Les amants de Brignais
(sinon, il serait impossible de le retirer en raison du rétreint).
5. – On coupe chaque méplat à la cisaille à main.
6. – Montage des mailles avec serrage des demi-méplats en superposition.
7. – Rivetage.
Sauf la partie « chaude » de l’opération, tout pouvait aisément être exécuté par des femmes, voire des enfants.
En observant de près les mailles anciennes, on peut décider qu’il n’existait aucune difficulté à établir une industrialisation des milliers de mailles assemblées, comme à Chambly, par exemple. S’il y eut une fabrication « à la pièce », on devait aussi préparer des pans de tissu maillé que l’on adaptait, ensuite, aux mensurations des « clients ».
Dès le XII e siècle, la forge sérieuse s’effectuait au marteau hydraulique. Les Germains, arrivés dès le III e siècle, mais surtout au V e , apportèrent au monde méditerranéen une révolution métallurgique. D’ailleurs, les origines du bronze puis du fer sont situées en Europe centrale. Et non au Proche-Orient ainsi que le pensaient les auteurs « classiques » du siècle dernier. Même le célèbre « damas ». Chez les Arabes, les épées franques étaient payées un prix extraordinaire. Pour les cottes de mailles, on peut imaginer deux activités séparées :
a) La partie chaude, suivie de vente (fabrication, organisation masculine).
b) Le tissage, le montage, le rivetage, etc., essentiellement féminins et infantiles, sous la direction d’un « maître » responsable et acheteur des produits de base ci-dessus.
La fabrication des rivets appartient aussi à la tréfilerie.
C’était ainsi que se pratiquait, jusqu’à la dernière guerre, le montage en atelier des articles de maroquinerie à fermoir et autres, issus des tréfileries et ateliers de presses. Rien qu’une main-d’œuvre féminine et infantile.
ANNEXE IV
LA FRANCE EN PÉRIL : LES JACQUES ET LES ROUTIERS
Après la défaite de Crécy, le renoncement de Philippe VI devant Calais et la victoire du prince de Galles à Poitiers, une guerre larvée s’était installée dans le royaume de France, coupée de trêves éphémères. Les Anglais avaient acheté Guînes, proche de Calais. La Bretagne et la Normandie étaient partagées en zones de pillages. À peine le pays de France avait-il subi la chevauchée mortelle du fils aîné du roi Edouard III (il avait ravagé, en 1355, tout le Languedoc avant de s’en retourner à Bordeaux), que le souverain anglais méditait de s’attacher les services de Charles de Navarre.
Comte d’Evreux et de Mortain, pair de France, il était le fils de Philippe d’Evreux et de Jeanne de France, fille de Louis X le Hutin et de Marguerite de Bourgogne, évincée de son héritage par Philippe le Long, à laquelle on avait accordé la couronne de Navarre ainsi que les comtés de Champagne et de Brie. Leur mariage avait permis à Philippe d’Evreux de prendre le titre de roi de Navarre. Maints arrangements s’étaient produits alors, qu’il serait fastidieux de mentionner. Philippe avait été tué à Xerez, en combattant les Maures aux côtés d’Alphonse de Castille, le 16 sep tembre 1343, et ses fils, Charles, Philippe et Louis n’étaient pas en âge de résister au roi de France… qui avait épousé en secondes noces leur sœur Jeanne, dite « Belle Sagesse », laquelle était dotée d’un tempérament si ardent que Philippe VI ne fit pas que succomber à ses charmes ; il en mourut.
Les Navarrais avaient surnommé Charles el malo (le Mauvais). Siméon Luce écrit de lui non sans exagération car la cause de Charles était en partie juste :
Il y avait du serpent et du tigre dans ce petit homme d’allure féline à l’œil vif au regard chatoyant, d’une faconde intarissable, qui faisait d’abord patte de velours même aux gens qu’il voulait égorger. Le roi Jean l’avait comblé de bienveillances, lui avait donné sa fille Jeanne en mariage et l’avait nommé son lieutenant en Languedoc.
Par « reconnaissance », ce freluquet de 19 ans avait fait assassiner, le 6 janvier 1354, le connétable de France, favori de son beau-père, Charles d’Espagne, lequel jouissait de titres et prérogatives scandaleux.
UN HOMME PRÊT À TOUT
Le Mauvais était prêt à tout pour renverser la dynastie des Valois et s’installer sur le trône de France pour lequel, en tant que petit-fils de Louis X le Hutin par sa mère, il avait plus de droits que le
Weitere Kostenlose Bücher