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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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trois jours.
    — Entendu et merci, monsieur Davenport.
    — Mon Seigneur, quand vous parlerez à Son Excellence le seigneur Phaulkon, ne manquez pas de lui dire d'où vous tenez tous vos renseignements. Je veux dire au cas où il y aurait une ouverture à Ayu-thia...
    — Soyez sûr que je n'y manquerai pas. En attendant, monsieur Davenport, gardez les yeux bien ouverts et dressez l'oreille. Plus vous nous fournirez de renseignements, mieux votre cause sera entendue.
    — Je comprends, mon Seigneur. Comptez sur moi. »
    Raccompagné par Davenport, Ivatt sortit par la porte de derrière.
    20
    Tuk éprouva un léger tremblement intérieur en voyant la horde des farangs s'abattre sur elle et ses collègues. Frisson non seulement dû à la peur de l'inconnu mais aussi à une certaine excitation. Elle n'avait encore jamais reçu de farang. En fait, bon nombre des filles présentes aujourd'hui n'avaient jamais vu ni a fortiori connu de farang.
    Tuk était l'étoile du monde flottant de Khun Pra-teep, et si les goûts de ces imposants visiteurs s'apparentaient à ceux de son peuple, il était à prévoir que plusieurs convergeraient vers elle. Son propre bateau se trouvait au centre même, ainsi qu'il convenait à la reine du monde du plaisir.
    Elle frissonna de nouveau. Ces géants à l'ossature épaisse seraient-ils doux avec elle ou l'écraseraient-ils sous leur poids ? La paieraient-ils généreusement pour ses services ou attendraient-ils qu'elle se donnât à eux gratuitement, par hospitalité ? Elle se réprimanda d'être si sotte. Bien sûr qu'ils ne la paieraient pas ! La belle émissaire du palais qui se faisait appeler dame Sunida leur avait expliqué à toutes qu'elles seraient généreusement rémunérées par le bureau de l'honorable Pra Klang et qu'elles ne devaient en aucun cas réclamer de paiement aux farangs. Elles devaient au contraire faire preuve d'une pudeur certaine et ne se soumettre que graduellement. Les farangs devaient être amenés à croire que c'était leur charme irrésistible qui avait séduit les filles.
    Cependant, songea Tuk avec nostalgie, il y aurait peut-être un pourboire ou deux si elle s'acquittait bien de sa tâche. Et le Seigneur Bouddha savait combien l'argent était toujours utile ! Ses grands-parents étaient encore en vie, sa mère trop malade pour travailler et son père était mort de la petite vérole quand elle était encore enfant. Elle avait sept frères et sœurs et elle était la troisième de six filles. Comme elle était la plus jolie de toutes, il lui incombait de s'occuper de sa famille. Elle avait quitté son village de Nakon Panom à l'âge de quatorze ans, accompagnée par les larmes et les espoirs de sa famille, et avait voyagé six jours jusqu'à la lointaine capitale, Ayuthia, où sa mère avait une cousine éloignée qui, disait-on, avait des relations. Par son intermédiaire, on espérait que la beauté de Tuk attirerait l'œil de quelque riche mandarin.
    Elle avait bel et bien attiré leur attention mais pas de la façon prévue. Trois ans à peine après avoir quitté la maison, elle était la favorite de plusieurs mandarins dont l'un appartenait même à la première classe. Il lui rendait régulièrement visite au bordel flottant. La cousine éloignée l'avait présentée à une dame qui, lui avait-elle assuré, avait le bras long et des relations. De l'argent, dont Tuk n'avait pas vu le moindre salung, avait été échangé, et on l'avait emmenée à Samut Songhkram. Le choc avait d'abord été violent, mais elle était âgée de quatorze ans, seule, au loin et sans amis ; elle avait été forcée de regarder la réalité en face et de fortifier sa résolution.
    La vieille maligne de mamasan, découvrant le potentiel de la jeune fille, loin de se montrer cruelle, l'avait traitée comme sa préférée. Tuk avait écouté attentivement les conseils de Khun Prateep et les avait ensuite adaptés à son expérience grandissante des hommes. Bientôt, elle gagnait plus qu'elle ne l'aurait cru possible en toute une vie et envoyait des sommes suffisantes pour nourrir toute sa famille. Les regrets éprouvés à l'origine devant la source de ses revenus s'effacèrent devant le plaisir qu'elle ressentait chaque fois qu'elle pensait au confort qui allait entourer ses grands-parents et sa mère malade dans leurs vieux jours. Elle ne divulgua jamais dans ses lettres la vraie nature de ses gains. Ses grands-parents mourraient heureux en croyant que leur

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