Les 4 vies de Steve Jobs

une alimentation électrique et à un téléviseur tout en suivant des instructions précises – il est semblable en cela aux micro-ordinateurs de l’époque.
    Wozniaka bientôt l’inspiration d’une machine plus ambitieuse, l’Apple II.
    L’aventure Apple est lancée…

Chapitre 5
    L’Apple II
    « À partir du moment où Apple a démarré, la personnalité de Jobss’est comme transformée…
    À ma connaissance, il n’avait pas eu d’expérience dans le monde des affaires. Il s’est investi sans retenue dans l’aventure Apple, il est devenu immodéré, une sorte de missionnaire dévoué à la cause du micro-ordinateur. Ce n’était pas l’attrait de l’argent qui avait provoqué cela. C’était davantage l’excitation, la capacité à créer un effet sur le monde… »
    Tel est le témoignage que livre Dan Kottkeà propos de Steve Jobslorsqu’il le redécouvre vers la mi-juin 1977. Le fragile bohème s’est transformé en un conquérant habile, séducteur et bonimenteur, inspiré par une fée venue du futur : Innovation.
    Animé par une énergie fulgurante, à l’image d’un solo de Jimi Hendrix inspiré par les cieux, Jobsest partout : il donne des ordres, parlemente, fomente des alliances, tape du pied, s’impatiente… À lui seul, il fournit le vent qui propulse le navire Apple, dynamise le tranquille Wozniak, captive les investisseurs financiers, multiplie les opportunités de distribution…
    Il tire son énergie de la vision qu’il s’est forgée et qui combine ses idéaux hippies et le fun du monde des affaires : améliorer le monde par la grâce de la micro-informatique.
    Jobsa trouvé un Monopoly à sa mesure et nul ne peut l’arrêter. Il va marquer l’Histoire de son empreinte.
    Il est devenu le prophète d’Apple.
     
    Dès la fin de l’été 1976, alors que l’Apple I a été livré à la boutique Byte Shop, Steve Wozniakentreprend de concevoir un micro-ordinateur d’une autre envergure, qui saura séduire le grand public.
    Il n’y a pas une seconde à perdre. Le premier micro-ordinateur est apparu au début de l’année 1975 et, d’ores et déjà, plusieurs constructeurs cherchent à se positionner sur ce marché émergent : IMSAI, Tandy, Commodore, Radio Shack… Un eldorado se profilerait-il ? Jobsen est convaincu. Il faut donc frapper vite et fort, placer la barre suffisamment haut pour qu’Apple dévore l’essentiel du gâteau. Pour faire de sa société le numéro 1, il déploie une activité de tous les diables, négociant l’approvisionnement de puces aux meilleurs prix, multipliant les idées de design et attrapant au lasso tout ce qui pourrait ressembler à un investisseur. Wozniakest tout aussi conscient de l’urgence de la situation. Dès qu’il quitte son travail de jour chez Hewlett-Packard, il rentre direct à son domicile de Cupertino pour plancher sur l’Apple II. Aux anges, il est naturellement motivé par le challenge de créer quelque chose de jamais vu. Le défi fait surgir une clairvoyance dont il n’avait pas conscience : dans le domaine de l’électronique, il est comme un poisson dans l’eau. Chaque problème se voit résolu avec un brio qui le surprend lui-même. Avant tout,Woz a le don de loger les fonctions d’un ordinateur dans un minimum de puces.
    Un fil conducteur guide les pas deWoz : il faut que l’Apple II permette de jouer à Breakout , le jeu vidéo qu’il a développé un an plus tôt pour Atari ! Il en résulte un cahier des charges précis : l’ordinateur doit pouvoir être relié à une manette de jeu. Mieux encore, il lui faut de la couleur. L’obsession de Breakout va stimuler l’imagination deWoz et décupler son inventivité. Il découvre peu à peu comment faire pour que l’Apple II puisse afficher des dessins en couleurs, une fois connecté à un téléviseur. Une avancée majeure !
     
    Un prototype du nouvel ordinateur est prêt en octobre 1976. Comme pour l’Apple II, la curiosité deWoz l’emporte sur la discrétion : lors d’une soirée du Homebrew Computer Club, il effectue la démonstration de cet ordinateur affichant de la couleur. Dans la pièce, un étrange sentiment parcourt les participants.Woz dispose de plusieurs longueurs d’avance sur les modèles alors en développement.
    Si Jobsattendait une confirmation du potentiel de l’Apple II, c’est chose faite. Wozniaket lui tiennent leur « best-seller ». Qui sait ? Ils pourraient en vendre jusqu’à mille par