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L'épervier de feu

L'épervier de feu

Titel: L'épervier de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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bienfaisant.
    « J’ai perdu des forces, à Bunbury ! Je vais devoir m’exerciser comme autrefois… À moins que je ne sois atteint de la morille… Non ! Non ! »
    Une face tordue oscillait devant lui. Confiance frappait, fauchait avec une espèce de vaine démesure. Franque-Vie s’ébaudit :
    — As-tu fini, coquin, de trancher du vide ?
    Brusquement, une forme blanche jaillit dans l’ombre.
    L’inconnue abandonnait l’escalier d’accès à l’assommoir.
    « Pourquoi n’a-t-elle pas attendu que nous en ayons fini ? »
    Franque-Vie flaira cette présence étrangère. La jouvencelle allait s’enfuir dans la cour quand il l’entrevit.
    Laissant son adversaire ébaubi par sa reculade, le mari de Rosamonde courut vers la jeune fille.
    — Ah ! putain… C’était toi !
    Détachant un taillant formidable, il atteignit la fugitive de plein fouet et s’aperçut alors qu’elle n’était pas son épouse.
    La jouvencelle chut sans une plainte. Sur son col s’étalait une tache vermeille. Ogier gronda comme un fauve blessé.
    — Saligot !
    — Rosamonde ou pas, j’ai fait justice. À toi, maintenant !
    Franque-Vie attendait la charge de pied ferme. Ogier fut sur lui. En opposant Confiance, acier plat contre tranchant, il sentit les vibrations du heurt lui entrer dans le bras, dans le corps.
    — Je vais te châtier ! Te réduire en charpie !
    Ogier poussa, tailla avec tant d’à-propos que le drapier dut reculer. Il trébucha sur le corps de sa victime, l’enjamba, donna un coup de pied dedans.
    « Morte ?… À Dieu plaise qu’elle n’ait pas trépassé ! »
    Ogier étouffait de haine. Il entendit cliqueter les épées d’Étienne et de ses adversaires sans pouvoir discerner si son compère savait aisément résister.
    Il recula volontairement. Pour rejoindre Étienne. Un « Ah ! » lui apprit qu’un des agresseurs était blessé.
    Il descendit un degré, un autre. Il se trouvait sur le seuil du tinel. Les Neuf Preux l’observaient de leurs grands yeux de pierre.
    « Recule encore… Il s’agite un peu trop ! »
    Le sang martelait les tempes d’Ogier. Il écumait. Il avait envie de hurler. La prise de Confiance suait dans ses paumes. Parfois, ses jarrets tremblaient ; ses genoux le cuisaient. Quelles que fussent la vigueur et l’astuce de ses attaques, le drapier les repoussait. Muet, rieur, attentif, il savait avancer puis se dégager, rompre encore et encore et tout à coup lancer un taillant effréné.
    Ogier commençait à connaître et à prévoir ces gestes violents qui fatiguaient visiblement son adversaire aux coudes, aux épaules et surtout aux avant-bras. Il répondait à la roideur par la souplesse, à la fougue par la raison, au taillant par une esquive. Chacune de ses dérobades était suivie d’une attaque. Acier contre acier, volonté contre volonté. À un coup d’allonge que lui détachait Franque-Vie, il répondit par une estocade au ventre puis recula vivement.
    Pour son malheur, le mari de Rosamonde voulut aussitôt affirmer sa suprématie par un fendant des deux mains sur le dessus du crâne. Mal lui en prit : sa lame manqua son but ; l’épaule d’Ogier s’esquiva tandis que Confiance partait en avant, prompte comme une flèche. Son estoc pénétra dans les mailles treslies, rompit, dériveta les anneaux de fer, suivi d’un bon pied d’acier qui trancha au passage et le cœur et la voix.
    Franque-Vie ouvrit la bouche, écarquilla les yeux ; ses mains lâchèrent son arme ; ses bras battirent. Il tomba sur les genoux tandis que Barbeyrac, qui bataillait avec ardeur tout en reculant, trébuchait sur son corps et risquait de tomber.
    — Il n’en reste qu’un, Ogier, mais il sait estiquer [94] .
    — Je te l’abandonne.
    Ogier courut jusqu’à la jouvencelle. Il s’agenouilla, la serra dans ses bras.
    — Damoiselle !
    Le corps restait inanimé. Du sang poissait les cheveux blonds, l’épaule. De la bouche serrée sur un cri, une plainte, un peu de sang coulait. Les yeux le regardaient avec une expression curieuse.
    — Parlez ! l’adjura-t-il cependant qu’un cri de douleur et de rage retentissait : l’adversaire de Barbeyrac tombait, touché à mort.
    Une ombre ; un souffle précipité.
    — Tu vois bien, compagnon, qu’elle vient de dévier !
    Elle avait conservé son nom et son secret.
    Ogier leva enfin les yeux vers Barbeyrac dont le visage convulsé exprimait davantage de souffrance que de malerage. Son épaule

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