Les amants de Brignais
à la Tour de Londres).
Toutes les dispositions furent prises en France pour enrayer l’avance des envahisseurs, mais que pouvait on faire contre ces guerriers émérites, – surtout les archers – commandés admirablement ? Gauthier de Masny, parfait serviteur d’Edouard, vint à Calais avec 1 500 hommes d’élite recrutés en Allemagne, en Ha in aut et ailleurs ; Lancastre y débarqua autour de la saint-Rémi (1 er octobre 1359) et le 18 octobre, les anglais étaient en vue d’Amiens où Edouard III, embarqué le 28 octobre, via Calais, les rejoignit. Plus que les hommes d’armes de France, ce fut l’hiver – un hiver rigoureux dans un pays épuisé – qui malmena sévèrement l’orgueil d’Edouard III et sapa le moral de ses hordes. Il était allé, en 1346, jusqu’à Paris, puis à Crécy et à Calais, détruisant tout sur son passage. Cette fois, il avait Reims pour objectif : il fallait qu’il s’y fît couronner.
Les historiens sont en désaccord sur les dates du siège de cette ville. Selon Jules Viard et Eugène Déprez 904), commentateurs des Chroniques de Jean le Bel, roi d’Angleterre fut devant la cité le 4 décembre et y resta jusqu’au 11. Les Chroniques de France situent le jour de l’arrivée en novembre , et rapportent, elles aussi, qu’Edouard dessiégera le 11 janvier. Selon Knyghton, il arriva le 18 décembre et resta sous les murs sept semaines. Selon Walsingham, le siège commença le jour de la Sainte-Lucie (13 décembre) et fut levé le 14 janvier, jour de la Saint-Hilaire. Ce chroniqueur ajoute plus loin qu’Edouard III demeura à Reims jusqu’au cinquième jour de la Saint-Grégoire… ce qui recule son départ jusqu’au 17 mars, puisque la fête en question était le 12.
Or, il est certain qu’Edouard III se trouvait en Bourgogne le 10 mars, puisque ce jour-là, il concluait une trêve avec le duc de Bourgogne, à Guillon. Trêve bienvenue pour lui : il rafla d’un coup 200 000 écus d’or et des provisions.
Il décida de marcher sur Paris. Paris où Charles le Mauvais intriguait toujours contre la royauté française, au profit de l’Angleterre : le samedi 30 décembre, on avait exécuté un bourgeois nommé Martin Pisdœ convaincu d’avoir comploté avec quelques officiers serviteurs du roi de Navarre contre le roi de Franc et le Régent. Ils devaient introduire dans Paris des troupes dont une partie s’emparerait des quartiers d’importance stratégique tandis que l’autre irait au Louvre pour y mettre à mort tous les gêneurs – y compris, sans doute, le régent. La conspiration avait été découverte par un autre bourgeois, Denisot-le-Paumier (352) … un « ami » auquel Pisdœ avait fait des confidences.
LE LUNDI NOIR
Voilà Edouard III dans la région parisienne, qu’il connaît depuis 1346, année où sa chevauchée victorieuse l’avait mené jusqu’à Auteuil. Il loge à Chantteloup, entre Arpajon (anciennement Chastres) et Montlhéry. Arrivé là le mardi 31 mars, il y demeurer jusqu’au 7 avril.
Ses troupes cantonnèrent à Châtillon, Issy, Vanve : Vaugirard et, durant cet intervalle, on entama de négociations de paix. Les plénipotentiaires des deux armées s’assemblèrent le vendredi saint 3 avril 1364 puis le 10. Sans succès. Pour démontrer sa puissance Edouard III réunit toute son armée, qu’il mena sous les murs de Paris, le dimanche de Quasimodo, 12 avril, et en partit vers midi en direction de la Bretagne.
Traversant la Beauce désolée, ce grand superstitieux qui ne faisait rien sans consulter ses « astronomiens » fut saisi d’inquiétude : on lui avait annoncé que les fr ançais avaient fait une incursion à Winchelsea (14 mars 1360). Pour comble de malheur, il eut à subir, comme tous ses hommes, les énormes désagréments du lu ndi noir : un cyclone dévasta son charroi, d’énormes grêlons tuèrent ses hommes et des centaines de chev aux . Ce ne fut plus en conquérant, mais en victime du mauvais sort qu’il songea à la paix. On vit aller et venir, à cheval et en carrosse, quantité de médiateurs. Tant d’Eglise que de la noblesse : la nouvelle venue d’Edouard III devant Paris avait eu plus d’effet qu’en l’été 1346 ! Ceux du Pape : Gilles Ancelin de Montagne, évêque de Thérouanne ; Audouin de la Roche, abbé de Cluny ; Simon de Langres, maître des Frères Prêcheurs et Hugues de Genève, seigneur d’Authon. Les plénipotentiaires du Régent : Jean de
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