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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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tronc,
écarta les ronces et les broussailles qui formaient une espèce de
plancher, puis il dit :
    « Vous pouvez monter, monseigneur. »
    Roland saisit son père dans ses bras. Et pareil à Énée emportant
son père Anchise, il monta avec son fardeau sur l’épaule.
    Scalabrino s’était laissé glisser au fond du trou que formait le
creux du tronc.
    Roland saisit alors son père sous les deux aisselles et le fit
descendre jusqu’à Scalabrino qui le saisit dans ses bras.
    Alors Roland sauta à son tour. Il étendit le vieillard sur une
couche sommaire qui avait été préparée dans la journée, puis le
couvrit de quelques bonnes couvertures de laine.
    L’aveugle s’endormit presque aussitôt.
    Alors Roland et Scalabrino regagnèrent le sommet du tronc, et
Philippe, à son tour, se laissa tomber dans cette sorte de chambre
où il devait passer la nuit près du vieux doge.
    Quelques instants plus tard, Roland et Scalabrino, ayant enlevé
l’échelle, avaient regagné la maison.
    « Maintenant, dit Roland, nous allons voir jusqu’à quel
point Gennaro est capable de trahison. »
    On se souvient de l’entretien qui avait eu lieu dans la mâtinée
entre Roland Candiano et le chef de police. On se souvient qu’en
quittant Candiano le chef de police avait demandé :
    « S’il survient un incident grave, où dois-je vous faire
prévenir ? »
    Et que Roland fixant Gennaro, avait répondu :
    « À la maison de l’île d’Olivolo où je serai seul… avec mon
vieux père. »
    Roland avait pénétré le chef de police jusqu’à l’âme.
    Il s’attendait à être attaqué.
    On vient de voir qu’il avait pris ses mesures pour mettre son
père en sûreté.
    Quant à ce qui le concernait lui-même, il était résolu à
attendre simplement les événements, et à agir en conséquence.
    Il avait raconté à Scalabrino sa conversation avec le chef de
police et avait ajouté :
    « Il est inutile de prévenir nos compagnons. Une action
bruyante, en ce moment, compromettrait bien des choses. »
    Scalabrino avait approuvé d’un signe de tête, et avait
dit :
    « À nous deux, nous suffirons. »
    Lorsqu’ils furent rentrés dans la maison, après avoir mis le
vieux Candiano en sûreté, Scalabrino dit :
    « Il n’y a qu’un chemin pour venir ici : ceux qui nous
attaqueront, s’ils viennent, sont obligés de longer l’église. Je
vais donc me mettre en surveillance à Sainte-Marie, afin que nous
soyons prévenus à temps. S’ils sont trop nombreux, monseigneur, je
ne vous laisserai pas faire la folie de rester ici.
    – Va, dit Roland. Je t’attends. »
    Scalabrino s’élança aussitôt au-dehors.
    Roland laissa la porte entrouverte.
    Il éteignit les deux flambeaux, puis il s’assit dans un
fauteuil.
    Et dans l’obscurité, il attendit, rêveur.
    À quoi songeait-il à ce moment où avec une sorte d’insouciance,
ou plutôt avec une folle témérité où perçait son désir de mort, il
risquait sa vie ? Était-ce à Gennaro, qu’il avait dompté, et
dont il voulait peut-être connaître la vraie pensée ?
    Était-ce à ceux qui avaient déjà succombé, englobés dans son
œuvre de vengeance ?
    Revoyait-il les fantômes de Jean de Médicis, de Sandrigo, de
Bembo, de Grimani, d’Imperia, de tous ces morts qui semaient la
route qu’il parcourait ?
    Songeait-il à la fin si triste et si touchante de la petite
Bianca, ou au dévouement de la pauvre Juana ?
    Sa pensée, au contraire, courait-elle au-devant de ceux qu’il
devait frapper encore ? Dandolo… Foscari… Altieri… ?
    Ou plutôt, évoquait-il, dans son amour désespéré, l’image de
cette Léonore qu’il n’avait cessé d’adorer depuis le jour si
lointain de leur première rencontre ?
    Qui pourrait le dire ?
    Tout à coup, une ombre se glissa dans la pièce obscure et, près
de lui, Scalabrino murmura :
    « Ils viennent !…
    – Combien sont-ils ? demanda Roland.
    – Quatre.
    – As-tu reconnu parmi eux Guido Gennaro ?
    – Non… et même il me semble que ces hommes ne sont pas des
sbires ordinaires. On dirait des officiers. »
    Roland demeura silencieux.
    Les nouvelles rapportées par Scalabrino le déconcertaient.
    « Peut-être ne viennent-ils pas ici ? »
murmura-t-il.
    À ce moment, il entendit distinctement crisser le sable du
jardin sous des pas furtifs. Rapidement, il glissa quelques mots à
l’oreille de son compagnon, qui répondit à voix basse :
    « Bon, j’ai

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