Ivatt sentit une onde de chaleur envahir son corps. Voilà quelqu'un qu'il aimerait rencontrer ! Il songea avec un sourire qu'il commençait à récupérer.
    Il ferma les yeux et bientôt, bercé par les mouvements du bateau, sombra dans un profond sommeil.
    Quand on réveilla Ivatt, le deux-mâts de la Compagnie avait déjà jeté l'ancre à Madras et une barque à fond plat l'attendait pour l'emmener à terre. Il prit congé de Fownes en le remerciant abondamment de l'avoir secouru à temps, et monta avec précaution dans l'embarcation. Une longue plage dorée, frangée de palmiers, s'étendait le long de la côte ; derrière, les murs crénelés du fort St George se dressaient comme quelque ange gardien. Madras, sur la côte de Coromandel, était le siège du plus grand monopole jamais créé par l'homme : la Compagnie anglaise des Indes orientales. Des gueules de canons jaillissaient des fortifications

Weitere Kostenlose Bücher