Les 186 marches
repoussée, l’ennemi subit de lourdes pertes. Plusieurs maisons occupées par les S. S. et autres nazis sont cernées et prises d’assaut. Les prisonniers sont dirigés vers le P. C. Leur compte est réglé ; ils n’assassineront plus. Après cette opération de nettoyage, les détachements soviétiques et espagnols qui défendent le pont et le détachement tchèque qui tient l’embarcadère sont plus à l’aise ; leur arrière n’est plus menacé que par quelques tireurs ennemis dont les coups de feu se font de plus en plus rares et s’éteindront au cours de la nuit. Nous capturons un bateau chargé de vivres et des camions transportant au camp son chargement qui nous sera très utile dans les jours suivants.
– Des équipes rétablissent la liaison téléphonique avec Gusen, où faute d’une organisation disciplinée comme l’A. M. I., quelque vingt mille hommes se trouvent en plein désordre. Les dépôts de vivres ont été pillés. Les Polonais, qui sont la majorité, et quelques kapos particulièrement détestés, ont pris des armes abandonnées par les gardiens et terrorisent le camp. Des bagarres ont éclaté qui ont fait des morts et des blessés.
– Le commandant Miguel demande au téléphone les chefs polonais et leur tient un langage énergique ; ils doivent constituer immédiatement une organisation internationale du camp, partager les armes et assurer l’ordre. C’est à cette condition expresse seulement que des expéditions de vivres suivront la première, déjà partie. Quant à la terreur, ils sont sommés de la faire cesser et seront tenus pour personnellement responsables de la mort des camarades, de quelque nationalité qu’ils soient. Cela mit un terme aux excès. Mais il était trop tard pour enrayer le désordre. Les camions de vivres sont assaillis avant qu’ils ne soient déchargés ; toute autre expédition est suspendue.
– Dans la matinée, la presque totalité des Soviétiques, des Tchèques, des Espagnols, des Français et des Yougoslaves quittent Gusen et viennent se mettre sous la protection de Mauthausen.
– Vers minuit, le commandant Lavin et deux officiers autrichiens sont envoyés à Linz, avec mission d’établir la liaison avec les forces américaines, leur faire rapport sur la situation au camp et faire connaître les positions que nous occupons sur le Danube et dans le secteur de Mauthausen.
– A une heure du matin, le 6 mai, un détachement, parti de Gusen, rencontre des postes avancés américains à quelques kilomètres au nord-ouest de Sankt-Georgen, c’est-à-dire à vingt kilomètres environ du camp. Les Alliés ne poursuivront leur avance que le jour. Il est souhaitable qu’ils ne tardent pas. Le commandement prévoit qu’avec le jour des combats pour le pont vont devenir violents, et les munitions peuvent nous faire défaut. Il reste la suprême ressource de le faire sauter ; des charges ont été posées par les S. S. il y a quelques jours. Mais Miguel ne s’y résoudrait qu’à la dernière extrémité, car il voudrait pour l’A. M. I. l’honneur de le rendre intact aux Alliés. C’est la seule voie qui traverse le Danube entre Linz et Krems, c’est-à-dire sur 135 kilomètres environ. De là son importance stratégique et son utilité ultérieure.
– Le 6 mai à l’aube, quelques responsables de l’organisation espagnole vont visiter nos positions sur le Danube, point névralgique de la défense du camp. Leur voiture est mitraillée ; un occupant est tué, quatre autres sont blessés. Seul Montero est indemne et sa présence au village, où il restera jusqu’à la fin des opérations, renforce la solidité de notre dispositif. Courageux, infatigable, il est partout, donnant des instructions pour le meilleur emplacement des armes automatiques qui, la nuit, avaient été placées près du pont, à des endroits trop découverts. Avec Espi, le jeune chef du détachement qui soutint les premières attaques, il se trouve toujours aux points essentiels menacés, dirigeant le tir, et exaltant, par son prestige et son courage, le moral et l’enthousiasme des combattants.
– Avec le jour, de fortes concentrations ennemies sont observées dans le triangle Enns-Sankt Valentin-Sankt Pantaleon, sur la rive droite. On les identifie, ce sont les anciennes garnisons de Mauthausen et de Gusen, du fait qu’ils n’ont pas d’artillerie ni de chars – heureusement pour nous. Mais on ne s’explique pas leur acharnement à
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