Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Amazones de la République

Les Amazones de la République

Titel: Les Amazones de la République Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Renaud REVEL
Vom Netzwerk:
perdit pied un soir. C’est ainsi que des badauds verront, une nuit, une jeune femme hurler sa colère et son désespoir sous les balcons de l’immeuble du parti socialiste, en direction d’un homme invisible, qu’elle invectivait : « Tu n’es qu’un monstre ! »
    Comme la mer qui se retire avec la marée sur la pointe des vagues, quelques femmes en noir s’éloigneront discrètement, plus de vingt ans plus tard, dans les allées du cimetière de Jarnac, le jour de l’inhumation de François Mitterrand. Accrochées, pour certaines, au bras d’un conjoint compatissant, ces anonymes dissimulaient de loin des larmes clandestines, en souvenir de celui qui les avait un jour étreintes sur les quais de l’âge à peine adulte. Avant de les entraîner dans une passion mystique.
    Sylvie Pierre-Brossolette n’en fut pas, mais d’autres allèrent se signer, ce jour-là, sur la tombe de l’homme qui les avait embarquées, il y a bien longtemps de cela, dans ses tourbillons : un cortège de veuves éplorées à la recherche du temps perdu…

Chapitre 6
Les « chauffeuses » de Mitterrand
    Un mètre quatre-vingt-douze au garrot, des mains de bûcheron, une voix de stentor et un style caporaliste, Max Gallo convoqua un jour de 1987 Florence Muracciole dans le bureau qu’il occupait au Matin de Paris – un quotidien de gauche, fondé par le propriétaire du Nouvel Observateur , Claude Perdriel, à la tête duquel il avait été parachuté. « Puis-je vous demander, Florence, si vous avez été la chauffeuse de François Mitterrand ?, lance-t-il à celle qui suivait pour ce journal le locataire de l’Élysée. Vous voyez ce que je veux dire », ajouta l’historien, sans qu’il ait à préciser sa pensée.
    Â«Â Non, monsieur, je ne l’ai pas été », répondit en riant la journaliste, qui connaissait ce rituel mitterrandien : l’ancien premier secrétaire du PS avait en effet pour habitude de demander, au terme de ses meetings, si la jeune femme qu’il avait repérée dans la salle et qu’il trouvait à son goût avait une voiture. Et si elle savait conduire.
    Dès lors que celles-ci, qui étaient surtout des militantes du parti socialiste ou des journalistes de passage, acceptaient de le ramener à son hôtel ou à l’aéroport, il y avait de fortes probabilités pour que le véhicule emprunte des chemins de traverse et aille se perdre dans des sous-bois ou des contre-allées discrètes…
    Si François Mitterrand adorait fréquenter les plus jolies représentantes de la profession, il détestait en revanche la caste. Il fulminait contre la presse en général, et se mettait dans des colères blanches, les yeux en querelle, à la lecture de « journaux amis », comme Le Nouvel Observateur , qu’il accusait de « rouler » pour Michel Rocard. Aussi aimait-il s’entourer d’un petit groupe de journalistes, auprès desquels il se sentait en symbiose. Parmi eux, Florence Muracciole, Pierre Favier, journaliste à l’AFP et confident à ses heures, Christine Fauvet-Mycia, le couple Ivan Levaï-Anne Sinclair. Ou encore des figures du petit écran, comme Bruno Cortes, Claude Sérillon et Bruno Masure.
    Â«Â Ã‡a, ce sont les miens », clamait-il en les apercevant lors de ses meetings ou dans ses voyages officiels : ces derniers composaient alors un petit cercle de fidèles, qu’il emmenait parfois dans les lieux qu’il affectionnait. Notamment dans ces quelques recoins reculés du Morvan qui lui étaient chers.
    C’est ainsi que, lors du deuxième tour de l’élection présidentielle de 1988, il avait retrouvé une partie de ce petit monde au Vieux Morvan, ce célèbre établissement, où François Mitterrand avait déjà installé ses quartiers sept ans plus tôt : le couple de bistrotiers qui tenait cet hôtel, les Chevrier, a vu ainsi défiler nombre de jeunes femmes qui s’insinuaient dans son sillage. C’est là que, regardant un soir le « Bébête show », sur TF1, dans la salle du restaurant, il se tourna vers la jeune journaliste qui l’accompagnait pour lui dire, posant la main sur sa cuisse avec la

Weitere Kostenlose Bücher