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Les amants de Brignais

Les amants de Brignais

Titel: Les amants de Brignais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Histoire de du Guesclin brosse les portraits de ces brigands de petite ou grande envergure qui opéraient souvent seuls avec leurs hommes, mais savaient opportunément s’allier. Ainsi James de Pipe, d’Epernon, et Jean de Stanton, de la Ferté-Fresnel, surent unir leurs efforts pour attaquer Etampes le mardi 16 janvier 1358. Ils pillèrent la ville pendant qu’on célébrait à Paris le mariage de Louis, comte d’Etampes, avec Jeanne d’Eu, veuve de Gauthier, duc d’Athènes, tué à Poitiers. Siméon Luce écrit ces lignes après tout fort actuelles si l’on veut bien y changer quelques mots :
    Ce brigandage s’alimentait sans cesse de tous les aventuriers d’Angleterre qui, passant la mer comme des bandes d’oiseaux de proie, venaient périodiquement s’abattre sur le royaume de France pour se repaître. Il fallait un terme à cette émigration malfaisante.
    Tout d’abord, les routiers furent surtout anglais. C’étaient Jean de Fodrynghey à Creil, Jean de Weston à l’abbaye du Val, Thomas Fogg à Auvilliers, Thomas Caun au Neubourg, Guillaume Boulemer à Saint-Valery-sur-Somme, Robin Adez à Lingèvres et Saint-Vaast, Griffon de Galles à Becoiseau, Robin l’Escot à Vailly-sur-Aisne, Rabigot de Dury et Richard Franklin à Monconseil, près de Noyon.
    Et Robert Knolles s’y met aussi, qui en octobre 1358 s’empare de Châteaumeuf-sur-Loire, puis de Malicome et met Auxerre à feu et à sang, le dimanche 10 mars 1359 ; ensuite de quoi, il rançonne sans pitié les survivants. Sa femme, Constance, qui le rejoint, a un train de vie de princesse, des gardes du corps, écuyers, damoiseaux, etc. Elle fait graver sur ses armoiries cette devise : Celui qui prendra Robert Knolles gagnera cent mille moutons (d’or).
    Que dire aussi d’Eustache d’Auberchicourt, quasiment maître des vallées de la Seine et de la Marne ? Au moment où il dévaste la Champagne et la Brie, il est l’amant de la nièce de la reine d’Angleterre : Isabelle de Juliers, comtesse douairière de Kent, qu’il finira par épouser en grande pompe. Emerveillée par ses « exploits », cette princesse lui envoie des chevaux, des haquenées, des lettres d’amour !
    L’Orléanais, soudain, est ravagé par le Ruffin dont la compagnie pille Saint-Amoult, Gallardon, Bonneval, Cloyes, Etampes, Arpajon, Monthéry, Pithiviers, Larchant, Milly, Château-Landon, Montargis, etc., tandis que Knolles dévaste la Normandie. L’on voit alors des paysans se grouper et s’armer ainsi que les manants des petites villes. Ils sont rares, et c’est pourquoi leurs héros ne sont que deux : Guillaume l’Aloue, de Longeuil-Sainte-Marie, et le grand Ferré, de Rivecourt, qui lui succéda peu de temps.
    Les malandrins fraternisent. Beuveries. Quoi de meilleur que des débauches dans les églises et les couvents ! Quel délice au palais peut avoir le vin quand il a été versé dans des calices ! L’internationale du brigandage se forge dans les tueries, les rapines, les viols. Ce Wallon Eustache d’Auberchicourt porte la santé à un Gascon : Jean de Ségur. Croquart de Herck, le Hol landais, salue Martin Enriquez de Pampelune ; le Breton Alain Taillecol, surnommé l’abbé de Malepaye, chahute avec le Gallois Jacques Wyn, et l’Allemand Franck Hennequin, de Cologne, se fait deux amis espagnols : Radigot d’Agreda et Juan Martinez, de Soria. On fraternise dans le vin et le sang. À Creil, la garnison est formée de Goddons et de Navarrais, tandis qu’à Chaversy, une petite forteresse du Valois, tous les hommes sont espagnols. À Creil, particulièrement dévoué à Charles le Mauvais, on trouve un mécréant du nom de Hoppequin Lichefer (!) aux ordres de l’homme qui délivra Charles de Navarre : Jean de Picquigny. Les religieux de Saint-Eloi-aux-Fontaines vivent dans les bois ; ceux de l’abbaye de Notre-Dame-de-Beaupré sont pratiquement réduits en esclavage. Boichart de Molême, prêtre, doit jurer sur l’autel et «  sur le corps du Dieu sacré  » fidélité au capitaine de Ligny-le-Châtel, qu’il le servira de son… écriture. Car il faut à ces hommes incultes des tabellions. Quoi de mieux que des presbytériens, des moines ? On en embauche, par la menace, des centaines. Les nonnes ? Hé bien, quand on s’est rassasié de paysannes et de nobles dames, on entreprend de les pervertir. Il suffit de lire Siméon Luce pour éprouver des frissons et nausées.
    Et c’est l’Archiprêtre qui, menaçant le Pape et

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