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Les Amazones de la République

Les Amazones de la République

Titel: Les Amazones de la République Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Renaud REVEL
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moustique commissaire sortit le préfet du lit. Tandis qu’une longue chenille de collaborateurs accourue sur les lieux, n’en crurent pas leurs yeux bouffis de fatigue. Et chacun, laitier compris, reçut une consigne stricte : la fermer !
    Déjà complètement folle, la rumeur ne s’arrêta pas là. Une célèbre actrice y aurait été associée. Le conditionnel ne résista que quelques heures, puisque, selon les policiers présents sur les lieux, celle qui se trouvait ce matin-là aux côtés de VGE n’était autre que Marlène Jobert. Cette célèbre « conquête » du président ne confirma jamais.
    Rentré à l’Élysée, Valéry Giscard d’Estaing prit une douche, se rasa de près et se changea. Avant d’aller prendre un petit déjeuner avec une statue de sel, son épouse Anémone. Pas un mot ne fut échangé ce jour-là, comme durant les semaines qui suivirent, sur un épisode dont le Tout-Paris se rengorgea.
    Si VGE aimait les femmes, il n’avait que bien peu d’appétence pour les journalistes. Pour ce grand amateur d’actrices pailletées de gloire, elles formaient une corporation dangereuse et pas assez glamour, à son goût : des hermaphrodites pour celui qui jetait sur cette misère l’œil indifférent de celui qui revient d’Hollywood et tombe sur une petite troupe d’apprenties comédiennes sans intérêt. C’est ainsi que celui qui, quarante ans plus tard, confessera dans un ouvrage avoir été pris de priapisme pour la princesse Diana (au point de s’être convaincu de l’avoir un jour séduite) ne chassa que très rarement dans les rangs de la profession.
    L’une d’elles pourtant excita un jour son imagination. Lors d’un déplacement en Auvergne, il croisa une dénommée Ghislaine Ottenheimer. Alors toute jeune stagiaire à L’Express, cette journaliste en herbe avait été chargée de suivre VGE sur ses terres. Jeans et blouson de cuir, coiffure garçonne et joli minois, elle tapa immédiatement dans l’œil du locataire de l’Élysée, qu’un cortège de courtisans entourait. « Qui c’est, cette petite ? » glissa-t-il à l’oreille de l’un de ses conseillers. Ce dernier alla aux nouvelles et ramena l’intéressée au chef de l’État. Lequel la convia à venir boire « un verre de jus d’orange », à l’Élysée. Ce qu’elle fit. Mais, décidé à pousser son avantage, VGE ira jusqu’à demander à son ami, Patrice Duhamel, d’organiser un dîner en tête à tête dans un endroit discret. Ce que ce dernier refusa de faire, ne voulant pas jouer les entremetteurs…
    C’est l’époque où l’entourage de VGE n’a d’yeux que pour cette jeune femme qui débarque en pantalon, juchée sur sa moto, dans la cour de l’Élysée au milieu des tailleurs cardigan et des costumes trois pièces. Telle une colonie de termites, les collaborateurs du chef de l’État sortaient de leur placard au son pétaradant de la moto qui déboulait sur le gravier de l’Élysée. Baron du RPR et ancien ministre de Georges Pompidou, Yves Guéna, qui lui fait une cour assidue, lui lança un jour : « Mais pourquoi êtes-vous toujours en pantalon ? » Réponse de celle qui redoutait les mains baladeuses d’une classe politique barbotant à ses pieds dans des cloaques de compliments : « Parce que j’ai une prothèse à la jambe droite ! » L’intéressé qui en resta coi se perdit ce jour-là en conjectures…
    Le tout premier déplacement officiel de Valéry Giscard d’Estaing fut un court séjour en Guadeloupe et Martinique, où se tenait un sommet franco-américain. À peine élu, Valéry Giscard d’Estaing emmena avec lui une soixantaine de journalistes qu’encadrait une équipe où chacun put remarquer la présence de quelques jolies filles. Mannequins, hôtesses, protégées du prince ou courtisanes d’un soir dûment cataloguées ? On ne sut jamais. Parmi elles figurait un ancien mannequin dénommée Nicole Seguin, que l’on vit un matin se promener sur une plage de Pointe-à-Pitre au côté

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