Les Amazones de la République
dâHenry Kissinger, le conseiller diplomatique du président américain de lâépoque, Gerald Ford.
La presse française, et notamment Le Canard enchaîné , fit des gorges chaudes de ce voyage, sâinterrogeant sur lâorigine de ces « pépés » embarquées. Une photo, parue dans la presse, immortalisa ainsi une scène où lâon voit lâun des « hommes du président », et pas le moindre, batifoler dans la piscine de lâhôtel en compagnie de la jeune femme. Le soir même, on apprit quâHenry Kissinger avait même emprunté une échelle afin de grimper au balcon de cette dernière, qui le repoussa, provoquant sa chute quelques mètres plus bas dans un parterre de rosiers ! Lâincident remonta la nuit même jusquâà VGE, qui fit rapatrier le lendemain matin la malheureuse vers Paris.
Huit jours plus tard, celle sur laquelle le locataire de lâÃlysée avait jeté son dévolu reçut un coup de téléphone de lâÃlysée. La secrétaire personnelle du président de la République lui demanda si elle comptait rester chez elle encore quelques instants : « Oui », répondit-elle, pour voir débarquer un peu plus tard Valéry Giscard dâEstaing, un bouquet de fleurs dans les bras.
Que dire de Valéry Giscard dâEstaing si ce nâest quâil semble avoir été une exception à la règle ? à mille lieues dâun François Mitterrand travaillant les femmes à la pince à escargots, séducteur en diable, ou dâun Jacques Chirac les travaillant à la truelle, en bretteur dâaventures, VGE semblait un dilettante. Ses manières avec les femmes quâil entreprenait étaient à son image : propres et sans macules.
Lâune de ces très rares journalistes, sur laquelle il accepta de jeter son dévolu, se souvient ainsi de la soirée hilarante quâelle passa en sa compagnie dans sa propriété de Chanonat. Taisons son identité, puisquâelle nous le demande. VGE, qui lâavait invitée à venir le rejoindre pour un tête-à -tête amoureux, avait congédié lâensemble du personnel pour être tranquille. Or cette vieille bâtisse familiale disposait dâune cuisine située en sous-sol à plusieurs dizaines de mètres de la salle à manger où la jeune femme, servie par le président de la République en personne, attendait esseulée que le mitron Giscard mette la dernière main à des plats, qui arrivaient, les uns après les autres, du diable Vauvert, froids dans son assiette. Le locataire des lieux, qui avait mis les petits plats dans les grands, déploya mille artifices â jusquâà lui réciter des poèmes écrits de sa main â, afin dâatteindre lâobjectif quâil sâétait fixé. Se perdant en compliments et volutes verbales, VGE multiplia les numéros. Mais peine perdue : au terme dâune soirée, dont la jeune femme garda un souvenir mémorable, le couple se séparera, après que lâinvitée du chef de lâÃtat se fut enfermée à double tour, accablée, dans la chambre qui lui avait été réservée.
« Ah, sacré Giscard ! » Une fois installé à lâÃlysée, François Mitterrand se livra un jour à une longue saillie vacharde sur son prédécesseur, qui venait de publier Le  Passage , un récit personnel à lâorigine de nombreuses railleries, dans la presse mais pas seulement : « Vous avez vu Giscard ? Vous avez vu ce roman grotesque, où il culbute une auto-stoppeuse ? », sâexclama François Mitterrand devant quelques-uns de ses familiers, dont le journaliste Georges-Marc Benamou 1  : « La sexualité de Giscard, câest passionnant ! Il a dû découvrir ça sur le tard en devenant président ! » Or, François Mitterrand, qui sâétait souvent diverti des aventures prêtées à son prédécesseur â « Câest Louis XV et le parc aux Cerfs », railla-t-il un autre jour â, choisit dâen rajouter, avec une ironie grinçante : « Vous vous rendez compte, quel destin ! Après avoir été président de la République, il est devenu une sorte de figure nationale
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