Les 4 vies de Steve Jobs
pure et simple du plat principal pour tous les convives. Ses proches collaborateurs ne parviennent pas à le faire changer d’avis.
En cette année 1988, un fait contrarie particulièrement Jobs : Apple a repris des couleurs et JohnSculleyest dépeint comme l’homme qui a réussi son redressement. L’inimitié est restée vive entre les deux hommes. En octobre 1987, Sculley a fait paraître le livre Odissey , où il donne sa propre version des événements survenus chez Apple, laissant entendre qu’il a dû mettre Jobs sur une voie de garage pour le plus grand bien de cette société. À Noël 1987, l’ingénieur Bob Metcalfea donné une fête à laquelle Jobs et Sculley étaient invités. Durant toute la soirée, ils se sont placés à une extrémité opposée de la maison de Metcalfe, évitant tout contact 81 .
En attendant, les résultats d’Apple parlent en faveur de l’actuel PDG de la société de Cupertino. Lors du départ de Jobs, l’action s’échangeait à près de 10 dollars. À présent, elle se situe aux alentours de 40 dollars. Les revenus ont doublé et les bénéfices ont triplé.
Autant dire qu’en lançant NeXT, Jobsest en partie animé par un sentiment de revanche. Or, plus les mois avancent et plus il apparaît que la boîte noire NeXT est un bijou technologique d’une conception avant-gardiste remarquable.
Concernant l’aspect du futur ordinateur, après avoir donné leur chance à plusieurs designers, Jobss’adresse à Hartmut Esslingerde la société Frogdesign.
Esslingerest le dessinateur allemand qui a conçu le boîtier de l’Apple IIc en 1982 et peaufiné l’aspect général du Mac. Le créatif n’accepte la proposition qu’à une condition : qu’il puisse donner libre cours à son imagination. Il ne lui faut qu’un week-end pour concevoir ce qui va devenir un impressionnant cube noir. La réaction de Jobsest inattendue :
« Je trouve cela très radical 82 ! »
Toutefois, Esslingertient bon et Jobsva peu à peu se faire à l’idée…
Le lancement du cube NeXT est prévu pour le 12 octobre 1988 au Davies Symphony Hall de San Francisco. Peu avant cette date, lors d’une réception, Jobseffectue une démonstration que le roi d’Espagne Juan Carlos juge éblouissante. Le souverain hispanique devient l’un des premiers clients de NeXT !
Quelques jours avant la date fatidique du 12 octobre, Jobsest aux aguets, vérifiant soigneusement l’acoustique de la salle. Le cube NeXT est capable de jouer de la musique en stéréo, ce qui est alors unique.
Le 12 octobre, devant 3 000 spectateurs incluant le gratin du monde de l’éducation, de la presse et du logiciel, Jobsdonne une fois de plus dans le lyrisme.
« Nous sommes sur le point d’expérimenter un moment rare, comme il n’en arrive qu’une ou deux fois dans une décennie d’informatique. C’est un moment où une nouvelle architecture est déployée, de nature à changer le futur de l’informatique. Voilà trois ans que nous y travaillons. Et c’est incroyablement grand !… »
Il dévoile le cube noir. Les acclamations pleuvent sur le système NeXTSTEP qui intègre, outre une barre où l’on retrouve les principaux programmes, une application de la messagerie électronique. Lorsque l’on déplace une fenêtre, son contenu continue de s’animer – du jamais vu pour l’époque.
« Nous avons construit le meilleur ordinateur du monde », clame Jobs.
Avec humour, Jobsdéclare à la presse que NeXT s’apparente à ce qu’aurait dû devenir le Mac !
Ross Perotn’est pas à la traîne et y va de son propre couplet :
« Les gens de NeXT ont consacré un temps démesuré à rechercher la perfection. Jobsa de nouveau frappé ! »
Les médias répondent en masse à l’appel. Le magazine Business Week publie Jobset sa machine noire en couverture. L’article évoque des capacités « stupéfiantes » en matière de stockage des données, sans s’appesantir sur le fait que le lecteur de disques optiques est d’une lenteur désespérante. C’est tout juste si le reporter déplore que la machine se contente d’un écran monochrome.
Le prix de l’ordinateur – 6 500 dollars – est très élevé, bien supérieur à ce que Jobsenvisageait à l’origine. D’ailleurs, si on ajoute à la facture le coût d’une imprimante, il est même prohibitif : pas loin de 10 000 dollars. Enfin, le cube NeXT manque cruellement de logiciels. Bill Gates, pour sa part, ne se
Weitere Kostenlose Bücher