Les 186 marches
l’aryen blond, grand aux yeux bleus, se battra à coups de telex pour que ses unités de Waffen S. S. considèrent comme « bons Allemands » les mercenaires musulmans.
Le second « dada » a pris naissance dans les années de jeunesse : ours d’agronomie, élevage de poulets, vie au grand air avec les « boy-scouts végétariens » de la société Artamane. Avec cette « idée fixe » nous allons retrouver Mauthausen. De ses expériences « naturalistes et diététiques », Himmler a hérité un estomac parcheminé, rongé par les ulcères, noyé par l’acide… Un psychiatre tirerait de sages conclusions de tous ces estomacs ravagés de Hitler, de Himmler, de Gœbbels, Bormann ou Hess, etc.
Pour le Reichsführer S. S., et là nous plongeons dans le paradoxe, le bien le plus précieux de l’Allemagne, en particulier dans le domaine de la nourriture, c’est la tradition saine de l’indo-germanisme – puisqu’elle a façonné la race – qui doit être retrouvée et imposée aux combattants d’abord, au peuple ensuite… mais comme la guerre engloutit toutes les ressources naturelles, il suffit de remplacer ces éléments naturels par des produits synthétiques équivalents. Par un tour de passe-passe génial, en oubliant les contradictions et les oppositions flagrantes, Himmler retombe sur ses pieds. Et tout cela, malheureusement, le plus sérieusement du monde.
Hitler, qui se croit le plus grand architecte du Nouveau Reich, a transposé son rêve dans l’« instrument » Albert Speer ; lui Himmler choisit Ernst Schenck, médecin-chef à l’hôpital de Munich, président de la Société scientifique pour la vie et la thérapeutique naturelles, afin d’expérimenter et d’imposer ses idées les plus réalistes – en temps de guerre – mais aussi les plus folles (récupérer l’alcool en suspension dans les cheminées des boulangeries).
Le 12 août 1942, Himmler adresse à Oswald Pohl, administrateur de la S. S. et directeur des camps de concentration, une très longue lettre… probablement la plus longue qu’il ait jamais écrite. En vingt-deux points, Himmler répond au rapport Schenck dont Pohl a reçu un double.
Après quelques considérations générales sur les cuisines roulantes soviétiques, l’alimentation particulière des pays chauds… Himmler écrit :
– Il faut prescrire avec la dernière énergie à toutes les unités de griller leur pain. Il n’existe pas de circonstances, même au milieu d’un marécage, où le pain ne puisse être coupé en tranches, chauffé et grillé sur un feu de bois comme à la chasse et devenir ainsi un produit diététique aussi facile à digérer que la biscotte pour ceux qui souffrent de l’intestin.
– Dans l’annexe 2, « Principes pour l’entretien de la Waffen-S. S. après la guerre », l’idée d’une base spéciale pour la nourriture de la Waffen-S. S. est avancée. J’y souscris pour les garnisons à l’Est, je m’y oppose en général pour les garnisons de l’ancien Reich. Seules les denrées spécifiques, celles qui ont une influence sur notre manière de vivre, doivent être achetées par nous : fruits et tout particulièrement fruits à amande, noix surtout pour l’hiver, en quantités illimitées, eaux minérales provenant de sources naturelles, jus de fruits, flocons d’avoine et huile pour la cuisine. Toutes les autres denrées alimentaires, céréales, légumes, graisses peuvent nous être fournies dans le cadre d’une vie économique normale. Il faut éviter par tous les moyens l’accumulation excessive à l’intérieur des frontières du Reich des biens fonciers de main morte, comme l’Église l’avait réalisée au Moyen Age. Notre tâche doit se borner à orienter et à déterminer la préparation de cet aliment par l’obligation imposée à certaines boulangeries de moudre à la main et par le travail à la main dans celles des quartiers d’habitation.
– Je tiens ces principes pour nécessaires à la création d’une industrie de transformation et de conservation dans les points d’appui à l’Est ; cependant je ne veux pas qu’elle ait le caractère d’une industrie, mais plutôt d’une activité familiale et agricole élargie. A partir de là, on pourra satisfaire à une importante partie des besoins de nos unités et de nos familles dans les lieux d’origine du Reich. Je désire en outre que nous imposions à l’essentiel de la production agricole nos exigences de
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