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Les amants de Brignais

Les amants de Brignais

Titel: Les amants de Brignais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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pierres brutes, parfois déchaussées d’un mortier craquelé, Oriabel avait demandé : « Sais-tu vraiment où nous sommes ? » Il s’était fixé aux quelques explications hâtives de Tiercelet :
    – Ici, c’est le Mont-Rond et le Bois-Goyet, l’un fortifié, l’autre non, à ce qu’il semble. Derrière, entre ces deux monts et cet autre, à senestre – le Tertre – c’est Saint-Genis… Si nous nous tournons plus au Nord, ces deux bosses ont pour noms le Janicu et le Bonnet…
    Pour y avoir observé çà et là, constamment, quelques luisances brèves, Tristan était certain que les chefs de compagnies avaient rassemblé plusieurs centaines d’hommes sur chacune de ces hauteurs. Plutôt que de venir de Lyon par Saint-Genis, l’armée royale, si elle décidait d’assaillir les routiers, arriverait dans la plaine de Sacuny, fort large, où vingt chevaux pou vaient bider (250) ou galoper de front. En outre, d’une poussée de cavalerie, le château serait atteint et vivement cerné par la piétaille.
    –  Si tu vois venir, au-delà du Janicu et du Bonnet, des brillances innombrables, aucun doute : ce seront Tancarville, Bourbon et l’ost bien fourni. Jamais, à moins que les maréchaux et capitaines n’aient perdu la raison, ils ne viendront par Saint-Genis : la vallée est droite, propice aux embûchements… Ils accourront vers ce château qu’ils croiront plein d’hommes, et ce sera le piège : après l’avoir encerclé, ils seront encerclés à leur tour !
    –  Mais alors, pourquoi ces défenses au Mont-rond ? Pourquoi ces hommes au Bois-Goyet ?
    Tristan croyait comprendre :
    – Tous les malandrins s’attendent à la venue des guerriers du roi par la voie que je t’ai dite. Ils les assailliront au Bonnet et au Tertre, conjointement, puis, au Janicu, s’ils progressent. Comme les montagnes des Barolles les contiendront, ils leur feront opposition, non seulement en ce château, mais tout au long du chemin d’Irigny, de sorte que cherchant une diversion et voyant le Bois-Goyet et le Mont-Rond occupés aussi par la truandaille, les chevaliers galoperont vers eux sans se douter que ces démons se sont bellement pourvus en défenses. Je ne connais rien à l’art de la guerre, pour autant que c’est un art, mais s’il doit y avoir une grande bataille, elle aura lieu dans la plaine de Sacuny d’abord, dans celle des Aiguiers ensuite, et finalement dans celle des Basses-Barolles avec les débordements derniers – et meurtriers – du Bois-Goyet et du Mont-Rond… Vois-tu, c’est une bonne chance pour les hommes de Justice que nous soyons au début du printemps. La terre est froide encore de l’hiver, et les eaux de pluie qui forment çà et là de petits marécages ne l’on pas trop imprégnée. Dans deux mois, un affron tement serait folie en de tel lieux : les chevaux et les hommes chargés de fer et d’acier s’y embourberaient. En ce début de mars, la bataille est possible . Et si les ondées sont rares, elle pourra se faire au commencement du prochain mois.
    – Que ferons-nous alors ?
    – Si nous pouvons guerpir au plus fort des mêlées il nous faudra courir jusqu’au Garon et y patauger soit vers l’amont soit vers l’aval en priant Dieu de ne pas tomber sur quelque compagnie de réserve.
    – Et tu crois que cette male gent sera vaincue ?
    – Bien sûr.
    Cependant, plus il persuadait Oriabel de sa confiance, plus il énumérait ses raisons d’espérer, plus les arguments dont Tristan disposait afin de rassurer la jouvencelle lui paraissaient faibles et mal fondés. Tout aussi fermement qu’elle, il cherchait à se rassurer quant à la force de cette armée, aux capacités d’ardeur, de courage et d’obéissance des archers, arbalétriers, vougiers, guisarmiers ; au discernement des seigneurs qui les conduiraient. Plus encore que la perfidie et la témérité des capitaines de Brignais et de leurs meutes, il craignait, comme avant le massacre de Poiriers, la jactance et l’entêtement des maréchaux. Toutes ses prévisions lui semblaient hasardeuses, sauf une : si l’armée royale, décidée à la bataille, précédait le retour de Tiercelet, Bagerant placerait Oriabel en lieu sûr et l’inviterait instamment, lui, Castelreng, à mettre sa Floberge au service des Compagnies.
    – Et tu le ferais ? s’inquiéta Oriabel un soir qu’il revenait sur ce sujet.
    –  Pour protéger ta vie, je me vendrais au diable.
    – Sans

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