Les 4 vies de Steve Jobs
ou même les mots les plus simples qui soient. Qu’on lui offre une tribune et il s’exprime alors avec une intensité qui n’est pas sans évoquer celle de son barde favori, messire Bob Dylan.
En octobre 1999, Steve Jobslivre l’une des clés de ce qui a permis l’émergence d’un ordinateur tel que le premier Macintosh, ou celle du récent iMac : une vision guidée par le sens de la beauté, une pulsion fondamentale à naviguer sur la vibration de l’esthétique…
« Je n’ai jamais estimé que l’art et la technologie étaient des choses séparées.
Léonard de Vinci était un grand artiste et un grand homme de science. Michel-Ange était expert sur le découpage des pierres dans une carrière. Les ingénieurs informatiques les plus remarquables que je connaisse sont tous des musiciens. Certains sont meilleurs que d’autres mais tous considèrent qu’il s’agit d’une part importante de leur vie. (…) Le Dr Land, chez Polaroid, a dit un jour : “Je veux que Polaroid se tienne à l’intersection de l’art et de la science.” Je n’ai jamais oublié cela 118 . »
Un peu plus tard, afin de mieux faire ressortir en quoi Apple est différent, Jobsva exposer la « Parabole de la Voiture Concept 119 ».
« Voici ce qui se passe dans de nombreuses entreprises.
Vous voyez une super-voiture dans une exposition et vous trouvez qu’elle est vraiment cool. Quatre ans plus tard, cette voiture est commercialisée et elle ne vaut plus rien. Vous vous demandez alors : qu’est-ce qui s’est passé au juste ? Ils avaient le succès au creux de leur main. Au lieu de cela, ils ont arraché la défaite des mâchoires de la victoire !
Ce qui s’est passé, c’est que les designers sont arrivés avec une super-idée. Et puis, ils l’ont montré aux ingénieurs et les ingénieurs ont dit : “Non, nous ne pouvons pas faire cela. C’est impossible.” Et donc cela a empiré. Par la suite, ils l’ont montrée aux gens de la fabrication qui ont dit : “Nous ne pouvons pas construire cela !” Et cela a continué d’empirer. »
Jobs, pour sa part, dit encourager un processus appelé la « pollinisation croisée », la « collaboration à un niveau profond ». Chez Apple, les réunions de discussion sont très nombreuses, mêlant les divers protagonistes d’un projet dans une même optique incontournable : atteindre l’excellence. Le designer Jonathan Ivey va de son propre couplet sur la question :
« La manière classique de développer des produits ne fonctionne pas quand on nourrit des ambitions telles que les nôtres. Lorsque les défis sont aussi complexes, il est nécessaire de développer un produit en collaboration, de manière globale 120 . » Iveva par ailleurs confier ceci à Marcus Fair, qui dirige un célèbre blog sur le design :
« Le nombre de modèles que nous réalisons est épuisant. Nous élaborons des tas et des tas de prototypes. Le nombre de solutions que nous abordons pour obtenir la solution est embarrassant. Pourtant, c’est ainsi que nous procédons et c’est sain. »
C’est au travers d’un tel processus, que certains pourraient juger épuisant, que va naître un objet appelé à devenir mythique, l’iPod…
Le fait majeur, en ce début de millenium, est la révolution créée par la musique en ligne. Un logiciel fait alors couler beaucoup d’encre : Napster …
En 1998, Shawn Fanning, alors âgé de 18 ans, est entré à la Northeastern University de Boston pour y suivre des cours d’informatique. Les colocataires de sa chambre d’étudiant se distinguaient par une forte consommation de musique MP3 mais ils se plaignaient de la difficulté à trouver des morceaux. Le plus souvent, les sites MP3 sont fermés après quelques semaines d’existence.
Fanninga eu l’idée d’une application communautaire, Napster , qui favoriserait la mise en relation de plusieurs internautes. L’astuce ? Les utilisateurs connectés à un moment donné s’échangeraient les fichiers musicaux résidant sur leurs disques durs.
À peine placé sur le Web en janvier 1999, Napster a attiré des milliers d’utilisateurs. Lorsque le site Download.com a reçu 300 000 demandes pour télécharger Napster, l’étudiant de première année a réalisé qu’il avait mis la main sur un filon. Il a monté sa petite entreprise, épaulé par une investisseuse de Boston, Eileen Richardson.
Avant de comprendre ce qui se passait, les responsables informatiques
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