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Les amants de Brignais

Les amants de Brignais

Titel: Les amants de Brignais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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mate, impérative :
    – Tire ta lame, je veux savoir ce que tu vaux.
    – À quoi bon te l’apprendre !
    – Tire ta lame !
    – Crois-tu que ce soit nécessaire ?
    – Bagerant est d’accord et c’est lui qui m’envoie. Accepte ou tu vas passer pour un couard.
    – Je ne le suis pas. J’en ai assez de manier l’épée. N’en as-tu pas aussi ta suffisance ?
    Il éprouvait soudain une secrète angoisse. Il s’était souvent demandé par quel subterfuge Bagerant lui ferait affronter son écuyer. Il l’apprit d’un seul jet :
    – Si tu refuses, ta beauté périra… Viens voir ce qu’on a fait de ton Oriabel.
    Il suivit Héliot.
    Elle était attachée au-dessus d’un bûcher, les mains liées par de grosses chaînes, le corps adossé à un poteau par des cordes aussi noires et visqueuses que les couleuvres de la Langue d’Oc. Ses longs cheveux défaits s’épandaient sur ses épaules nues et, tête basse, elle n’osait regarder la foule des truands assemblés autour d’elle, tous avides d’assister à son supplice.
    – Alors, Castelreng, la veux-tu délivrer ?
    Le cœur fou, la bouche scellée sur un cri de rage désespérée, il devinait combien la précarité de leur existence allait enfin parvenir à son terme. Il ne lui survivrait pas. Il se sentait tout à coup fragile, victime du monstrueux ascendant d’un Bagerant et de la concupiscence effrénée d’un Héliot.
    – Immondes !… Vous êtes immondes !
    – M’affronteras-tu ?
    Le coquin exerçait sur lui, Tristan, un attrait monstrueux. Il riait dans l’ombre de son maître et demandait d’une voix que la certitude de vaincre altérait :
    – Te faut-il tout un jour pour me dire oui ou non ?… Quand vas-tu te décider ? L’aimes-tu donc si peu pour balancer ainsi ?
    – Je l’aime et te le vais prouver.
    Le sourire était morne et le cœur des Castelreng barattait un sang glacé.
    – Quand veux-tu ?
    – Maintenant.
    – Où ?
    – Dans ce pré. Nos compères s’écarteront. Nous aurons de l’espace.
    – Quelles armes ?
    – Toutes.
    – À pied ?
    – À cheval.
    – Je n’ai point d’armure.
    – On te pourvoira en tout.
    On lui avait fourni une cervelière, un jaseran, des jambières ; un écu d’azur à trois léopards d’or ; une épée et une hache d’armes. Il disposerait d’un cheval bl anc. Héliot monterait un roncin noir. Son écu échiqueté d’argent et de sable semblait neuf et intransperçable.
    –  Oriabel !
    La jouvencelle restait sourde à ce cri. Immobile, toujours, elle baissait une tête cireuse, pétrie de frayeur et le désespérance.
    –  Oriabel !
    À peine avait-il hurlé qu’un galop lui signifiait de se défendre. Héliot se précipitait sur lui.
    Il empoignait sa hache et la serrait très fort…
    – Tu me fais mal.
    Il sortit des ténèbres la bouche pleine d’un sang imaginaire. Ce qu’il serrait, c’était le poignet d’Oriabel dont les yeux, dans l’ombre de l’aurore, semblaient emplis de larmes.
    – Tu m’as fait très mal.
    – Pardonne-moi, dit-il, penaud et transi d’une fureur qui, maintenant, s’en allait en lambeaux. C’est bien la première fois que je me surprends à busner (249) .
    Il entrevit la clarté d’un sourire.
    – Tu pensais à moi ? Tu étais près de moi ?
    – Oui, ma belle.
    – Que faisais-tu ?
    – Je te défendais.
    – Oh ! Ça, dit-elle en étouffant un bâillement, ce n’est pas une nouveauté.
    Il s’aperçut qu’il tremblait et demeurait sur une impression de soulagement et d’expectative. Il eût voulu pouvoir réintégrer son rêve et en finir avec Héliot. Géhenner ce démon, l’exorciser de ses songeries avant que de l’exclure des vivants devait, pour cette nuit, devenir son dessein. Quelle déception de l’avoir en quelque sorte épargné !
    Bien qu’il eût clos fermement ses paupières, son retour au combat ne fut point exaucé : en bas, des cris venaient de jaillir. Et des rires. Une femme hurla. Viol ou meurtre. Les deux peut-être, l’un précédant l’autre.
    Ne plus ouïr ces voix porteuses de mort. Elles n’effrayaient pas qu’Oriabel. À imaginer ce qui se passait, le cœur lui montait à la bouche et si son cœur frissonnait toujours d’une espèce d’angoisse, l’affrontement qui infectait son imagination n’en était plus cause.
    Oriabel avait-elle entendu ? Dormait-elle à présent ? Songeait-elle à Tiercelet ?
    « Je me dois d’occire

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