Les 4 vies de Steve Jobs
imaginé un ordinateur de forme horizontale similaire à un coffre de machine à coudre, s’ouvrant sur le devant pour révéler le clavier. Jobs ne souhaite pas retenir ce modèle qu’a déjà adopté un constructeur, Adam Osborne.
« Il faut que le Macintosh soit différent de tout ce qui existe », clame Jobs 30 .
Un peu plus tard, il revient à la charge :
« Il faudrait tout de même un look classique, qui ne puisse pas se démoder, comme la Coccinelle de Volkswagen.
– Non, je ne crois pas. Les lignes doivent être voluptueuses, comme une Ferrari, répond Ferris.
– Non, pas une Ferrari non plus. Plutôt une Porsche !
Une semaine plus tard, Jobset Ferrisdécident de briser les conventions en adoptant un boîtier orienté verticalement. C’est le créateur du boîtier de l’Apple II, Jerry Manock, qui doit s’atteler à la conception du boîtier du Mac, épaulé par un dessinateur, Terry Oyama. Comme l’on peut s’y attendre, le premier modèle proposé par Manock va déclencher les foudres de Jobs qui concédera tout de même un point :
« Il faut bien démarrer quelque part… »
Lors d’une réunion en juin 1981, Burrell Smithprésente la carte mère du Macintosh. Steve en fait alors la critique, mais uniquement sur le plan esthétique :
« Cette partie est vraiment belle. En revanche, les puces mémoire, c’est horrible. Les puces sont trop rapprochées 31 !
– En quoi est-ce important ?, demande un nouveau membre de l’équipe. Qui se soucie du look de la carte mère ? L’important, c’est son fonctionnement. Personne ne verra jamais la carte mère. »
Steve Jobsréfute cet argument avec véhémence :
« Moi je vais la voir et je veux qu’elle soit aussi belle que possible, même si elle est à l’intérieur du boîtier. Un grand charpentier ne va pas utiliser du bois de mauvaise qualité pour le fond d’un placard sous prétexte que personne ne le verra jamais ! »
Le nouveau venu tente de faire valoir son point de vue tandis que les autres membres de l’équipe échangent des regards complices, sachant à l’avance qu’il s’engage dans une bataille perdue d’avance.
Durant le mois de mars 1981, Jobsest invité à la Ben RosenConference , une réunion organisée par Ben Rosen, l’un des investisseurs vedettes de la Silicon Valley. Entraîné par son lyrisme, Jobs ne peut s’empêcher d’évoquer en filigrane la direction prise par Apple avec le Macintosh.
Dans l’assistance, un dénommé Bill Gatesdemeure électrisé par le discours de Jobs. Éditeur de logiciels, il dirige une jeune société, Microsoft. Au sortir de la conférence, ils s’entretiennent avec ferveur. Du même âge que son interlocuteur, Gates a signé un contrat majeur en fournissant le logiciel de base du PC d’IBM !
À force de cuisiner Steve Jobs, Gatescomprend qu’il se prépare quelque chose de révolutionnaire chez Apple. La curiosité aiguisée, il insiste pour en apprendre davantage, faisant miroiter à Jobs la possibilité que Microsoft écrive des logiciels pour le mystérieux ordinateur qui se profile à l’horizon.
Le loup a mis un pied dans la bergerie…
Au printemps 1981, l’étudiant Bruce Horns’apprête à recevoir son diplôme à Stanford lorsqu’il reçoit un appel de Steve Jobs. Ce dernier l’a repéré au Xerox Parc où Horn a souvent travaillé à temps partiel.
« Bruce, c’est Steve, qu’est ce que tu penses d’Apple ?
– Apple est une boîte cool. Mais j’ai déjà accepté un job à VTI 32 .
– Tu as fait quoi ? Oublie ça et sois chez Apple demain matin à 9 heures. Nous avons plein de choses à te montrer. »
Le lendemain, Hornrencontre l’équipe Mac, à commencer par Jobsqui n’est pas économe de tirades. À l’entendre, Apple ne prépare pas un nouvel ordinateur, mais un objet de portée historique, quelque chose qui va révolutionner l’accès à la connaissance…
Durant deux jours, Hornest soumis à toutes sortes de démonstrations et, peu à peu, il se laisse emporter par la vague. Le lundi suivant, il appelle VTI pour dire qu’il entre chez Apple : il est désormais convaincu, lui aussi, que le Mac va changer le monde !
De même, sur l’insistance de Jobs, Chris Espinoza, qui a participé aux débuts d’Apple alors qu’il n’avait que 15 ans puis a repris des études, quitte l’école et rejoint l’équipe du Mac.
Afin d’avoir définitivement les coudées franches sur le projet
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