Les 4 vies de Steve Jobs
les avons écoutés très attentivement. Et en synthétisant leurs désirs, nous obtenions un iMac avec lequel on puisse se balader. Un iMac qui laisserait tout le monde pantois. C’est ce que nous avons fait, enfin, nous l’espérons ! »
Jobsenchaîne en expliquant qu’Apple a conçu l’iBook avec une qualité visuelle relevant du jamais-vu, avec une vitesse qui surpasse tous les portables PC et une batterie qui affiche six heures d’autonomie. Il présente alors la bête aux contours orangés à une audience en délire. Et chacun de s’interroger : pourquoi Dell, Compaq, Toshiba et autres comparses du monde Windows n’ont-ils jamais pu imaginer un portable aussi élégant et séduisant ? Jobs s’autorise même une comparaison mutine :
« Même l’arrière de notre ordinateur est plus beau que le devant du best-seller actuel des portables ! »
Clou de la démonstration, Jobsmontre que même le chargeur a été conçu avec panache, d’une forme ronde, avec un système pour remontrer le câble !
À la fin de l’année 1999, l’action Apple s’échange à 118 dollars alors qu’elle n’en valait que 13 deux ans plus tôt. Durant toute l’histoire de l’entreprise, elle n’a jamais atteint de tels sommets.
L’iMac s’est vendu à 6 millions d’exemplaires, ce qui en fait le micro-ordinateur le plus vendu de l’Histoire. Décuplée, la capitalisation boursière de l’entreprise est désormais de 20 milliards de dollars. Quant à la part de marché d’Apple, elle a doublé.
Au tout début de l’année 2000, le conseil d’administration d’Apple parvient à convaincre Jobsde supprimer le terme « intérim » de son poste. Au passage, il se voit proposer 10 millions de parts d’Apple, et aussi un jet privé, Gulfstream V.
En janvier 2000, au Moscone Center de San Francisco, au terme d’un discours mémorable de deux heures et demie, Jobsrévèle à la foule, avant de déclencher une ovation fiévreuse, qu’il n’est plus président d’Apple par intérim.
Il occupe officiellement la fonction de PDG d’Apple.
Chapitre 14
Musique !…
L es maisons de disques, accrochées à leurs ventes faciles, ont perdu la partie. Les téléchargements illégaux menacent les revenus confortables qu’ont pu engendrer les compilations et rééditions de CD à prix fort. Dans leurs bureaux, les directeurs artistiques vitupèrent et tentent de sauver ce qui peut l’être. Sans plus attendre, il importe de lâcher les chiens, d’opérer des raids surprises, faire frémir le pirate à la petite semaine.
À Cupertino, Steve Jobsobserve ces gesticulations avec le recul d’un gourou placide, à l’image de ceux qui ont parsemé ses lectures de jeunesse. Ils n’ont rien compris au film… Retranchés dans leurs livres d’histoire, les directeurs de maisons de disques ont recours à des armes obsolètes. Ils ne réalisent pas qu’Internet est tissé d’une autre étoffe. L’ennemi présumé des majors est impalpable, réapparaissant au sud dès qu’on l’élimine au nord, se multipliant, faisant des petits, à la manière des balais de l’Apprenti Sorcier…
Mélomane convaincu, Jobsentend voler au-dessus de la mêlée. Les querelles entre l’industrie discographique et les apprentis pirates masquent l’essentiel : une formidable volonté d’écouter de la musique. Un cri du cœur qui remonte du grand public : donnez-nous des chansons à foison. Que l’on puisse à volonté se régaler d’un bon vieux Stones, d’un Daft Punk de récente cuvée, d’une fugue de Mozart…
Élégant et galbé, l’iPod va devenir le cheval de Troie de cette tranquille invasion des âmes. Jusqu’alors, les lecteurs de musique MP3 ressemblaient à des PC : de la quincaillerie lourde, peu maniable, aussi élégante que des tanks. L’iPod est une œuvre d’art.
Une fois le bonbon musical entré dans le foyer, il ne reste plus qu’à ouvrir en grand les tuyaux de la Musique avec un grand M. Surpasser le CD en offrant de composer ses propres recettes en picorant les morceaux au fil des albums : mélanger allègrement la techno de Detroit aux soupirs de Norah Jones, aux espagnolades de Paco de Lucia.
Tout comme le CD a détrôné le disque vinyle, le couple « iPod – iTunes » s’apprête à devenir le fait du jour…
La force de persuasion de Jobsest un élément clé de sa personnalité. Pour distiller le message, il peut recourir à la poésie, la satyre, l’emphase
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