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L'épervier de feu

L'épervier de feu

Titel: L'épervier de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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disposé à lui venir en aide.
    — Pour que ce châtelet recouvre sa sérénité, il me faut, il nous faut du secours !
    Il avait crié. Barbeyrac secoua sa tête furibonde :
    — Marmouserie [86]  !… Qui, en dehors de Dieu, pourrait suppléer au trépas de Saveuse ?
    — J’ai entrevu cette nuit une blonde et belle alliée.
    — Tu es fou et désespérant !
    — Je suis fou d’espérance et voudrais que tu le sois aussi. Va réveiller Rosamonde… Ne perdons plus de temps… Je remonte là-haut pour épier nos ennemis… Dommage que je n’aie pas, à ma disposition, une gerbe de sagettes ! Je vais devoir vider tout mon carquois.
    Il parlait toujours plus haut qu’il n’était nécessaire. Barbeyrac le quitta. Du bout de son index, il se frappait le front.
     
    *
     
    Les hommes de Franque-Vie ne se dissimulaient pas. Lorsque trois d’entre eux eurent fait le tour de l’enceinte à la recherche d’une poterne ou d’une brèche favorable à une incursion, ils se réunirent autour de leur chef qui, cédant aux effets de la déconvenue, menaça de son poing la muraille.
    — Évidemment, dit Ogier suffisamment haut pour qu’il fut peut-être écouté, ils n’ont rien découvert. Dès que le pont sera baissé, ils accourront. Nous combattrons pour sauver une dame dont ni Étienne ni moi ne sommes épris !
    Il tressaillit. Quelque chose venait de choir sur le sol. Quelque chose qu’on avait jeté par l’unique fenêtre de l’étroite courtine comprise entre les tours portières.
    Ogier se pencha, les yeux écarquillés.
    — Deux pleins carquois de sagettes !
    Elle l’avait entendu. Il s’en réjouit : tout commençait selon ses vœux. Crier sa gratitude eût été chose vaine. La Providence que le blond fantôme incarnait se manifestait avec une opportunité qui participait du miracle.
    — Je crois en vous, dit-il, autant qu’en Notre-Dame…
    Qu’elle l’écoutât ou non, peu importait. Elle lui avait fourni la conviction qu’il survivrait à cette nouvelle épreuve où l’horrible et le bon se mêlaient sans jamais se désassembler.
    Étienne et Rosamonde, échevelée, apparurent. Ils empoignèrent par les pieds la dépouille de Saveuse. Après l’avoir traînée sur le sol boueux, ils l’abandonnèrent dans l’écurie dont Étienne verrouilla les vantaux. Ce fut en s’approchant qu’il vit les deux carquois. Il leva les yeux :
    — Où les as-tu trouvés ?
    — C’est un présent du Ciel. Laisse-les : je les prendrai en descendant. Montre à notre protégée, sans toucher aux instruments, comment on abaisse le pont et comment on le relève.
    — Je ferai de mon mieux, promit-elle. Allons-y, Étienne.
    Ils disparurent sous la voûte du châtelet. Ogier, bientôt, les entendit : leurs voix s’échappaient par l’archère ouverte sur le chemin de ronde. Étienne s’exprimait avec brièveté ; Rosamonde acquiesçait : « Oui, oui. Je saurai. » Elle dit enfin :
    — Quand faudra-t-il relever le pont ?
    — Observez Ogier. C’est lui qui, par deux fois, vous signifiera d’agir.
    — Et s’il en est empêché ? S’il est mort ?
    — Ayez l’œil sur eux, sur nous, par cette baie. Qu’ils ne vous voient pas et croient que Saveuse s’emploie à manier ce treuil.
    — J’y veillerai.
    — Quand tous ces malandrins seront au milieu de la cour, relevez le tablier. Actionnez ainsi la signole. Le touret tournera en sens inverse ; les chaînes s’enrouleront, vous verrez.
    — J’ai peur qu’ils montent jusqu’à moi.
    — Ils ne le pourront pas et… nous avons tous peur. Ce sera un affrontement inégal… Descendez. Quand je serai sorti, verrouillez la porte de l’escalier… Tiens ! ce mur sonne creux. Sans doute existe-t-il un passage secret et un souterrain qui traverse la cour… Allons, Rosamonde !… Obéissez pour votre sauvegarde.
    — Et la vôtre, précisa-t-elle d’une voix presque enjouée. La vôtre aussi, messire.
    — Crois-tu qu’ils vont venir ?
    — Nous le saurons bientôt.
    Prêts à combattre, Étienne et Ogier attendaient l’ennemi sous la voûte enténébrée du donjon. Levant les yeux vers l’embrasure de l’assommoir et de la sarrazine [87] , puis les détournant sur le passage, invisible du seuil, par lequel on accédait à la chambre de la herse [88] , Étienne exprima des doutes sur le fonctionnement d’une machinerie en sommeil depuis longtemps.
    — Tu aurais dû me laisser manœuvrer deux ou trois

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