Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'épervier de feu

L'épervier de feu

Titel: L'épervier de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
Manqué.
    Passé la jubilation des coups meurtriers, il s’accusait de présomption et s’indignait d’avoir tenté l’impossible : il n’était pas Shirton et ne le serait jamais.
    — Reculons, décida-t-il.
    L’ombre les dissimulait, Étienne et lui. Il vit les malandrins hésiter.
    — En avant ! hurla Franque-Vie. Son carquois est vide !
    Une flèche vrombit, attestant le contraire.
    — Allons, couards que vous êtes ! Je double votre paie… Vengeons nos morts !
    Le drapier apparut sur le seuil du donjon, suivi de près par ses mercenaires.
    — Reculons, Étienne…
    Quatre pas : ils seraient sous la herse et l’assommoir. Trop attentifs à ce qui se passait devant, aucun d’eux ne lèverait les yeux vers la voûte.
    — Courage, Étienne.
    Les paroles d’Ogier s’étranglèrent. Il souhaita de tout son cœur, de toutes ses forces, de toute sa foi que l’inconnue fût en haut, prête à manœuvrer les machines. Son visage s’enflamma et son sang le brûla quand il vit, dans la pénombre, la première lueur d’une épée.
    Il jeta son long bow loin de lui, dégaina Confiance et se tint prêt. Le fourreau vide, contre sa cuisse, et dans son dos le carquois demi-plein lui seraient une gêne. Il la supporterait.
    « Que saint Michel et notre belle dame nous accordent leur secours ! »
    Un homme se précipita, tenant à deux mains son épée ; puis un autre qui soulevait la sienne en signe de victoire, et enfin Franque-Vie. Les deux suivants, prudents, en retrait, se consultaient du regard quand soudain, les yeux exorbités de plaisir et de merveillement, Ogier vit choir sur eux, dans un roulement énorme, l’avalanche qu’il souhaitait.
    — L’assommoir, Étienne. Pourvu, maintenant, qu ’elle ne touche pas à la herse…
    Il y eut des hurlements funèbres sous la voûte ; quelques grosses pierres rebondirent et se rompirent. Le grondement se répandit dans tout le donjon, effrayant les chevaux qui hennirent et sabotèrent autant que leurs entraves le leur permettaient. L’écho et le silence alternèrent avec les cris des mourants et, bientôt, le cliquètement des lames.
    — Il n’en reste que trois, Étienne !
    Ogier sentait son cœur soulevé d’allégresse. D’emblée, Franque-Vie s’était jeté sur lui. Il savait manier une épée. Maître Voivenel, l’hôtelier d’Abbeville, n’avait point exagéré ses mérites.
    — Tu vas mourir. Ça t’apprendra à rober une femme !
    Ogier détourna un taillant à l’épaule. Franque-Vie le renouvela, grognant en assenant son coup avec une lenteur qui en contrariait l’efficacité.
    — En as-tu trop de deux, Étienne ?
    — Non… Point pour le moment. Occis ton homme et rejoins-moi !
    Impossible de regarder du côté de Barbeyrac. Impossible de lui venir en aide.
    — De l’ose [92] , Argouges !… Montrons-leur qui nous sommes !
    Grâce à sa longue épée, Franque-Vie valait bien deux hommes à lui seul. Sous l’effet d’un accès de rage, perdant toute prudence, il manœuvra en grands taillants répétés qu’Ogier détourna sans mésaise. Il suffisait de parer promptement et de repousser l’homme vers les pierres qui venaient d’écraser ses compères. Alors, il trébucherait et tomberait.
    « Difficile… C’est plutôt lui qui me pousse ! » Franque-Vie ne sentait pas le poids de son haubert. Ni celui de son arme qui, sans doute, avait été forgée en Écosse : une longue prise où les deux mains étaient à l’aise ; des quillons droits, fortement abaissés, une lame à deux tranchants [93] . Les routiers de Knolles en maniaient quelques-unes.
    « Quelle vergogne, en vérité, si tu mourais sous les coups d’un drapier ! »
    — Courage, Ogier ! hurla Barbeyrac. N’aie de crainte pour moi !
    Ne pas répondre. Essayer d’en finir promptement. Il redoubla ses coups au moment où son adversaire en faisait autant. Non, non : un manant fortuné ne pouvait point l’occire. Trêve. Les corps penchés ; les yeux dans les yeux. Franque-Vie avait une face blême, tendue, baveuse. « Et moi ? » Il s’époumonait. Il sentait sa chair le picoter ; ses cheveux se poissaient sur son front. La cicatrice de son oreille lui faisait mal, soudain, comme si, derechef, une sagette venait d’en entamer un morceau. Vaincre ce malfaisant !… Il se sentait de pauvres muscles. Sa salive, rare, devenait plâtre. Bouche en flammes. Elle s’ouvrit à la recherche d’un air frais,

Weitere Kostenlose Bücher