Les amants de Brignais
Dormans, évêque de Beauvais, chancelier de Normandie ; Charles de Montmorency ; Jean de Melun, comte de Tancarville, le maréchal de Boucicaut ; Aymart de la Tour, sire de Vinay ; Simon de Bucy, premier Président du parlement, etc. Partis de Paris le 27 avril, ils retrouvèrent Edouard III plus loin que Chartres, à Bonneval et s’entendirent signifier de venir à Chartres où il les rejoindrait. Les négociations commencèrent le vendredi 1 er mai, et le traité fut signé le 8, non pas à Brétigny-sur-Orge comme on le pense communément, mais à Brétigny près de Chartres : Brétigny-lez-Chartres. Ce traité assurait au roi d’Angleterre, Calais, les comtés de Ponthieu et de Guînes, le Poitou, la Sainton ge, l’Angourmois, le Limousin, le Périgord, l’Agenais, le Quercy, le Rouergue, le comté de Bigorre. Edouard III renonçait à ses prétentions sur Boulogne, Normandie, le Maine, l’Anjou, la Touraine, ainsi qu’à tout droit de suzeraineté sur la Flandre et la Bretagne (où d’ailleurs il régnait par alliés interposés).
L’initiale rançon de 4 millions d’écus d’or était ramenée à 3 millions.
Une des clauses du traité contraignait Jean le Bon de livrer, dans les trois mois qui suivraient son retour à Calais (il semble que sa revenue en France, pour accumuler l’or de sa rançon n’ait suscité aucune objection) 80 otages destinés à le remplacer : 40 chevaliers et 40 bourgeois, pris dans 19 villes bien définies, à raison de deux par ville, Paris étant chargé d’en fournir quatre. Ces villes étaient Amiens, Arras, Beauvais, Bourges, Caen, Châlons-sur-Marne, Chartres Compiègne, Douai, Lille, Lyon, Orléans, Paris, Reims, Rouen, Saint-Omer, Toulouse, Tours, Troyes. Quant aux otages « chevaleresques », ils devaient appartenir à ce que le royaume possédait de mieux. Ce furent pour commencer, monseigneur Philippe d’Orléans, fils de Philippe de Valois, ses deux neveux : le duc d’Anjou et le duc de Berry ; le duc de Bourbon, le comte d’Alençon, Monseigneur Jean d’Etampes, Guy de Blois, le comte de Saint-Pol, le comte d’Harcourt, le dauphin d’Auvergne, Enguerrand de Coucy, etc.
Le traité fut signé par le roi de France à la Tour de Londres, le 14 juin, et le 8 juillet, après quatre ans de captivité, il débarqua à Calais où il demeura jusqu’à fin octobre, le traité de Brétigny-lez-Chartres était entériné définitivement dans cette cité le 24 de ce mois.
Deux jours après cette ratification, à Boulogne, eut lieu le versement du premier terme de la rançon convenue, fixé à 600 000 écus d’or. Le roi de France avait fait non seulement appel aux dons volontaires, mais il avait soumis ses sujets sans exception à un emprunt forcé. Or, dans un pays appauvri par la guerre et les troubles des routiers, on réunit péniblement (entre le 8 juillet et le 26 octobre) 400 000 écus, les 200 000 écus obligatoires étant payés en deux fois, le 25 décembre : 100 000 ; le 2 février 1361 : 100 000 (353) et le roi, selon Pétrarque, pour regagner Paris, fut réduit à traiter avec les brigands des Compagnies pour leur payer une rançon garantissant sa sécurité. Il rentra dans la capitale le 12 décembre. Il y reçut un accueil mitigé.
Le reste du paiement de la rançon traîna. Les chevaliers retenus comme otages et qui eussent dû être rapatriés s’impatientèrent et conclurent avec Edouard III une convention onéreuse que l’assemblée d’Amiens refusa de sanctionner. Ici se situe le lamentable épisode de la fuite du duc d’Anjou, prisonnier sur parole à Calais, et parjure. Ce fut, avec l’impossibilité pour Jean le Bon d’acquitter sa rançon au terme juré, la seconde raison de son retour à Londres, en 1364, autant en négociateur qu’en captif : la vie lui était d’ailleurs fort aisée. Largesses, gentilfames et damoiseaux d’humeur accommodante : une vie de Cour. Il mourut là-bas le 8 avril 1364.
ANNEXE VI
LE FESTIN DE ROUEN
Le samedi des Pâques fleuries 1356, après avoir chevauché toute la journée précédente, le roi Jean pénétra dans le châtelet de Rouen précédé d’Arnoul d’Audrehem qui lançait aux curieux sur son passage : « Nul ne se meuve, pour chose qu’il voie, s’il ne veut être mort de cette épée ! » Jean II entra brusquement dans la salle où avait lieu un festin et vit son fils auprès de Charles de Navarre. « Il lança son bras dessus le roi de
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