Les Amazones de la République
une journaliste, dont il pensait quâelle aurait ses entrées à lâÃlysée, et plus encore, peut-êtreâ¦Â ? Tout laisse à croire que ce fut, chez ce patron de presse, bien plus quâune simple arrière-pensée, un investissement sur lâavenir.
Chapitre 16
Chirac, lâhomme aux mille fringales
Ãvacuons dâemblée une idée saugrenue, qui voudrait que François Mitterrand ait détenu, en ce qui concerne ses multiples doubles vies, un record homologué par lâHistoire. Napoléon I er , Adolphe Thiers, Napoléon III et tant dâautres avant lui â comme lâont noté Patrice Duhamel et Jacques Santamaria dans leur ouvrage 4 â montrèrent le chemin. Et son successeur, Jacques Chirac, fit mieux que tenir son rang : dur au labeur et toujours à lâétabli, il perpétua ces mÅurs légères à un rythme de métronome. Sans jamais démériter ni faillir à la tradition, bien au contraire. Grâce lui en soit rendue. Et vive la France !
Avant de se pencher plus avant sur les états de service et les performances de ce dirigeant politique aux appétits gargantuesques, tentons de dessiner ce qui distingua les deux hommes dans ce registre.
Flibustier des cÅurs, collectionneur insatiable et libertin aux méthodes affinées et raffinées, François Mitterrand, on lâa vu, fut un esthète. Comme un papillon, il se posa sans trop sâattarder sur les fleurs qui voulaient bien se laisser butiner, déclamant sa vie amoureuse comme il lui plut. Avant de laisser choir, sans beaucoup dâégards le plus souvent, des conquêtes qui allèrent se reclure, effondrées, sur le bord de la vie dans des couvents de désolation. Après quâil eut jeté sur leur désespoir lâÅil indifférent dâun pachyderme centenaire.
Jacques Chirac fut tout le contraire. Si lâhomme, grand culbuteur devant lâÃternel, tapa souvent très en dessous des ceintures crantées des bonnes manières, il dévora les femmes comme la vie : avec enthousiasme et fringale. Tout a été dit ou presque sur celui dont lâélégance nâallait pas sans un brin de rusticité. Si avoir une voiture de fonction et un chauffeur pour François Mitterrand fut, par exemple, un simple luxe ou confort, pour Jacques Chirac, ce privilège eut, nous le verrons, bien dâautres avantagesâ¦
Chirac à la manÅuvre ressembla à son nom : un patronyme qui claque comme un coup de fouet pour ce hussard qui lacéra bien des cÅurs. Tout ce qui était raffiné chez lui était enfoui sous une épaisse couche de réflexes de corps de garde. Il suffit de dire, pour nous résumer, que lâancien maire de Paris et président de la République pratiqua, avec un certain nombre de journalistes, ce qui releva, des siècles durant, de ce que lâon appelait communément un « droit de cuissage ».
Passée cette première esquisse, grattons un peu sous lâécorce. Là où « lâhomme à la rose » fit assez peu de cas des nombreuses plumes quâil épingla à son tableau de chasse, Jacques Chirac, lui, sâembourba dans des histoires parfois dâun comique de roman-photo. Mais, également, dans des aventures éminemment romanesques, au risque de surprendre. « Un chêne aux nerfs de roseau », dit un jour la chanteuse Barbara à propos de Gérard Depardieu. Mais une image que lâon pourrait appliquer à Jacques Chirac. Au cÅur de granit du don Juan de Latche, on opposera celui dâartichaut du bulldozer de Corrèze. Quand François Mitterrand évoquait devant ses compagnons de literie la chronique de ses amours relatives, sans affect ni nostalgie, Jacques Chirac sâépanchait parfois le cÅur en berne, ravagé par des liaisons pour lesquelles il faillit parfois tout sacrifier : foyer et carrière.
Là où François Mitterrand cocha froidement des croix dans les colonnes dâun abécédaire sexuel, Jacques Chirac, en bretteur dâaventures, coucha des histoires pour midinettes sur les pages dâun journal intime, à lâécriture parfois adolescente. Qui lâeût cru ? Différence de style, enfin : Mitterrand était un insecte aux antennes en perpétuelle alerte. Quand Chirac
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