Les 4 vies de Steve Jobs
nouveau président de Disney, n’a d’autre choix que d’accepter 97 .
Pendant ce temps-là, Apple est au plus mal. Le constructeur voit sa part de marché fondre comme neige au soleil – elle est passée de 12 % au début des années quatre-vingt-dix à un peu plus de 4 %. Cette dérive n’est pas nouvelle : déjà, en 1993, Sculleya été remercié par le conseil d’administration faute de résultats probants. Un grand nombre d’analystes financiers prédisent la fin prochaine de la société.
En avril 1995, Jobsa été invité au Smithsonian Institute et il a eu des mots cruels pour Sculley, montrant que la rancœur ne s’est pas émoussée, malgré les années qui passent :
« Ce qui a ruiné Apple, ce sont les valeurs. JohnSculleya ruiné Apple et il l’a fait en privilégiant des valeurs corrompues. Il a corrompu certains des cadres qui étaient là, fait entrer des gens plus corrompus encore et les a payés des dizaines de millions de dollars. Il s’est davantage soucié de leur gloire et de leur richesse que de ce qui avait bâti Apple en premier lieu : réaliser de formidables ordinateurs pour les gens. »
En décembre 1995, Jobsva jusqu’à envisager de reprendre la tête d’Apple. Alors qu’il est en vacances à Hawaï avec son ami Larry Ellisond’Oracle, tous deux planchent sur un scénario de prise de contrôle d’Apple. Plusieurs investisseurs se sont ralliés à la cause et un pactole de 3 milliards de dollars a été potentiellement réuni pour opérer l’attaque en règle.
Au dernier moment, Jobsrecule pourtant, comme va le raconter plus tard Ellisondans le New YorkTimes 98 .
« J’ai décidé que je n’étais pas l’homme d’une prise de contrôle hostile, a dit Jobsà Larry Ellison. S’ils m’avaient demandé de revenir, les choses auraient été différentes. »
Ellisonajoute cependant ceci :
« Steve est le seul qui puisse sauver Apple. Nous en avons parlé très sérieusement à de nombreuses reprises, et à la minute où il sera prêt à le faire, je serai prêt à l’aider. Je peux lever l’argent nécessaire en une semaine. »
Patience. Il faut laisser le temps au temps…
En février 1996, Steve Jobsaccorde une interview au magazine Wired . Il semble avoir perdu une partie des espoirs qu’il caressait jadis sur la capacité de l’informatique à changer le monde…
Wired : Le Macintosh a donné la tendance pendant dix ans. Est-ce que c’est le Web qui a pris la relève aujourd’hui ?
Steve Jobs : L’industrie de l’informatique est morte. L’innovation a pratiquement cessé. Microsoft domine et innove fort peu. C’est fini. Apple a perdu. Le marché de l’informatique de bureau est entré dans une ère sombre et celle-ci va durer une dizaine d’années, ou au moins jusqu’à la fin de la décennie. Microsoft va tôt ou tard se désagréger du fait de sa suffisance et peut-être que quelque chose de neuf émergera. Mais d’ici-là, à moins d’une rupture technologique, le jeu est fini.
Wired : Quel est le changement le plus étonnant que le Web va apporter ?
Jobs : Le problème, c’est que j’ai vieilli. J’ai 40 ans à présent. Cette chose ne changera pas le monde. Pas du tout !
Quelques mois plus tard, Jobsapparaît dans un documentaire télévisé qui retrace l’histoire de l’informatique. Il livre alors des propos acerbes vis-à-vis de Bill Gates :
« Le pro blème, avec Microsoft, c’est qu’ils n’ont pas de goût. Je pèse mes mots. Je l’affirme haut et fort. Ils n’ont pas d’idées originales, ils n’apportent que peu de culture dans leurs produits. Leur succès ne me dérange pas. Ils l’ont mérité pour l’essentiel. Ce qui me chagrine, c’est qu’ils font des produits de mauvaise qualité. »
Au moment de la diffusion du documentaire, Jobsse sent penaud. Il décroche son téléphone pour appeler Bill Gateset s’excuse à sa manière :
« Bill, je pense chaque mot de ce que j’ai dit, mais je n’aurais jamais dû le dire publiquement ! »
En août 1996, la petite maison en briques rouges où vivent Steve et Laurene Jobs, meublée de bois mais de façon minimaliste, reçoit deux invités de marque : Bill et Hillary Clinton. S’il fallait un signe du regain d’importance de Jobs suite à Toy Story , celui-ci apparaît éclatant. Une douzaine de cadres de la Silicon Valley assistent au repas en compagnie du couple présidentiel et JohnLasseterest l’un
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