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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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mots.
    « Mais les rubis étaient-ils vraiment faux ? demandait White.
    — Non ! » s'écria Yale. Ivatt entendait mieux l'Américain désormais. « Le seigneur Phaulkon a prétendu que les conseillers du roi les avaient refusés parce qu'ils étaient de qualité inférieure. Entre vous et moi, Samuel, je pense que le Barcalon cherche à discréditer mon frère. Ils ne s'aiment guère, vous savez. De toute façon, Phaulkon a refusé les rubis au nom de Sa Majesté et demande à être remboursé intégralement. »
    Ces deux-là ont assurément l'air d'être en termes très intimes, se dit Ivatt en pressant un peu plus son oreille contre le mur.
    « Mais si Phaulkon n'avait pas confiance dans votre frère, pourquoi lui avoir envoyé l'argent à l'avance pour lui procurer des rubis ?
    — Afin de le discréditer ensuite. C'était un piège, j'en suis sûr.
    — Mais maintenant vous avez les rubis et l'argent, s'écria White ; c'est vous qui détenez toutes les cartes.
    — Pas vraiment. Je crois que Phaulkon compte sur le fait que mon frère refusera de rembourser. Le Barcalon aura alors l'excuse dont il a besoin pour discréditer la Compagnie anglaise tout entière, ignorant de façon opportune que mon frère agissait dans cette affaire à titre privé, en dehors de la Compagnie. Le Grec saisira l'occasion pour persuader le roi d'unir sa destinée à ces maudits Français. Déjà ces sangsues ont envoyé à Ayuthia une ambassade spectaculaire, pleine de pompe française et de fausses promesses. Ils ont même installé toute une armée dans le fort de Bangkok.
    — Quelle armée ? De combien d'hommes parlez-vous ?
    — Il y a apparemment au moins cinq cents soldats dans le fort. Tout le monde en parle. J'en ai moi-même vu un grand nombre. Les dés sont jetés, Samuel. »
    Il y eut un moment de silence avant que la voix de White ne poursuivît : « Constant ne nous remplacera jamais par des Français. Il nous a tous nommés lui-même.
    — Peut-être l'a-t-il fait parce que cela lui convenait à l'époque. Mais les circonstances changent, Sam. »
    Il lui donne du Sam, maintenant, remarqua Ivatt. Décidément très intime. Mais qu'est-ce que c'était que ces histoires d'armée française ?
    « Qu'essayez-vous de me dire ? demanda White.
    — J'essaie de vous prévenir de partir pendant que les circonstances le permettent. Dès l'instant où il n'aura plus besoin de vous, Phaulkon vous écartera ainsi que Burnaby et tous les autres Anglais qui sont ici. Et cet instant est venu. Quittez Mergui avant que les Français ne s'en emparent et ne vous jettent dehors — ou en prison. Vous avez eu du bon temps ici. Vous êtes riche, reconnaissez-le. Nous n'ignorons rien de vos activités dans le golfe.
    — Quelles activités ? demanda White sur un ton un peu trop agressif.
    — Allons ! Sam, vous savez de quoi je veux parler.
    — Non. A moins que certains de mes capitaines n'aient outrepassé leur pouvoir à mon insu. »
    Yale éclata de rire. « C'est le moins qu'on puisse dire. Mais cela ne change rien à mon conseil. Partez quand il en est encore temps. »
    Il y eut un silence. « Vous voulez que je quitte Mergui pour pouvoir vous en emparer vous-même, n'est-ce pas ?
    — Oui, avant que les Français ne le fassent. Pour l'amour du ciel, ne préférez-vous pas voir Mergui aux mains des Anglais ? »
    Il n'y eut pas de réponse.
    « Ouvrez les yeux, Samuel. Le roi Louis a envoyé une armée ici. Croyez-vous qu'ils aient voyagé six mois pour prendre des vacances ? »
    Le cœur d'Ivatt se mit à battre à tout rompre tandis qu'il attendait la réponse. L'affaire était sérieuse. Si Mergui tombait aux mains des Anglais et s'ils déclaraient ensuite la guerre au Siam... Des pas résonnèrent dans le couloir. Ivatt, maudissant sa malchance, fut obligé de regagner son siège à pas de loup.
    La porte s'ouvrit et Davenport entra avec un plateau. « Votre thé, seigneur Ivatt. Je crains que le seigneur White ne soit encore en conférence. Puis-je vous en verser une tasse ?
    — Merci.
    — Vous permettez que je me joigne à vous un instant, monsieur ?
    — Je vous en prie », dit Ivatt, masquant son irritation. Il remarqua qu'une seconde tasse se trouvait déjà sur le plateau.
    « Je voudrais vous parler en confidence. »
    Davenport marqua un temps, prit une autre chaise en bambou et s'assit en face d'Ivatt. « Je suis très impatient de regagner mon poste à Madras, monsieur. Je n'ai jamais officiellement donné ma

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