Les amants de Brignais
emmené à Libourne (2 octobre 1356) puis à Bordeaux par son vainqueur, le prince de Galles. Des trêves pour deux ans y furent conclues, le 23 mars 1357, à l’instigation des cardinaux de Périgord et d’Urgel envoyés par le Pape afin de réconcilier Edouard III d’Angleterre et le roi de France. Ces trêves devaient cesser au jour de Pâques 1359, inclusivement.
Dès le 20 mars 1357, le roi d’Angleterre avait ordonné d’accomplir dans la Grande II e tous les préparatifs nécessaires pour recevoir son fils et son royal prisonnier. Ils débarquèrent à Plymouth et firent leur entrée à Londres le 24 mai. Il semble que le roi d’Angleterre ait été plus enclin à rédiger un traité avec son autre ennemi, l’Ecossais David Bruce (paix signée Berwick, le 3 octobre 1357) qu’avec Jean le Bon.
Pendant toute l’année 1357, Innocent VI pressa le souverain anglais de faire la paix avec la France. Le 29 mai, il le félicita pour la conclusion des trêves de Bordeaux, et le 27 novembre, dans une nouvelle lettre il le pria d’en finir. Ses émissaires allèrent en Angle te rre munis de lettres de sauf-conduit délivrées par Edouard III (1 er , 3 et 15 juin), puis des lettres de sauvegarde (3 septembre, 5 décembre) : démarches quasiment inutiles. Des fêtes furent données à Londres, « au Castel de Vindessore » en l’honneur du roi Jean, à la fin de cette année-là, et reprirent pendant les premiers mois de 1358. Le vaincu de Poitiers avait été placé, sous la garde de Roger Beauchamp, au château de Hertford où David Bruce avait été retenu prisonnier.
Le bruit de la conclusion de la paix entre la France et l’Angleterre courut à Paris vers le milieu du mois de décembre 1357. Le 27 janvier 1358, Jean le Bon envoya des messagers à son fils, le dauphin Charles, régent du royaume, pour lui présenter les propositions de paix des Anglais. Ces propositions prévoyaient une rançon de 4 millions d’écus d’or et des clauses territoriales si sévères qu’elles furent rejetées. Pour ajouter au désarroi de tout un peuple, ce fut alors que l’Archiprêtre Arnaud de Cervole et ses routiers ravagèrent la Provence, Robert Knolles et ses hommes d’armes, la Normandie, Ruffin et ses « armées » le pays entre Seine et Loire, et que la Jacquerie commença (28 mai) !… Sans oublier, évidemment, les constants ravages de Charles le Mauvais avec lequel, pour obtenir une tranquillité qu’il savait éphémère, le régent se résigna à conclure le traité de Pontoise (21 août 1358).
Munis d’un sauf-conduit daté du 11 mai 1359, les représentants du régent essayèrent de minimiser les propositions anglaises. Ils revinrent à Paris le 19, porteurs de nouvelles offres. C’étaient Guillaume de Melun, archevêque de Sens ; les comtes de Tancarville e t de Dammartin, le maréchal Arnoul d’Audrehem, le Seigneur d’Aubigny. Les premiers états véritablement généraux (langue d’oc et langue d’oïl) réunis à la Cité ? 25 mai 1359 apprirent avec stupeur qu’Edouard III demandait, au lieu de la moitié de la France, comme précédemment, un bon tiers du territoire avec toutes les côtes de Calais aux Pyrénées (ce que les Allemands exigèrent en 1940) et des otages de sang royal comme gages de la rançon exorbitante voulue pour la libération de Jean le Bon… qui, d’un cœur léger, avait agrée à ces propositions le 24 mars (1359) !
Cette attitude ne fit pas que déplaire : elle courrouça les représentants de la noblesse, de la bourgeoisie et du peuple qui reçut lecture des conditions anglaises dans la cour du Palais – lecture faite par Guillaume de Dormans, avocat général. Des subsides furent immédiatement votés pour la continuation de la guerre, et le échanges d’émissaires ne troublèrent en rien la volonté des ennemis de s’entretuer.
DES GUERRIERS ÉMÉRITES
Edouard III se prépara donc pour une nouvelle expédition en France. Le 5 juin, il ordonna que revinssent à Sandwich tous les vaisseaux nécessaires au transport de ses troupes ; le 10 juillet, il fit enrôler les charpentiers, maçons, forgerons dont il pourrait avoir l’utilité et le 12 août, par lettres à l’Archevêque de Cantorbery il fît l’annonce de son expédition. En même temps qu’il demandait aux prélats et aux clercs l’assistance de leurs prières, il faisait enfermer Jean le Bon à Sommerton (où il demeura jusqu’en mars 1360 avant d’être transféré
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