Les 4 vies de Steve Jobs
pourrait résoudre leur problème majeur. Hélas, il y a énormément de gens chez IBM. Quelque part, ce diamant a été jeté dans la boue et maintenant il se trouve sur le bureau de quelqu’un qui pense que c’est une motte de terre.
Si Jobsne se montre pas plus combatif, c’est qu’il commence à pressentir que la fin de NeXT est proche. Seul Canon continue d’investir dans la société de Jobs, de peur de devoir faire une croix sur l’investissement initial. D’ailleurs dans le classement de 1992 des hommes les plus riches d’Amérique du magazine Forbes , Steve Jobs disparaît de la liste.
Pour mieux promouvoir NeXT, Jobsa recruté un Anglais du nom de Peter van Cuylenburg. En interne, ce dernier se distingue par une sévérité accrue. Mois après mois, les divers vice-présidents de la société viennent donner leur démission. Van Cuylenburg ne se démonte pas, affirmant :
« J’ai mis de la pression sur l’entreprise et tout le monde n’était pas prêt ni même disposé à l’accepter. De toute façon, il y avait trop de vice-présidents chez NeXT 91 . »
Pourtant, lui qui se plaît à donner des leçons va en prendre une. Un jour, ScottMcNealy, PDG de Sun, reçoit un appel de Van Cuylenburg. Ce dernier lui propose un deal secret : Sun rachèterait NeXT, Jobsserait mis à la porte et lui-même, Van Cuylenburg, prendrait la tête de la société ! McNealyest un homme intègre, il appelle aussitôt Jobs pour l’informer de la trahison du numéro 2 de NeXT 92 .
Steve Jobsmesure tant bien que mal l’ampleur de son erreur : sans s’en rendre compte, il avait recruté un nouveau Sculley !
Le 10 février 1993 est la journée du chant du cygne.
Jobsannonce la fermeture de l’usine NeXT et l’arrêt de la production de cet ordinateur. Seules 50 000 machines ont été construites et 250 millions de dollars ont été perdus dans l’affaire. Le Japonais Canon, qui avait acquis 18 % de NeXT, doit passer l’opération en pertes et profits. Au passage, 300 employés sont licenciés.
En ce jour détestable, les biens de NeXT partent un à un lors d’une pitoyable vente aux enchères. Des enfilades de disques optiques, d’écrans plats, de puces en tout genre. Certains rachètent cette électronique pour la recycler dans d’autres machines. D’autres sont avant tout intéressés à en extraire certains métaux, le reste part à la casse.
Pour Jobs, ce jour est aussi douloureux que celui de septembre 1985 qui l’a vu quitter Apple. La gifle est magistrale, il en ressort un peu sonné. Pour la deuxième fois de son existence, il mord la poussière. Cette fois-ci, il n’est pas désavoué par un conseil d’administration, mais il subit un rejet tout aussi affligeant : celui du public qui n’a pas été au rendez-vous.
La revanche espérée ne s’est pas concrétisée.
Chapitre 12
Renaissance
L a défaite a du mal à passer. Elle a quelque chose d’indigeste, de nauséabond.
Has been… Star du passé. Tel est le couperet qui menace Jobs. Deux lignes dans les livres d’Histoire, peut-être même dans un paragraphe dédié à la fabuleuse réussite de Bill Gates. Ou, pire encore, faire l’objet d’une rapide citation dans le dictionnaire des noms propres dans l’entrée relative à Sculley, dépeint comme le PDG qui a eu le cran de virer un iconoclaste du nom de Steve Jobs, juste à temps pour sauver Apple !
Que faire ? Pactiser avec IBM ou Bill Gates ? Reconnaître sa défaite et tendre l’autre joue ? Jobsn’est pas taillé dans cette joaillerie.
Assis à son bureau, Jobsfait le point. Les cofondateurs ont quitté le navire, Ross Perota tenté en vain de sauver ce qui pouvait l’être, Canon pleure ses millions de yens volatilisés. La station NeXT n’est plus qu’un souvenir. Pourtant, tout n’est pas perdu, loin de là. Ces années de labeur n’ont pas été vaines. Tant qu’il reste un seul combattant, la guerre n’est pas terminée… Or, une munition clé demeure : une bombe du nom de NeXTSTEP .
Si l’ordinateur NeXT a parfois fait des percées, si certaines entreprises ont envisagé l’achat de la machine, c’était avant tout pour le logiciel NeXTSTEP , la Rolls des interfaces graphiques. Nantie d’un outil de développement digne d’un magicien. Quelque chose que Microsoft ne saurait accomplir.
NeXTSTEP est beau, fluide, presque magique. Se servir d’un tel outil pour créer des applications donne le même sentiment que le
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