Les 4 vies de Steve Jobs
coûter 100 000 dollars, mais elle est typique de son souci du moindre détail.
Lors du premier séminaire des employés de NeXT qu’il organise en décembre 1985, Jobslance un défi à ses troupes : il faut impérativement que cette machine qu’il veut spectaculaire sorte au printemps 1987. La stupeur se lit sur certains visages. Un an et trois mois alors qu’il n’existe encore rien d’autre qu’un logo ! À croire que ses expériences passées ne lui ont rien appris… Les habitués, Tribble, Crowet Page, sourient intérieurement. Ils connaissent leur oiseau et savent qu’il faudra faire avec ses récriminations, son impatience chronique, son incapacité à prendre en compte les vicissitudes terrestres… Les ingénieurs ne sont pourtant pas des magiciens !
Jobsn’en persiste pas moins avec cette déclaration de principe :
« Si nous n’y arrivons pas, alors je ne pense pas que nous soyons une entreprise digne de ce nom. Telle est ma conviction profonde 66 . »
À cette époque, Steve Jobsest également persuadé qu’un ordinateur destiné au marché de l’éducation ne devrait pas coûter plus de 3 000 dollars. Il a bel et bien pour ambition de produire une machine que l’on retrouve sur le bureau de chaque étudiant.
Afin d’insuffler une meilleure idée du standard d’excellence qu’il cible, en décembre 1985 il emmène son équipe à l’Université de Carnegie Mellon en vue d’y rencontrer des chercheurs de haut niveau. Il les fait ensuite conduire à Fallingwater (la Maison de la cascade), un chef-d’œuvre architectural de Frank Lloyd Wright 67 . Il cherche à mieux faire comprendre à son équipe ce que peut être une belle création. Dans un même souci de faire passer son concept de la perfection, Jobsemmènera plus tard son équipe assister à une démonstration d’aïkido.
Début 1986, une bonne nouvelle tombe : Apple abandonne son procès contre NeXT. Sculleyet ses acolytes ont réalisé que l’affaire ne leur apportait rien de bon sur le plan médiatique.
Tout au long de l’année, NeXT recrute des ingénieurs par dizaines et grâce à l’aura de Jobs, de très grands talents viennent proposer leurs services. Comme les stations de travail de Sun ou Silicon Graphics sous Unix sont alors les plus puissantes, Jobs embauche de nombreux spécialistes de ce domaine. La plupart du temps, Jobs refuse de dire au prospect quel est le poste auquel il sera affecté. Si l’intéressé fait la fine bouche, Jobs n’hésite pas à le secouer.
NeXT n’est pourtant pas la seule préoccupation de Jobs. Au début de l’année 1986, il place une partie de sa fortune dans le rachat d’une société de George Lucas, spécialisée dans l’animation en images de synthèse.
Cette division de Lucasfilm a été fondée par Alvy Ray Smithet Ed Catmull. Smith a fait ses armes au Parc de Xerox, ce fameux centre de recherche où sont nés les concepts qui ont permis la création du Macintosh. Il s’est lié d’amitié avec un autre spécialiste de l’animation sur ordinateur, Catmull et ensemble, ils ont convaincu George Lucasqu’il serait rentable de créer les images des sabres lumineux de Star Wars sur ordinateur. Lucas leur a donné carte blanche.
C’est en 1984, alors qu’il était encore chez Apple, que Steve Jobsa entendu parler de cette branche de Lucasfilm dédiée aux images de synthèse. C’est un ingénieur du Parc, Alan Kay, qui a attiré son attention sur ce studio. Par curiosité, Steve Jobs s’est rendu dans les bureaux de Lucasfilm à San Rafael, en Californie.
En découvrant ce qu’était le cinéma sur ordinateur, Jobsa eu un choc similaire à celui éprouvé en visitant le Xerox Parc en 1979 ! Cette année-là, Lucasfilm venait d’embaucher un jeune animateur particulièrement talentueux de Disney, JohnLasseter. Ce personnage jovial a conçu une trentaine de minutes d’animation sur ordinateur pour le film Tron .
Dès 1984, Lucasa exprimé le souhait de vendre son département informatique. La raison était avant tout le besoin d’argent : il devait financer son divorce avec Marcia et désirait éviter de vendre des éléments de la licence Star Wars ! Il demandait alors 100 millions de dollars. Steve Jobss’est contenté de lui dire :
« Si le prix chute, faites-le-moi savoir 68 ! »
En cette année 1986, Lucasfilm n’a toujours pas trouvé acquéreur pour sa division informatique. Disney ou Philips ont fait partie des
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