Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Amazones de la République

Les Amazones de la République

Titel: Les Amazones de la République Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Renaud REVEL
Vom Netzwerk:
présentatrice télé, à l’époque des postes à galène.
    Â«Â J’ai été la maîtresse de Mitterrand ! », lança un jour, au milieu des années soixante-dix, l’écrivaine et militante féministe Benoîte Groult à l’une de ses amies, Jacqueline Chabridon, une journaliste de gauche, déjà connue en son temps. « Crois-tu que cela soit très original », s’esclaffa celle qui connaissait très bien l’homme, pour figurer dans son premier cercle, au point d’avoir balisé bien des sentiers de son intimité.
    Ã‰blouissant, mais tirant ses feux d’artifice pour la première qui passait à sa portée, François Mitterrand préemptait, disposait et délaissait, avec désinvolture et parfois cruauté. Nombre de celles qui tombèrent dans ses filets s’amusèrent à comparer leurs expériences avec celui qui rabota les espoirs de quelques-unes, en les abandonnant sans ménagement, du jour au lendemain. Blessée dans son orgueil, l’une d’entre elles, journaliste à L’Express sous l’ère Giroud, se vengera en cédant aux avances de l’homme qui deviendra plus tard l’un de ses Premiers ministres. Mais François Mitterrand n’était pas en reste : lui aussi se gondolait, en échangeant avec Roland Dumas et Charles Hernu, d’histoires d’alcôve, rassemblées et alignées tels des chapitres couchés dans une collection de livres Arlequin.
    Chapeau, l’artiste ! Ses deux complices applaudissaient au spectacle de ces journalistes qui voletaient sous les regards du Guide, avant de s’abandonner sur ses canapés, sans grande résistance. Il est vrai que « François » leur sortait le grand jeu. C’est ainsi qu’il emmena sa jeune conquête à Deauville et dans quelques-uns des restaurants les plus recherchés de la capitale. Il accueillit, également, Sylvie Pierre-Brossolette à Latche, où elle déjeuna en compagnie de Danielle Mitterrand.
    Mais cette liaison eut également des aspects incongrus et pittoresques : c’est ainsi que la jeune journaliste allait notamment chercher François Mitterrand dans ses bureaux de la place du Palais-Bourbon au volant d’une Renault 5 prêtée par Valérie-Anne Giscard d’Estaing, l’une des deux filles du président de la République, dont Sylvie Pierre-Brossolette était alors l’amie ! Une jeune femme dont elle ira même jusqu’à dérober la cocarde tricolore, qu’elle colla sur le pare-brise de sa voiture, afin de pouvoir circuler plus vite dans Paris. Et pénétrer ainsi dans certaines des enceintes de la République où le futur locataire de l’Élysée avait déjà ses entrées. Pittoresque encore : François Mitterrand se faisait un malin plaisir à appeler la jeune femme chez ses parents : secrétaire général de l’Élysée et giscardien historique, Claude Pierre-Brossolette décrochait alors le téléphone, où, au bout du fil, une voix éminemment reconnaissable demandait à parler à sa fille. Sans décliner, pour autant, son identité…
    Mais ce coup de foudre n’aura naturellement qu’un temps : sur l’insistance de son entourage, qui ne prend pas au sérieux cette nouvelle passade amoureuse, mais qui s’en inquiète, perturbé à l’idée de voir François Mitterrand s’égarer à quelques encablures d’un rendez-vous avec l’Histoire, il décida de se séparer de la jeune femme. Aussi rapidement et brutalement qu’il s’en était épris : « À compter d’aujourd’hui, vous ne me la passez plus. C’est fini ! », donna-t-il un matin pour consigne à sa secrétaire, Paulette Decraene. Jusqu’au jour où, croisant Sylvie Pierre-Brossolette au sortir de son bureau, alors qu’il s’apprêtait à franchir son pont d’Arcole, en route pour une élection triomphante, il lui lâchera en guise d’adieu : « Mais que faites-vous donc ici ? »
    Chaque jour qui passait était jusqu’à cet instant un jour de gagné et voilà qu’il la répudiait. Ébranlée par cette rupture, endeuillée, enchâssée dans un chagrin sans fond, la jeune femme

Weitere Kostenlose Bücher