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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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tête. »
    La salle d'audience, cette fois encore vide de la foule habituelle de mandarins, résonna de la respiration sifflante et des quintes de toux qui étaient récemment devenues une constante des rencontres de Phaulkon avec le Maître de la Vie. Il attendit patiemment que l'embarras du roi eût pris fin.
    « Eh bien ! Vichaiyen, comment se sont passées la réception et le banquet ? Avez-vous réussi à garder le contrôle de cette grande armée de farangs que vous avez si involontairement invitée ici ?
    — Auguste et Révéré Souverain, moi, un cheveu de votre tête, j'ai le plaisir de vous annoncer que tout s'est passé comme prévu. On a fait savoir de façon claire à tous ceux qui étaient présents que les Français sont les bienvenus chez nous et que leurs commandants doivent allégeance au Seigneur de la Vie aussi longtemps qu'ils resteront sur le sol siamois.
    — Bien. Etes-vous plus avancé en ce qui concerne leurs intentions ?
    — Puissant Seigneur, leurs intentions semblent être en général celles que nous avions présumées, mais ce qui est bien ressorti du banquet, ce sont les différences marquées qui existent entre les tempéraments et par conséquent les priorités de leurs chefs. Le directeur du commerce, Cébéret, visiblement pragmatique, s'intéresse davantage aux concessions commerciales qu'à la conversion de Votre Majesté, tandis que La Loubère est obstinément déterminé à obtenir ce qu'il juge être l'objectif principal de sa mission. Il sera plus difficile à manipuler. C'est aussi un intellectuel qui considère comme de son devoir de consigner pour la postérité les mœurs de notre... euh...
    — Société païenne ? suggéra Sa Majesté. Si telles sont ses inclinations, nous devrions nous empresser de les satisfaire. N'importe quoi plutôt que de l'entendre nous rebattre les oreilles de ses croyances. Pourquoi ne pas lui envoyer Kasem et Sarit avec un interprète ?
    — Auguste Seigneur, je reçois vos ordres. Votre sagesse ne connaît pas de limites. »
    C'est vrai, se dit Phaulkon. Quelle idée de génie ! Personne ne connaissait plus à fond le pays que ces deux officiels du ministère du Commerce. S'il y avait eu des universités au Siam, ils auraient certainement détenu la chaire des affaires siamoises. Les choses étant ce qu'elles étaient, toutes les études se faisaient au sein des temples, car les enseignements du Seigneur Bouddha couvraient tous les aspects de la vie.
    « J'enverrai chercher Kasem et Sarit dès que l'ambassadeur sera installé dans ses nouveaux quartiers, Votre Majesté.
    — Quel est le tempérament du général français, Vichaiyen ?
    — Auguste Seigneur, moi, un simple cheveu, je suspecte qu'il est plus bouillant en paroles qu'en actions. Pendant le banquet, il a évoqué sa mission en termes nobles et élevés, mais il a rarement quitté les servantes des yeux. Je pense qu'il ne devrait pas être trop difficile de réorienter sa bravoure affichée vers des fins plus pacifiques. » Un gloussement asth-matique émana du balcon royal. « Le général ne s'est pas encore complètement remis de sa maladie, poursuivit Phaulkon. En fait il est retourné sur son bateau peu après le banquet. Il a envoyé quelques ingénieurs accompagnés d'une poignée d'officiers pour travailler sur les fortifications, mais le gros de ses hommes attend pour débarquer que les logements soient prêts.
    — Et quand le seront-ils ?
    — Puissant Seigneur, demain ou après-demain au plus tard.
    — Bien. Nos troupes sont-elles déjà au fort comme nous l'avons demandé ?
    — Oui, Auguste Souverain. Moi, un grain de poussière sous la plante de votre pied, j'ai donné ordre au général Petraja de recevoir les farangs avec la plus grande civilité. Je crois qu'il a quelques difficultés à s'accommoder de la présence de forces étrangères si importantes, Votre Majesté.
    — Aucun soldat n'aime avoir l'ennemi à l'intérieur de ses rangs, Vichaiyen. Et nul doute que le général considère les Français comme ses ennemis. »
    Ne souhaitant pas en dire davantage au sujet de Petraja, Phaulkon resta silencieux. Le roi, après tout, était redevable au général d'avoir hébergé pendant toutes ces années son bon à rien de fils, Sorasak. Ce garçon était un scélérat né d'une brève liaison avec une paysanne du Nord pendant que Sa Majesté dirigeait les campagnes en Birmanie. Quand, neuf mois plus tard, un balluchon avait été respectueusement

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