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Les amants de Brignais

Les amants de Brignais

Titel: Les amants de Brignais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Oriabel au front puis, soulevant son flambeau :
    – Confiance, patience et cautelle (255) . Je reviendrai veiller sur vous dès que j’aurai dormi un tantinet. J’obtiendrai de vous faire sortir d’ici dans la journée…
    Il déverrouilla la porte et sortit. Oriabel repoussa doucement la targette puis enlaça Tristan, tout proche, si fortement qu’il en chancela. Ses mains la touchèrent sur cette chape malséante qui ne pouvait l’enlaidir. Contact rêche, presque semblable à celui des pierres de leur chambre. Cette sensation le rendit à la réalité : ils demeureraient en geôle ; rien n’était gagné dans le jeu terrible qui les opposait à Bagerant, mais leur amitié pour le brèche-dent s’était encore affermie.
    – Crois-tu… dit-elle les yeux brillants et la bouche indécise.
    – Je me fie à Tiercelet… Il est mon maître. Tout, entre nous, n’est composé que de dissemblances et plus le temps passe, plus je bénis Dieu de l’avoir rencontré… Il nous sauvera, j’en suis sûr… Oh ! Tu trembles… Viens te coucher…

IX
     
     
     
    –  Le soleil est déjà très haut, à ce qu’il semble.
    – Midi bientôt, ma douce, sûrement.
    – Et il n’est pas revenu.
    – Ne crains rien pour lui. Il était si las, cette nuit ! Il a besoin de repos. Dès qu’il le pourra, tu le verras paraître.
    Tristan s’approcha d’Oriabel un peu courbée devant l’archère d’où l’on découvrait le Mont-Rond. Elle se releva et lui offrit ses lèvres. Il huma l’odeur miellée des cheveux qu’elle avait lavés à son réveil.
    – Il reviendra, dit-il, en se laissant aller au bien-être de l’étreindre.
    La probable survenue de Tiercelet l’obligeait à la sagesse, et l’impatience qui faisait battre son cœur n’était point celle du désir. En fait, il se rongeait d’inquiétude. Le courage quelquefois défaillant d’Oriabel le tourmentait. Il fallait que, ses doutes et ses angoisses révolus, elle se sentît emplie d’une confiance à toute épreuve, moins en lui, Castelreng, qu’en Tiercelet dont, jusqu’à Givors, il ne serait que le vassal. Pendant quelques semaines, la distance entre eux et le brèche-dent lui avait semblé, à mesure qu’elle grandissait, jonchée de pièges mortels ; il s’était fréquemment substitué à lui sur les chemins peuplés ou déserts. Il fallait qu’il le fît pour croire en sa réussite. Si ce retour impliquait un soulagement, une joie, une espérance énorme, il n’effaçait aucune des menaces qui les opprimaient.
    –  Es-tu content de savoir que ton père t’aime encore ?
    Certes, il était soulagé. Oriabel allait-elle l’entretenir d’Aliénor ? Et d’Olivier, ce demi-frère inattendu ? Non. Quelqu’un frappait à la porte.
    – Qui est-ce ? demanda-t-il.
    – Nous, répondit Bagerant. Ouvrez !
    Le routier devança Tiercelet d’un grand pas. Tous deux, l’un envers l’autre, paraissaient dans les dispositions les meilleures.
    – Je vois, dit Tristan affrontant Bagerant de face, que tu es aussi heureux que le roi Midas !
    – Connais pas… D’où est-il ?
    – Il changeait tout en or, il y a fort longtemps.
    Un rire. Tiercelet rit aussi, d’autant plus grossement qu’il était anxieux.
    –  J’ai décidé de célébrer ce jour d’hui le retour du brèche-dent, annonça le routier. Pourquoi ? Parce que le 10 avril, si la rançon est acquittée, vous ne serez plus parmi nous… Alors, pourquoi ne ferait-on pas d’une pierre deux coups ?… Flèche de tout bois ?… Voilà ce que je me suis dit… Et vous ? Savez-vous qu’un tiens vaut mieux que deux tu l’auras et que mieux vaut tenir que courir ?
    – Où veux-tu en venir ? interrogea Tristan dont la suspicion s’aggravait.
    – Que ce jour d’hui, jeudi 31 mars, nous célébrerons à la fois la revenue de Tiercelet et votre mariage… Rien ne s’y oppose, à présent, et c’est mon désir le plus…
    – Dis plutôt, interrompit Tiercelet, que ton désir est un commandement.
    Il semblait en plein accord avec le routier. Son clin d’d’œil, tout en rassurant Tristan, signifiait : « Accepte ! Ne le contrarions pas. » Oriabel semblait résignée. D’une main, Bagerant éprouva la mollesse du lit. Sa gaieté se convertit en menace :
    – Angilbert est prévenu… Il dira la messe… Allons, allons : vous verrez, mes enfants, ce sera magnifique… Vous pourrez forniquer sous le regard de Dieu !
    Bien que cet homme eût

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