Les 4 vies de Steve Jobs

gravure du mathématicien et astronome anglais. Il s’est dit aussi que ce nom aurait été choisi en hommage aux Beatles, groupe qu’ils adoraient tous les deux et dont la maison de disques s’appelle Apple Records. Toujours est-il qu’à la veille de signer les papiers contractuels de l’entreprise, Jobs a décidé que, faute de trouver mieux, ils conserveraient ce nom de Pomme .
     
    La société Apple est créée le 1 er  avril 1976, selon les termes d’un accord de partenariat entre Steve Jobset Steve Wozniak. Un troisième partenaire, Ron Wayne, complète le duo fondateur. Jobs a fait sa connaissance chez Atari et a proposé qu’il vienne les seconder – ce sympathique quadragénaire sait comment procéder pour créer une entreprise et c’est lui qui a assuré la rédaction de leur « accord de partenariat ». Wayne va également s’atteler à l’écriture du manuel de l’Apple I. Pour la couverture de ce livret, qui explique comment faire fonctionner l’ordinateur, Ron Wayne réalise un dessin d’Isaac Newton sous un pommier, bien ancré dans la tendance hippie des années soixante. Plus âgé qu’eux, il joue aussi le rôle de conciliateur lorsque Jobs et Wozniak affichent des opinions divergentes.
    Waynereçoit 10 % des parts de la société Apple. Pourtant, ce troisième larron n’est pas bien à l’aise dans cette position de copropriétaire. S’il s’est joint de bon cœur à l’aventure, il redoute que la seule chose qu’Apple puisse récolter soit des dettes ! Or, si la société ne parvient pas à rembourser ses créanciers, Wayne sera légalement obligé de le faire, étant le seul à disposer d’un peu d’argent en banque. Steve Jobsachète les puces sur une base de paiement différé à trente jours – ce qui devrait être suffisant pour fabriquer des Apple I et en vendre. Wayne n’en est pas du tout convaincu et, quelques jours plus tard, pour se prémunir contre toute mauvaise surprise, il abandonne ses parts d’Apple dès le 12 avril 1976 en échange de 800 dollars !

    Steve Jobs, le 27 janvier 2010, lors de la présentation de l’iPad, à San Francisco (Californie), devant une photo de Steve Wozniak et lui-même testant le premier prototype de l’Apple I vers 1976. © Photo by Jeff Carlson, jeffcarlson.com
     
    Le premier souci de Steve Jobsest de trouver des débouchés pour l’Apple I. Or, l’une des premières boutiques de micro-informatique, Byte Shop, vient d’apparaître dans la région. Paul Terrell, qui dirige le magasin, voit un jour débarquer un drôle de hippie qui vient lui présenter l’Apple I. Jobs fait si bien l’article qu’il décroche une incroyable commande : Terrell propose de leur prendre une cinquantaine d’Apple I. Mais il pose une condition : tous ces ordinateurs doivent lui être livrés durant l’été.
    Lorsqu’il retourne voir Wozniak, Jobsdanse littéralement sur place. La nouvelle leur paraît fantasque : ils disposent d’une promesse d’achat de cinquante unités que Byte Shop se propose de payer 500 dollars pièce ! Cela représente des milliers de dollars ! Ils ont du mal à y croire…
    « Ce fut l’événement le plus marquant de l’histoire d’Apple », a commenté Wozniak.
    Pour financer la production de ces cinquante ordinateurs, le duo doit se délester de ses maigres possessions. Jobsvend sa camionnette Volkswagen tandis que Wozniakmonnaye sa calculette scientifique HP.
     
    Depuis leur retour d’Inde et leur séjour dans une plantation de pommiers de l’Oregon, Jobset Daniel Kottkeont gardé le contact. Kottke suivait des études au Columbia College de New Yorklorsqu’il a reçu un appel de Steve Jobs expliquant qu’il venait de monter une société d’ordinateurs. Kottke est tombé des nues :
    « Pendant toutes ces années où nous avions été de bons amis, Steve Jobsne m’avait jamais parlé d’ordinateurs ni même d’électronique ! »
    Jobslui fait part de la fameuse commande passée par Byte Shop et l’invite à se joindre à l’aventure : pour monter les cinquante ordinateurs, toutes les bonnes volontés sont bienvenues.
    Fin mai, ses études achevées, Kottkegagne la Californie. Embauché par Apple, il est affecté à l’assemblage des Apple I au tarif de 3,25 dollars de l’heure. Il doit également vérifier l’état des soudures, allumer la machine, connecter un clavier et un écran et tester que tout fonctionne comme prévu. Kottke n’y connaît rien en