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Les amants de Brignais

Les amants de Brignais

Titel: Les amants de Brignais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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selon Paillart, a l’intention de se joindre à eux pour devenir leur conduiseur… Si ces malandrins acceptaient d’en faire leur… suzerain, il disposerait d’une armée telle que nos chevaliers, écuyers, mercenaires, piétaille du ban et de l’arrière-ban ne pourraient lui résister. La France alors serait le royaume des loups !… Mon cousin Edouard ne perdrait pas l’occasion de se joindre à eux… Notre pays cesserait d’exister. C’est une conjecture… terrifiante… »
    « Sire, que dois-je faire ?… Dites-moi… Ce péril me donne des sueurs ! »
    Jean II avait soupiré. Après avoir passé sa dextre devant ses yeux, comme pour en chasser des images horribles, il avait repris d’une voix plus nette :
    « Il vous faut aller voir sur place. Savoir combien d’hommes se sont réunis ou vont s’assembler en un lieu assez vaste pour les contenir… Apprendre quels en sont les capitaines… Méditer sur les moyens d’anéantir cette pendais… Et si vous voyez passer Charles, mon gendre, l’occire proprement ! Allons, venez, nous sommes attendus chez Jean III de Chalon-Auxerre…
    Jean II s’était mis à marcher d’un pas lourd, comme si de gros fers entravaient ses chevilles.
    « Ah ! Castelreng, si vous le pouviez voir… Simplement ! Cette fois, croyez-moi, je sévirais sans hésiter. Mais cela me semble une espérance bretonne (1) 77 .  »
    Un silence. Le souffle du roi y avait pris une importance gênante : on eût dit celui d’un mourant.
    « Vous m’avez toujours parfaitement servi, Castelreng. Vous souvenez-vous de notre passage au marché de Meaux ? Je n’ai jamais vu si beau tençon (1) 78 que celui qui opposa, ce jour-là, Fouquant d’Archiac et Maingo Maubert. Une bataille un contre un à emprise de volonté. Et ce fut le soleil, finalement, qui gagna . C ’est grâce à lui, si je puis dire, que j’obtins pour le dauphin le beau cheval du vaincu ! »
    Le roi était reparti dans ses songes chevaleresques. C’était vrai que les gens groupés autour de la place du marché de Meaux avaient assisté à une bataille comme ils n’en verraient jamais plus.
    « Souvenez-vous, Castelreng… Le cheval d’Archiac se desraye et notre chevalier se trouve à pied, en peine de requérir son rival à cheval… Il fait chaud… Un brasier… Archiac va s’asseoir sur une escabelle qui est au bout des lices… Maingot est si las, lui aussi, qu’il s’empêtre les rênes dans une des tassettes de son armure… Il tombe !… Alors, Archiac, l’épée haute, s’avance vers lui à très grande peine… Et lorsqu’il va l’occire, il s’aperçoit qu’il est mort !… Donnez-moi votre pensée, Castelreng : Maingot doit-il avoir un chien aux pieds de son gisant ? Y mettriez-vous un lion ? »
    La réponse était malaisée (1) 79 . Pas de chien, certes ;
    « Sire, en vérité, le soleil a gagné… Mais je ne vois pas ce que ferait une espèce de galette dorée près des éperons de Maingot Maubert ! »
    Le roi s’était ébaudi. Cette repartie, sans doute, il la répéterait.
    « Vous avez de l’esprit, Castelreng, et méritez ma confiance ! »
    « J’en avais assez d’ouïr tous ces propos. Je craignais de tomber dans la gueule du loup… Je suis tombé d’abord dans celle d’une louve… Au vrai, cette Perrette est une gaupe qui mériterait qu’on la jette à une compagnie de routiers. »
    Deux bras le serraient très fort. La nuit se plombait au-dessus de sa tête.
    – Messire… Messire…
    Comme il s’était trouvé bien loin, tout à coup, des malandrins dont il était victime ! « Défiez-vous-en », lui avait dit Jean II. Il s’en était défié. Maintenant, il allait devoir jouer serré.
    Bagerant ne disait mot. Ni aucun homme. Les chevaux et mulets traversaient des pâtures et parfois , dressé sur ses étriers, Tiercelet se soulevait autant pour décharger l’arrière-train de son Blanchet que pour voir si Oriabel et son compère se comportaient sagement. La nuit vide bourdonnait et cliquetait sous les fers et les armes. Des crêtes, çà et là, se découpaient comme des flammes bleues, immobiles.
    – Tout va bien, m’amie ?
    – Fort bien si l’on peut dire.
    Tristan soutenait le mors de son moreau et ils plongeaient tous trois dans l’épaisseur d’un boqueteau aux feuilles luisantes comme des pointes de lances et d’épieux, dans le sombre sillage de ces hommes dont l’odeur supplantait celle des herbes et de la

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