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Les amants de Brignais

Les amants de Brignais

Titel: Les amants de Brignais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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conseilla Tiercelet. Tes forces s’envolent avec ton souffle.
    Mais il avait envie de commenter sa victoire. Comme il avait été prodigue de cette vigueur qu’il avait craint d’avoir perdue ! Une vie nouvelle allait peut-être s’ouvrir devant Oriabel et lui, à Brignais. En prouvant son énergie aux pires criminels du royaume, il s’était désensorcelé.
    – Tu m’as privé d’Héliot, reprocha Bagerant, penché.
    Et alors ? Cette mort n’était-elle pas l’aboutissement naturel d’une aversion qui n’avait cessé de se développer ?
    – Bien fait… haleta Tristan que Doublet soutenait avec peine.
    Son corps semblait de plomb, tout à coup. Son estomac, sa gorge, ses entrailles étaient en feu, mais le manque d’air, surtout, le faisait souffrir. Jamais il n’avait eu des poumons si étroits. Jamais les battements de son cœur ne lui avaient paru si faibles et si désaccordés. Jamais il ne s’était senti cloué sur son habit de fer.
    – Tu n’as cessé de penser à elle !
    Bagerant n’en démordait pas : il désignait Oriabel éplorée que dame Mathilde semblait admonester. Tristan fit un effort pour demeurer sur ses jambes.
    – Non, Naudon… J’ai simplement pensé à toutes vos victimes… Dieu a renforcé mon bras pour les venger petitement sur un seul d’entre vous…
    Tristan tituba et n’entendit plus rien : son cœur, ses reins, ses genoux le trahissaient. Puis il devint aveugle.

XII
     
     
     
    Une haleine sur son visage… Fraîcheur… Une tiédeur autour de son épaule et de ses coudes, parfois violemment accrue, comme si son sang bouillait.
    « Réveille-toi, Tristan… Réveille-toi ! Tu l’as vaincu ! »
    Il craignait de remuer, d’ouvrir les yeux. Autant qu’il pouvait s’en souvenir, il survivait à un grand tumulte et à la cruauté d’un homme.
    – Héliot !… Il est mort ?… Est-il mort ?
    La vie sécrète des souffrances : il souffrait. De moins en moins.
    – Je crois que sa fièvre est passée… Touche son front.
    Une main rugueuse, mais caressante.
    – Il va mieux depuis hier… Si, je t’assure… Mais il a si peu dormi, ces dernières semaines, qu’il s’est laissé aller.
    – Il n’a pas mangé…
    – Qui dort dîne… Tu l’as bien recousu, sais-tu ?
    – C’était une chose affreuse !
    –  Le défaut de l’armure, comme on dit… Le fer d’Héliot aurait pu briser l’os… J’ai déjà vu des coups pareils… Tiens, il ouvre les yeux…
    Tristan se sentait en meilleur état que Tiercelet ne le supposait. Il avait dormi avec délices. Rêvé parfois. Aucun rêve de ténèbres et de sang, sauf celui de maintenant…
    Oriabel souriait et le baisait au front ; Tiercelet lui tapotait la main. Au-dessus, de grosses poutres sombres et des entrevous d’un bleu de ciel printanier. Autour, des murs nus ; deux archères d’où pleuvaient les flèches du soleil. Et les bois carrés des colonnes du lit dont le baldaquin avait dû être converti en flan cheries. Accroché au milieu de l’architrave reliant les colonnes du chevet, le chaleil 89 sans huile, sans feu.
    – Où m’ont-ils conduit ?
    Un rire d’Oriabel comme un pépiement d’oisillon :
    – Dans ce qui devait être notre chambre nuptiale.
    Leur baiser ne fut qu’un effleurement, bien que le brèche-dent eût reculé au bout de la pièce pour s’entretenir avec quelqu’un.
    – Qui est là aussi ?
    – La baronnesse.
    – Je l’avais oubliée.
    – Défie-toi d’elle… Je t’en parlerai plus tard… Tu vas bien, je le sens… Comme tu as dormi !… Sais-tu quel jour nous sommes ?… Le lundi 4 avril, messire, au beau milieu de la matinée.
    Une ombre. Tiercelet. Derrière, quelque chose de blême et de brun : dame Mathilde. Elle souriait, se penchait, repoussant de son bras Oriabel suffoquée.
    – J’ai plaisir à vous dire toute ma joie de vous voir ainsi.
    Oriabel n’avait rien à redouter de cette femme. Certes, elle était belle et devait aimer qu’on lui fît l’amour autrement qu’à la façon de Brignais.
    –  Jamais je n’aurais pu penser, messire, qu’il y avait en vous tant de vigueur et de hardiesse… Je vous croyais des leurs.
    Elle baissa ses yeux, d’un bleu insondable, et rougit – sans doute au souvenir de sa nudité passée.
    – Dame, nous essaierons de vous tirer d’affaire. Ayez confiance en mon ami : il est la Providence en personne.
    Elle n’en parut guère convaincue. Tiercelet la prit par

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