Les 4 vies de Steve Jobs
durant ses soirées et week-ends.
Hélas, la perspective de se vouer corps et âme à la destinée d’Apple n’enthousiasme pasWoz. Il aime son job à Hewlett-Packard, où il conçoit des puces de calculatrices électroniques. Réaliser l’Apple II durant son temps libre le satisfait pleinement. Il commence donc par dire non à Jobset Markkula.
Non sans mal, Jobsfinit par persuaderWoz de se lancer dans l’aventure. C’est un détail qui fait basculer Wozniak : il lui est assuré qu’il n’aura jamais, au grand jamais, à s’occuper de gestion. Il se contentera d’accomplir ce qu’il a toujours aimé, développer des appareils en tout genre et, de surcroît, il sera grassement rémunéré pour cela !
L’arrivée de Markkulaà la tête d’Apple métamorphose la société. À la différence des deux Steve, ce jovial trentenaire dispose d’une expérience dans le monde des affaires. Il maîtrise les mille et un rouages de la direction d’une entreprise. L’une de ses premières démarches consiste à constituer Apple en société commerciale, ce qui est fait le 3 janvier 1977. Marrkula rédige un business-plan, constitue un conseil d’administration et tente d’attirer divers investisseurs chez Apple Inc. Il souhaiterait notamment faire entrer au conseil d’administration d’Apple un vétéran du capital-risque, Arthur Rock, qui a contribué au financement d’Intel. Mais le premier contact entre Wozniaket Jobsvenus en Levi’s et le financier maniéré est désastreux.
« Ils étaient vraiment peu attrayants. Il me semble que Jobsarborait une moustache et une barbiche sur de longs cheveux. Il avait passé un long séjour en Inde avec un gourou à apprendre des choses sur la vie. Je ne pourrais l’affirmer mais il me semblait qu’il n’avait pas pris de bain depuis un moment », a raconté Rock 22 .
Markkulava heureusement parvenir à intéresser Arthur Rockà la destinée de la société. Toutefois, il retient la leçon : tel quel, Steve Jobsn’est pas forcément le meilleur avocat de l’Apple II…
En tant qu’investisseur majeur, Mike Markkulaa son mot à dire et il lui apparaît évident que Jobsn’a ni l’apparence ni le profil d’un chef d’entreprise, n’ayant jamais étudié ou pratiqué la chose. Il impose donc le recrutement d’un gestionnaire pur et dur à la tête d’Apple : Mike Scott, un ex-directeur du fabricant de puces électroniques National Conductor. Au moment où Markkula vient le chercher, Mike Scott traverse une phase d’interrogation personnelle quant à son avenir professionnel. Assurer le démarrage d’une start-up de l’informatique semble une belle opportunité.
Anxieux de voir une tierce personne s’immiscer dans son pré carré, Steve Jobsfait de la résistance, mais en vain. En douceur, mais avec fermeté, Markkulaimpose la venue de Mike Scottchez Apple. En février 1977, il devient le premier PDG d’Apple.
Durant de nombreux mois, Steve Jobss’entend plutôt bien avec Mike Scott. Le nouveau PDG d’Apple affiche des qualités plaisantes aux yeux de Jobs : s’il se montre hyper-exigeant, c’est aussi un individualiste doublé d’un doux rêveur. Tous deux partagent des visions communes sur la nécessité de changer le monde et Scott fait preuve d’une certaine ouverture intellectuelle : il a certes accepté la logique capitaliste mais a gardé un fond anticonformiste.
En ces temps héroïques, le rôle de Mike Scottn’est pas cantonné à la seule gestion : étant donné son expérience professionnelle, il peut apporter un éclairage précieux sur certaines spécifications de l’Apple II. Scott contribue également à la rédaction des manuels de l’ordinateur. Mike Markkula, pour sa part, se charge de l’essentiel du marketing, en attendant de pouvoir donner le relais à une agence spécialisée.
Dès le mois de février 1977, l’Apple II commence à avoir de l’allure. La jeune société Apple Computer s’installe dans des locaux dignes de ce nom dans la ville de Cupertino.
Disposant du budget nécessaire pour promouvoir l’Apple II, Jobsrevient vers McKennaavec, cette fois-ci, une offre chiffrée. L’affaire est vite conclue.
Si Regis McKennaparticipe activement aux réunions de réflexion, il va parfois se demander ce que Jobsattend au juste de son agence. Jobs sait globalement ce qu’il veut. L’Apple II doit apparaître comme une révolution, un phénomène historique, un jalon, rien de moins.
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