Les 4 vies de Steve Jobs
entreprise d’informatique pesant 100 millions de dollars. Nous devons atteindre une certaine envergure si nous voulons jouer dans le bac à sable. Nous bâtissons la prochaine société d’ordinateurs milliardaire en dollars. »
Avec le recul, cet objectif dressé plus d’un an et demi auparavant apparaît outrageusement démesuré. À la fin 1990, un chiffre d’affaires d’une centaine de millions de dollars aurait été bienvenu. NeXT termine l’année avec un revenu de 28 millions de dollars, très largement insuffisant pour faire vivre une société de 570 employés.
NeXT a beau sombrer lentement vers les profondeurs abyssales, Steve Jobsn’a pas perdu espoir. Pour raviver le moral des troupes, il se livre à des prestations filmées, tournées à l’économie, mais vouées à faire passer des messages majeurs.
Dans l’une des vidéos tournées vers le début de l’année 1991, Jobsse tient devant un tableau blanc le feutre à la main. Professeur Steve explique qu’il a longuement réfléchi afin de déterminer où se trouve le potentiel de NeXT.
D’un côté, les constructeurs de stations de travail tels que Sun, Apollo ou IBM. De l’autre, les PC et Mac. Les premiers intéressent avant tout la communauté scientifique, les seconds visent le grand public. Or, explique Jobs, NeXT serait en mesure de séduire un nouveau segment : des professionnels à la recherche d’ordinateurs aussi puissants que les stations de travail, mais faciles à utiliser.
Selon lui, en 1990, Sun a réussi à vendre 40 000 machines sur ce marché qu’il estime à 50 000 unités. À en croire diverses études, ce secteur devrait représenter 100 000 ordinateurs en 1992 et 300 000 en 1993. Or, selon Jobs, NeXT serait en passe de décrocher cette victoire…
« Nous avons été en compétition avec Sun une quinzaine de fois au cours des 90 derniers jours et nous avons gagné à chaque fois ! 15 sur 15. »
Lorsqu’il s’exprime ainsi, Jobsparaît capable de déplacer les montagnes. L’issue heureuse serait au bout du chemin. Sa puissance de conviction est restée intacte, comme s’il ignorait que ce navire prend l’eau…
Pixar est également toujours déficitaire – 8 millions de dollars de pertes en 1990. Trop c’est trop. En mars 1991, Steve Jobstranche à nouveau dans le vif en divisant par deux la taille des effectifs. Il licencie l’essentiel du personnel de ventes pour conserver avant tout les ingénieurs clés de la division logiciel.
Côté cœur, une joie inespérée vient colorer l’existence de Steve : sa fiancée est enceinte. Pourtant, la bonne nouvelle est rapidement teintée d’une nuance moins plaisante. Laurene Powelldemande à Jobsde l’épouser. Détestant les ultimatums, Steve n’accepte pas l’idée qu’on lui passe la bague au doigt. Outrée, Laurene fait preuve d’un sens aigu et quitte le domicile. Ce jour-là, Jobs arrive au bureau exténué et hors de lui 85 . Il va finalement lâcher du lest et accepter la demande de Laurene.
Le mariage est célébré le 18 mars 1991, selon le rite bouddhiste zen, à l’hôtel Ahwahnee du Parc National Yosemite. Steve et Laurene vont avoir trois enfants ensemble, le premier, Reed Paul Jobs, va naître en septembre.
NeXT semblait disposer d’un supporter majeur du côté d’IBM. Pourtant, les choses se gâtent dès lors qu’un nouvel homme, James Cannavino, prend la direction du pôle logiciels d’IBM. Décidé à ne pas s’en laisser conter par Jobs, il demande à le rencontrer seul à seul, sans la présence du moindre conseiller.
Cannavinoentend redéfinir les relations avec la société de Jobs. Il se montre prêt à soutenir NeXTSTEP à grande échelle. Le nouveau ponte exige toutefois que Jobs consente à abandonner la production de l’ordinateur NeXT. Ses équipes doivent se concentrer sur NeXTSTEP , en faire un logiciel de développement d’applications hors pair, auquel IBM insufflera sa puissance de promotion. Jobs tient tête à Cannavino et le renvoie dans les cordes.
« Je ne suis pas suffisamment stupide pour vous donner tout ce que j’ai, alors que vous avez 27 000 vendeurs chez IBM 86 ! »
Sûr de son fait, Jobsest persuadé d’avoir habilement tenu tête à Cannavinoet repart avec le sentiment d’avoir gagné la partie. Il n’en est rien. Cannavino n’est pas d’une nature à transiger et NeXT vient de perdre un allié de taille.
Cannavinotire un trait sur les 60 millions
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