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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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pour rappeler aux observateurs la puissance de la couronne anglaise, et des sentinelles en uniforme bleu et rouge vif, dont les baïonnettes reflétaient la lumière du soleil, patrouillaient sur les remparts. L'Union Jack, visible de loin, flottait au sommet d'un long mât blanc.
    Le bateau accosta. Ivatt mit pied à terre avec pour seule possession la chemise qu'il avait sur le dos. Il regarda autour de lui et remercia Dieu d'être encore en vie. Se détachant sur le fond imposant du fort, toute l'activité grouillante et colorée de l'Asie défila devant ses yeux : des indigènes pieds nus et entur-bannés poussaient vaches et chèvres par les rues de la ville, des enfants nus étaient assis à califourchon sur des bœufs aux yeux chassieux, des garçons haletants tiraient dans leur pousse-pousse des potentats à la peau brune, à la robe blanche flottante et à large ceinture, des paysannes en sari éclatant portaient des jarres de terre cuite en équilibre sur la tête, des charmeurs de serpents à demi nus jouaient de la flûte. C'était vraiment le point de rencontre de l'Orient et de l'Occident. Sinuant lentement devant d'élégants officiers de cavalerie pour s'engager sur le pont qui conduisait au fort même, s'avançaient des caravanes d'éléphants ornés de guirlandes multicolores et de chameaux à l'air indigné, croulant sous les provisions destinées aux résidents. Les Anglais étaient peut-être loin de chez eux, mais ils vivaient comme des princes dans leur pays adoptif.
    Accompagné par un des officiers du bateau, Ivatt passa la porte principale du fort. C'est alors qu'une sonnerie de trompettes et de clairons s'éleva dans les airs pour annoncer le passage du gouverneur. Son Excellence ne se déplaçait jamais sans son escorte, même pour aller d'un bâtiment à l'autre à l'intérieur du fort. Il voyageait partout avec le faste dû à son rang : à l'extérieur du fort, dans la ville indigène, le son familier du clairon inspirait crainte et respect. Ivatt vit l'escorte disparaître à l'intérieur de l'imposante église Sainte-Marie qui était encore en construction la dernière fois qu'il était venu.
    Devant la maison du gouverneur, une sentinelle salua Ivatt. L'offcier qui l'accompagnait lui dit qu'il était attendu et qu'il trouverait dans ses quartiers tout ce dont il avait besoin : vêtements de rechange, linge et affaires de toilette. Son Excellence le gouverneur le recevrait à 6 heures précises. Un majordome vint pour lui montrer sa chambre, et l'officier repartit.
    « Bienvenue à un revenant, monsieur Ivatt », dit le gouverneur Yale. Il s'exprimait avec un accent particulier, traînant, qui évoquait le parler du sud-ouest de l'Angleterre.
    « Merci de m'en avoir fourni les moyens, Votre Excellence. »
    Les deux hommes s'observèrent un instant en silence. Ivatt se rendit compte qu'il devait avoir une drôle d'allure dans sa chemise trop grande, mais il avait l'habitude de voir son petit gabarit surestimé : il mesurait à peine cinq pieds. Par contraste, le personnage de l'autre côté du bureau était assez corpulent, avec des joues rebondies, un ventre proéminent et un début de double menton. Yale avait un long nez qui faisait croire que ses yeux étaient plus rapprochés qu'ils ne l'étaient en réalité, et l'ample perruque qu'il portait malgré la touffeur des tropiques dénotait un certain attachement à l'étiquette, un orgueil de la fonction, un goût pour les signes extérieurs du pouvoir. Il émanait de sa personne, tirée à quatre épingles, un air de confiance et d'autorité que renforçait la mine sévère des précédents gouverneurs dont les portraits s'alignaient sur le mur derrière lui. Sur son bureau, une large plaque en argent occupait la place d'honneur : le blason de la Compagnie anglaise des Indes orientales, trois bateaux sur un écu surmontés de deux lions rampants. Ivatt estima que Yale devait friser la quarantaine.
    « Je suis heureux de vous accueillir au fort St George et de vous offrir l'hospitalité de l'honorable Compagnie. Je crois que nous avons eu autrefois le privilège de vous employer ici, avant que vous n'offriez vos services à une puissance étrangère. »
    Ivatt inclina cérémonieusement la tête sans faire de commentaire, même si l'allusion à sa déloyauté ne lui échappa pas.
    « Puisque vous n'êtes plus à notre service, monsieur Ivatt, et qu'il ne me viendrait pas à l'esprit de vous demander de payer votre gîte et votre

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