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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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caprice de fiancé. Et puis, tenez,
j’ai comme une inquiétude qu’elle ait refusé d’assister à cette
fête donnée pour elle, je voudrais savoir…
    – Les motifs ? interrompit Imperia avec ce rire de
folie qui finissait par provoquer une sorte d’épouvante chez
Sandrigo… je puis vous les dire moi-même, mon cher. Bianca vous
déteste… Bianca a horreur de vous… Pourquoi songer à elle qui vous
abhorre, quand vous êtes près de moi qui vous adore ?…
Regardez-moi… Je le veux ! Je veux toute ta pensée, ô mon
amant, tout ton amour, je te veux tout entier… Tu veux donc que je
souffre ? Tu veux donc que de nouvelles jalousies viennent
encore m’enfiévrer ? »
    Elle s’exaltait, enlaçait Sandrigo de ses deux bras nus.
    Mais Sandrigo, cette fois, la repoussait.
    « Je veux la voir ! dit-il nettement.
    – Tu veux la voir ! » s’exclama la courtisane
d’une voix rauque.
    Maintenant ses yeux étincelaient, sa gorge s’enflammait. La
folie érotique prenait la forme de folie de rage, et l’hystérie
devenait fureur. Son rire éclata, plus strident :
    « Cours donc après elle, comme l’autre ! »
    Sandrigo lui saisit les mains, devenu livide.
    « Que veux-tu dire ?
    – Qu’elle n’est plus à Venise ! râla-t-elle en
cherchant encore à enlacer son amant. Qu’elle s’est sauvée,
entends-tu ! Et qu’en ce moment, l’évêque, le Bembo sordide et
hideux, doit l’avoir atteinte… »
    Sandrigo avait poussé un rugissement de rage et de désespoir. Il
se rua sur la courtisane, l’étreignit, la renversa.
    « Tue-moi ! dit-elle dans un sourire de folle.
    – Où est-elle ? Parle, misérable,
parle ! »
    Il serra les mains agrippées à la gorge.
    Subitement l’instinct de vivre se réveilla chez Imperia.
    « Je ne sais pas, dit-elle, je le jure !
    – Et Bembo ? gronda l’homme.
    – Route de Mestre…
    – Route de Mestre ! Oh ! Je comprends
tout ! »
    Il se releva d’un bond.
    « Au port ! hurla-t-il au barcarol, au port !
vite ! vite ! »
    Il ouvrit violemment les rideaux, les déchira, hagard, livide de
rage… Au même instant, un hurlement d’épouvante lui échappa :
le barcarol était debout devant la tente, et dans ce barcarol, aux
rayons de lune, comme dans un effroyable cauchemar, il
reconnaissait Scalabrino.
    Scalabrino vivant !
    Scalabrino sur la gondole d’Imperia !
    Scalabrino qui avait été précipité dans la cave de l’Ancre-d’Or
et de qui Sandrigo avait entendu les râles d’agonie !
    « Spectre ! bégaya le bandit, spectre
horrible ! »
    Scalabrino ne dit pas un mot. Son bras se leva et s’abattit dans
un geste foudroyant. Le poignard entra jusqu’à la garde dans le
sein du bandit, et Scalabrino dédaigna de l’en retirer.
    Sandrigo se renversa en arrière, sans une plainte, et tomba dans
la tente, replié sur lui-même, les yeux clos, et le manche du
poignard formant croix sur la poitrine.
    Imperia avait assisté, glacée d’horreur, à cette scène de
cauchemar.
    Elle ne s’évanouit pas et vit alors Scalabrino s’approcher
d’elle.
    « Le père de Bianca ! » râla-t-elle.
    Scalabrino entendit.
    « Oui ! dit-il d’une voix grave, le père de
Bianca ! »
    Et il la saisit par les cheveux et l’entraîna à l’arrière de la
gondole. Imperia n’opposa aucune résistance ; mais ses lèvres
tuméfiées d’horreur murmurèrent :
    « Addio l’amor, addio la vita !… Adieu l’amour, adieu
la vie ! »
    Scalabrino l’empoigna, la souleva au-dessus de sa tête dans ses
bras puissants, et, debout, sur l’étroit rebord de la gondole, cria
un seul mot :
    « Giustizia ! »
    Au même moment, il laissa retomber dans l’eau la courtisane, qui
s’enfonça presque aussitôt et disparut dans un remous…
    Le mouvement que Scalabrino imprima à la gondole fit chavirer
l’embarcation et il tomba dans le canal.
    À cet instant, à une vingtaine de pas, un cri retentit dans la
nuit.
    Scalabrino n’entendit pas ce cri. Il se mit à nager
vigoureusement, atteignit bientôt le quai, et bientôt il eut
disparu.

Chapitre 7 LE PREMIER BAISER D’AMOUR DE JUANA
    Le cri qui venait de déchirer l’espace s’élevait de la petite
barque perdue dans la nuit, suivant le sillage de la gondole.
    Juana, debout à l’avant, les bras tendus dans un geste de
désespoir et d’imprécation, avait assisté, impuissante, à la
terrible scène qui venait de se dérouler en quelques secondes.
    Que

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