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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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le transfert de leur capitale de Sukhotai vers le sud, à Ayuthia.
    Comme les premiers marins européens, les Portugais, avaient dû s'émerveiller à cette vue ! se dit Ivatt à mesure que le groupe d'îles recouvertes de collines boisées se rapprochait. Vasco de Gama avait changé la face du monde en cette année fatidique de 1497 où il avait pour la première fois doublé le cap de Bonne-Espérance et ouvert un autre continent aux vastes richesses et d'une immense diversité de cultures anciennes : l'Asie. C'est alors que Venise, la reine occidentale des mers, s'était vu détrôner. La découverte portugaise avait révolutionné l'histoire politique, commerciale et sociale de toutes les nations asiatiques à mesure que les puissances européennes faisaient assaut de cupidité et de convoitise pour conquérir une partie de leurs rives lucratives.
    Presque deux siècles plus tard, la puissance du Portugal était en déclin. La Compagnie anglaise des Indes orientales, dont les bastions jalonnaient les voies commerciales maritimes de la Perse au golfe du Bengale, rivalisait avec la Compagnie néerlan-daise des Indes orientales dont le siège se trouvait à Batavia, dans l'île de Java, et qui défendait un empire néerlandais tentaculaire.
    Ivatt frissonna. Dire qu'une guerre entre l'Angleterre et le Siam, impensable il y a seulement un mois, était maintenant une réelle possibilité, sans parler de la guerre entre l'Angleterre et les Provinces-Unies ! Il faudrait traduire Coates en justice et dédommager entièrement Demarcora, Golconde et les Hollandais. Mais Phaulkon y consentirait-il ? Les sommes impliquées n'étaient guère sans conséquence. Comment Phaulkon les justifierait-il au roi ou motiverait-il une telle saignée du Trésor siamois ? Réglerait-il les dommages sur ses vastes ressources personnelles ? Le roi accepterait-il jamais l'humiliation, la perte de prestige entraînées par le fait de devoir reconnaître la conduite dégradante d'un officier de marine à son service ?
    Quoi qu'il advînt, Ivatt savait qu'il lui fallait rejoindre Phaulkon à Ayuthia le plus vite possible. Avec son génie pour la diplomatie, il trouverait peut-être une solution.
    Ivatt avait traversé le golfe en un temps record de dix-neuf jours, grâce à la rapide frégate fournie par Yale. Il s'arrêterait à Mergui juste le temps d'organiser son transport par voie de terre — canoës, porteurs, éléphants — et pour voir quels renseignements supplémentaires il pouvait glaner sur les activités de Samuel White. Des rumeurs devaient certainement circuler à Mergui. Deux jours lui suffiraient et, si les pluies avaient cessé, il pourrait faire le trajet jusqu'à Ayuthia en dix ou douze jours.
    Le littoral au-delà des îles était désormais visible. Au moment où la frégate doublait une grande île en fer à cheval parsemée de cascades étincelantes, Ivatt fut cloué sur place. A tribord, à l'abri d'un golfe majestueux, un beau trois-mâts était à l'ancre. Sa forme avait quelque chose d'étrangement familier. Comme il battait pavillon siamois, il était possible qu'il l'eût déjà vu à Madapolam. Mais quelque chose le gênait. Il ne pouvait en détacher ses yeux. A en juger d'après l'activité régnant à bord, il venait juste d'arriver.
    « Quelle merveille, n'est-ce pas, monsieur ? » Le lieutenant Simpson s'avançait vers lui sans se presser. Il leva sa longue-vue et siffla entre ses dents.
    « Pouvez-vous lire son nom ? demanda Ivatt.
    — J'étais justement en train de regarder, monsieur, mais les lettres semblent effacées. Très bizarre. On s'attendrait à ce qu'un bateau de ce calibre soit plus soigné.
    — Vous permettez ? »
    Ivatt lui emprunta son instrument. Les lettres étaient bel et bien obscurcies, presque invisibles. Il plissa les paupières. Il semblait y avoir deux mots. Puis le vent fraîchit et l'angle de vision changea. Le soleil couchant illumina ce qui restait du nom. Ivatt retint son souflle. On apercevait juste le mot « Nouvelle ». Il y avait un autre mot qui semblait avoir été effacé. Son cœur battit plus vite. Bien sûr qu'il connaissait ce bateau, même s'il ne l'avait vu qu'une seule fois, et de nuit. C'était La Nouvelle-Jérusalem ! Coates devait être complètement fou pour l'avoir conduit à Mergui. Il avait assurément mis le temps pour arriver jusqu'ici. Qu'avait-il fait dans l'intervalle ? Ivatt frémit rien que d'y penser. Il jeta un dernier regard au grand navire

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