Les Amazones de la République
un Chirac ! Lâune dâentre elles, Ghislaine Ottenheimer, en fit à différentes reprises lâamusante expérience. Du naturel, de lâaplomb, un zeste dâeffronterie, lâart de ne jamais perdre la face et une tonne de charme, on lâa vu : ce détonnant mélange mettait à vif les sens de ce dernier. Quâinventer pour quâelle succombe ? sâagaçait celui qui piaffait à sa porte. Ne jamais capituler et redoubler dâimpatience, en tous les cas, sâétait convaincu Chirac, qui se comportait avec les femmes comme un enfant qui exige sans jamais demanderâ¦
à lâhiver 1983, le RPR avait organisé ses journées parlementaires dans un hôtel quatre étoiles, situé sur les bords dâune plage en Guadeloupe : un choix qui déclencherait aujourdâhui un tollé dans lâopinion, mais qui ne choquait personne à lâépoque. Cinq jours durant, Jacques Chirac et un imposant contingent de barons et de parlementaires de son parti sâautorisèrent du bon temps entre la plage et les bars du front de mer. Le tout dans une ambiance plus proche de celle du Club Med que dâun symposium. Barricadées dans leur chambre, dès la nuit tombée, certaines des journalistes présentes essuyèrent sur la plage les remarques dâun Jacques Chirac scrutateur : « Je ne te croyais pas aussi en chair », sâentendra dire ainsi la susnommée, à qui il adressait régulièrement des poèmes en vers, dâune facture contestable, mais touchante⦠Du prêt-à -draguer loin de la haute couture. Si bien que Chirac, qui pensait sans doute être payé au mot, ne parvenait toujours pas à faire chavirer celle sur la silhouette de laquelle il butait. De la difficulté dâêtre François Mitterrand, à défaut dâHomèreâ¦
Jusquâà ce jour de 1993, à Nice. Celui qui était alors maire de Paris et en campagne pré-présidentielle, avait pris une chambre au Negresco, un palace quâavait rejoint tout un cortège de journalistes, dont Ghislaine Ottenheimer. Or, celle qui sâattendait à être installée dans une chambre située côté cour, se retrouva, à sa grande surprise, dans lâune des plus belles suites de cet établissement : Jacques Chirac était passé par là . Pour preuve, sa valise à peine posée, le téléphone sonna : au bout du combiné, un Jacques Chirac enveloppant. Et cette question devenue rituel : « Je peux venir en griller une ? â Mais vous savez que je suis mariée, Jacques, et que je suis fidèle », lui répondit la jeune femme.
« Ah ! Câest bien la première fois quâon me la fait, celle-là  ! », sâexclama celui qui, nâécoutant que son tempérament, déboula dans sa chambre : une pièce qui verra Jacques Chirac, affalé sur son lit, les mains jaillissant de la chemise aux poignets cassés et retournés, lui parler politique, arts premiers et littérature jusquâà 3 heures du matin. Sans avoir pu poser une phalange sur la jeune femme, qui, le regard sérieux et lâair concentré, lâen dissuada. Dragueur incontinent, ce grandiose tchatcheur, capable de parler de tout et à haut débit, dut ce soir-là rebrousser chemin.
Chirac ? Un touche-à -rien et un touche-à -tout, selon les jours et le hasard des rencontres. Cette même année, lors dâun déplacement à Toul, on le vit sâéclipser quelques minutes avec une éminente journaliste dâun grand hebdomadaire dans les toilettes de lâhôtel Novotel. Son chauffeur et son garde du corps lâentendront lancer goguenard, une fois retourné dans sa voiture : « Quelle nature ! »
Et quels risques pour celles qui se refusèrent à lui ou se cabrèrent ! Quand une secrétaire de la mairie de Paris eut ainsi lâinconvenance de repousser ses avances, invoquant la fidélité quâelle devait à son époux, elle fut traitée de « dingue » par son chef de service et poussée à la démission.
Bernadette Chirac, en des termes moins flatteurs et bien plus drus, nâétait pas loin de partager â et pour dâautres raisons, on le devine â lâavis de son mari, quâelle vit
Weitere Kostenlose Bücher