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Les Amazones de la République

Les Amazones de la République

Titel: Les Amazones de la République Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Renaud REVEL
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faisait un taureau d’apparat aux ruades désordonnées, à qui il arriva de s’encorner lui-même, après être tombé amoureux du picador.
    En confidence et vérité. Évoquant un jour sa situation personnelle, alors qu’il était attablé en compagnie de quelques amis dans un restaurant de la rue Pierre-Charron, à Paris – Le Pichet –, François Mitterrand prononça cette sentence définitive : « En politique, on ne divorce pas ! »
    Il n’est pas sûr que si l’on avait interrogé Jacques Chirac sur le même sujet, il ait fait l’exacte et même réponse : la chronique de ses périples amoureux, notamment avec certaines journalistes dont il s’éprit passionnément, laisse à penser, au contraire, qu’il eût été moins catégorique. Comme nous le verrons, Jacques Chirac fut sans doute le seul président de la V e  République à avoir sérieusement envisagé de claquer la porte du domicile conjugal pour une femme, journaliste de surcroît. Ce qu’il aurait fait si une garde prétorienne, qui veillait au grain, ne l’en avait dissuadé, non sans difficulté. Interrogée à l’hiver 2002 pour les besoins d’un excellent documentaire diffusé sur France 2 –  Le Clan Chirac, une famille au cœur du pouvoir  –, Claude Chirac eut ce mot à propos du patriarche de la famille : « Je ne sais pas qui est mon père… » Cachez l’œil gauche et vous découvrirez le Chirac aux semelles de vent et aux emportements adolescents… Cachez l’œil droit et vous verrez apparaître le Chirac bretteur d’aventures et sicaire de la politique.
    Une première anecdote, à propos de ce ventricule d’artichaut… Lors d’un des nombreux congrès du RPR,au milieu desannées quatre-vingt,Jacques Chirac, qui était à la tribune, griffonnait, sur des bouts de papier, des mots qu’il faisait passer ensuite dans la salle : missives, consignes et messages personnels circulaient ainsi de mains en mains. Député RPR de Loire-Atlantique, Élisabeth Hubert fut ce jour-là la destinataire de l’un de ces billets. Lequel fut intercepté, avant de lui parvenir, par Olivier Guichard. Pensant en être le récipiendaire, ce baron du parti déplia ce qui ressemblait à un timbre-poste et put lire : « Chérie, tu es toujours aussi désirable ! »
    Embarrassé, il passa le pli à sa voisine. Laquelle, empourprée, échangea des regards de midinette avec celui qui noircissait à son intention, d’une plume fébrile, un autre Post-it dont il observa le cheminement, énamouré.
    4 . L’Élysée, coulisses et secrets d’un palais , Plon, 2012.

Chapitre 17
« Je ne te croyais pas aussi en chair ! »
    Avant de pénétrer plus avant dans le champ clos de celui qui marqua au fer rose nombre de mes consœurs de son empreinte ADN, arpentons son terrain de chasse. Jacques Chirac a 42 ans quand éclate, au mois d’août 1974, l’ex-ORTF. Trois chaînes de télévision et de radio, toutes contrôlées, de loin ou de près, par l’État ou ses bras séculiers ; une agence de presse aux ordres, l’AFP, à quoi il faut ajouter une poignée de quotidiens nationaux, dont certains étaient tenus bride courte par le locataire de l’Élysée – lequel pouvait compter sur le zèle sans faille d’une brochette de patrons de presse, pareils à des domestiques. Tel est, rapidement croqué, le paysage médiatique rabougri de l’époque. Ce petit lopin, ils n’étaient pas plus d’une vingtaine de journalistes politiques à l’arpenter. Et, parmi eux, quelques voltigeuses de la profession – la promotion Giroud, toujours – plus ou moins aguerries. Lesquelles, par leur charme parfois abyssal et leur petit nombre, étaient férocement chassées.
    Or, en ce temps-là, la classe politique était, peu ou prou, exclusivement masculine. Voletait aux alentours de cet univers saturé de testostérone une pépinière de jeunes journalistes, à qui il suffisait d’une parcelle de beauté, d’un zeste de talent et d’un peu d’aplomb, pour qu’aussitôt tout s’illumine dans

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