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Les Amants De Venise

Titel: Les Amants De Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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était sur lui, la chose lui paraissait incontestable.
    Seulement, retrouverait-il sa trace ?
    Là, Bembo commençait à se rassurer.
    « L’Italie est vaste. Comment supposera-t-il que je me
réfugie à Rome plutôt qu’ailleurs ? Et puis, même s’il apprend
que je suis à Rome, aura-t-il intérêt vraiment à me
rejoindre ? Que voulait-il ? Se débarrasser de moi parce
que je le gênais dans Venise. Eh bien, je cesse de le gêner,
puisque je m’en vais ! Et puis encore, même s’il me poursuit
de sa vengeance, Rome n’est pas Venise. Là-bas, je serai
tout-puissant. Là-bas, le pape lui-même devra me
protéger… »
    En raisonnant ainsi, il espérait se débarrasser de ce sentiment
de terreur qui le poussait à courir. Mais il n’y arrivait pas, et
quoi qu’il dît, il sentait en lui-même que Roland serait
implacable.
    « Fuyons toujours ! »
    Il allait dans la nuit comme un insensé, l’oreille aux aguets,
les yeux démesurément ouverts pour pénétrer l’obscurité,
tressaillant à la vue d’un buisson, se jetant à plat ventre lorsque
craquait une branche derrière lui…
    Au bout de deux heures de cette marche, il fit un brusque
crochet sur sa gauche et rejoignit la route de Padoue, route mal
tracée d’ailleurs, creusée d’ornières que les pluies avaient
remplies d’eau, et que les cyprès indiquaient seuls d’une façon
positive.
    Il faisait jour lorsque le cardinal entra dans Padoue.
    Son premier soin fut d’acheter un bon cheval et un équipement
complet de cavalier ; quant aux vêtements qu’il portait, il en
fit un paquet qu’il jeta plus tard dans un endroit écarté.
    « L’Arétin, grogna-t-il, peut bien avoir donné une
description exacte de l’équipement que je portais. »
    Ainsi transformé, et s’étant copieusement restauré dans une
bonne auberge où il dormit deux heures, Bembo monta à cheval, vers
dix heures du matin, sortit de la ville et prit au grand trot la
route de Ferrare.
    Il traversa rapidement la haute Italie, passant par Ferrare et
Bologne, et au bout de quelques jours, se trouva au pied des
Apennins qu’il lui fallait franchir pour continuer sa marche sur
Rome.
    Il arriva ainsi jusqu’au village de Firenzuola, dont le nom
signifie petite Florence. En effet, ce village se trouve sur le
versant nord des Apennins, et Florence lui fait, pour ainsi dire,
vis-à-vis sur le versant méridional.
    À Firenzuola, il n’y avait qu’une auberge.
    Bembo, jugeant suffisante la distance qu’il avait mise entre lui
et Roland, se décida à y passer la nuit. En effet, la nuit tombait
au moment où il mettait pied à terre devant l’auberge, tandis que
l’aubergiste empressé accourait pour lui tenir l’étrier.
    Bembo dîna de très bon appétit dans la salle commune, puis
appelant l’hôte.
    « Votre auberge, dit-il, ne m’a pas l’air très
fréquentée.
    – Hélas ! monseigneur, à qui le dites-vous ? S’il
ne m’arrivait de temps à autre un cavalier de bonne prise comme
Votre Seigneurie, il y a longtemps que je serais à la
mendicité.
    – Ainsi, il n’y a personne dans l’auberge, en ce
moment ?
    – Personne autre que vous, monseigneur.
    – Bien ; je désire passer la nuit ici.
    – Nous avons des lits excellents. Votre Seigneurie n’aura
jamais aussi bien dormi.
    – C’est justement ce qu’il me faut. Montrez-moi donc un de
ces fameux lits.
    – À l’instant même, monseigneur ! s’écria l’aubergiste
en saisissant un flambeau. Si Votre Excellence daigne prendre la
peine de me suivre… »
    L’hôte ouvrit une porte qui donnait sur la salle commune, au
rez-de-chaussée de l’auberge, et suivi de Bembo entra dans une
misérable chambre, où il y avait un lit fort étroit.
    « Parfait ! superbe ! s’écria Bembo.
    – Ainsi, Votre Excellence passera la nuit ici ? fit
l’hôte.
    – Oui, mon cher, le lit me plaît, et la chambre
aussi. »
    L’aubergiste se retira, radieux.
    Bientôt, le cardinal se jeta tout habillé sur le méchant lit, et
se couvrit de son manteau. Il entendit l’hôte fermer la porte de
l’auberge ; il souffla son flambeau et ferma les yeux.
    Le sommeil le gagna presque aussitôt.
    Mais comme il était dans cet état de demi-somnolence qui précède
le sommeil complet, il lui sembla entendre un bruit de voix dans la
salle commune.
    Il se souleva sur un coude et écouta.
    Les voix étaient celles de deux voyageurs qui venaient sans
doute d’arriver à l’auberge pendant le

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