Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les amants de Brignais

Les amants de Brignais

Titel: Les amants de Brignais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
Navarre et le prit par la keue et le tira moult roide contre lui en disant "Or, sus, traître, tu n’es pas digne de seoir à la table de mon fils. Par l’âme de mon père, je ne pense jamais à boire ni à manger tant comme tu vives ! " » (Froissart). Colinet de Bléville, écuyer tranchant, fut courroucé. Il porta son badelaire contre la poitrine du roi en le menaçant de l’occire. Jean II le désigna aussitôt à ses compagnons : « Prenez-moi ce garçon et son maître aussi ! » Massiers et sergents d’armes obéirent.
    Les autres convives, statufiés, attendaient, parmi lesquels Louis et Guillaume d’Harcourt, frères de Jean, comte d’Harcourt ; les seigneurs des Préaux et de Clère ; Friquet (Freluquet) de Fricamps, chancelier du roi de Navarre ; le sire de Tournebu, Maubue de Mainemares, le sire de Graville 132 et les deux écuyers, Olivier Doublet et Jean de Vaubattu ne cherchèrent pas à se défendre. Charles le Mauvais fut emmené dans une chambre tandis que Charles de Normandie, à genoux et mains jointes, suppliait son père de renoncer à la vengeance qu’il pressentait.
    Pour rendre cette scène moins pénible, Froissart écrit que le futur roi de France était un enfant. Fausseté : né le 21 janvier 1337, le dauphin avait 18 ans. Le roi hurla à la trahison. Son fils était « dans le coup ». Une pièce rapportée par l’érudit Denis-François Secousse dans son volume sur les Preuves montre que le roi de Navarre avait persuadé le duc de Normandie de s’enfuir de France et de se placer sous la protection de l’empereur Charles IV pour venir, ensuite, attaquer son père en force. Les noms de ceux qui devaient l’accompagner sont mentionnés dans la lettre de rémission en date du 6 janvier 1355 (1356 en ne commençant pas l’année à Pâques). Charles, toujours maladivement craintif, craignit, outre de passer pour un couard (ce qu’il était) de passer pour un félon envers les dîneurs arrêtés. Il ne refusa pas d’assister à la décapitation de certains de ses complices sur le billot du Champ du Pardon. Il tenait à s’assurer qu’on leur tranchait le col : ainsi, ils ne « cafteraient » pas. C’étaient Jean, comte d’Harcourt, le sire de Guerarville dit Jean de Graville, Maubue de Mainemares et Olivier Doublet qui pouvait aussi s’appeler Collinet de Bléville.

 
ANNEXE VII
     
LA VÉRITÉ SUR JEAN MAILLART ET
PÉPIN DES ESSARTS
     
     
     
    Parmi les fausses gloires de la Guerre de Cent Ans figurent en assez bonne place deux individus des plus louches : Pépin des Essarts et Jean Maillart. Depuis quelques trois siècles, des historiens superficiels les ont béatifiés pour leur dévouement au fils de Jean le Bon, captif en Angleterre, alors qu’ils furent les satellites d’Etienne Marcel jusqu’au dernier souffle de cet homme qui n’eut qu’un but : le profit, et qu’un idéal : le pouvoir.
    Ce serait posthumement accorder trop d’honneur au prévôt des marchands que d’en résumer l’existence. Ce misérable aventurier ne dédaigna point de s’allier aux Jacques, à Charles le Mauvais et aux Anglais pour exercer sur Paris et la France une sorte d’autoritarisme républicain. L’on peut à juste raison s’étonner que ce mercanti en habits de velours et de soie, traître, parjure, « combinard » à l’excès, et qui voulut bazarder la France aux Goddons, ait été « honoré » d’une statue équestre entre Notre-Dame et l’Hôtel de Ville. Il est vrai, non loin d’un bazar…
    Le rôle de Pépin des Essarts (ou Papin des Essars, les deux prénoms étant les diminutifs de Philippe) dont on fait un loyal sujet du dauphin de France, est aussi trouble et douteux, lors de l’assassinat d’Etienne Marcel, que celui de Maillart. Ce héros des manuels d’histoire de France, armé chevalier dès les premiers mois du règne de Jean II, est mentionné, le 28 janvier 1351, à propos d’une rixe avec les gens du guet. Il était apparenté à Marguerite des Essarts, seconde femme d’Etienne Marcel, « et il se peut qu’il ait été son frère  », a écrit Roland Delachenal dans un commentaire de la Chronique de Jean II et de Charles V.
    Pépin ne fut rien d’autre qu’une espèce de crapule. Si, dans la matinée du 31 juillet 1358, avec son frère Martin, il exécuta Josseran de Mâcon, trésorier du roi de Navarre, ce ne fut point par patriotisme mais pour éliminer un témoin de ses accointances avec Charles le Mauvais et

Weitere Kostenlose Bücher