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Les Amazones de la République

Les Amazones de la République

Titel: Les Amazones de la République Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Renaud REVEL
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Qu’y avait-il derrière cette glace et bien au-delà ? « Marine, le sais-tu ? »

Chapitre 15
Trierweiler en ligne de mire
    Il y eut Marine, mais il y aurait pu y avoir également Valérie…
    En ce jour de 1989, sous les enluminures du salon d’honneur de l’Élysée, François Mitterrand décorait une personnalité, dont l’identité n’a que peu d’intérêt. Et, comme de coutume, se bousculait à cette cérémonie de remise de ruban un parterre d’invités, dont une poignée de journalistes.
    Debout sur l’estrade, le locataire des lieux évoquait le parcours, forcément éblouissant, de l’impétrant, tout en fouillant la salle d’un regard en lampe torche. Sans abattre trop lourdement son filet sur ce joli minois, par crainte de l’effrayer, l’homme tomba en arrêt sur la silhouette d’une jeune femme repérée dans l’assemblée : une apparition qu’il enveloppa aussitôt de ses prunelles. La chasse était ouverte et François Mitterrand, dont l’enrubanné du jour était devenu soudainement moustique, ne pensait plus qu’à une chose : l’alpaguer.
    Sitôt son pensum expédié, le chef de l’État se mêla à la foule. Fendant les premières vagues, où s’agglutinait un fan-club perclus d’obséquiosité et de patenôtres, il piqua droit vers celle dont la beauté illuminait cette mer où le gris des costumes n’était rehaussé que par l’écume de leurs cols blancs : une armée de tristes clones.
    Â«Â Bonjour mademoiselle » : se tournant vers le chef de l’État, la jeune femme inclina la tête et lui offrit, en la relevant, un sourire qui l’acheva. « Puis-je vous demander votre nom ? », ajouta Mitterrand, dont la nasse, prête à l’emprisonner, bayait aux corneilles. « Valérie Trierweiler », répondit celle qui déroula son cursus : journaliste à Profession politique , petit hebdomadaire auquel collaborait, notamment, à l’époque, Gérard Carreyrou.
    Les présentations faites, François Mitterrand entama une conversation qui fut brève, mais chaleureuse. L’entremets avait été consommé et François Mitterrand proposa de poursuivre cet échange, lors d’un déjeuner, en tête à tête, à l’Élysée. Et ce, dès qu’elle le souhaiterait. « Maintenant que vous connaissez le chemin… », lui dit-il, avant de la quitter, se promettant d’approfondir son CV à la première occasion.
    La scène n’avait échappé à personne. Pas même à l’une des plumes de Paris Match , Laurence Masurel. Journaliste politique et pilier de cet hebdomadaire, cette pisteuse de la profession savait lire dans les yeux d’une espèce dont elle suivait les traces depuis des années : caractère, comportement, mode de reproduction, points d’eau et flux migratoires… la gent politique n’avait plus aucun secret pour elle.
    Quant à François Mitterrand, prédateur parmi les prédateurs, il ne fallait pas être grand clerc pour deviner dans son attitude que, l’ayant ainsi débusquée, cette toute jeune consœur au pedigree insolent venait d’exciter son instinct.
    C’est ainsi qu’à peine retournée à Paris Match , Laurence Masurel se précipita dans le bureau de son directeur, Roger Thérond à l’époque, à qui elle rapporta la scène dans ses moindres détails. Thérond ? Un marquis du journalisme au profil osseux, qui donna à Match ses lettres de noblesse. Et autour duquel voletait une escadrille de reporters en dévotion. Plus qu’une figure et un merveilleux alchimiste de ce métier, un homme doté d’un flair canin. À peine Laurence Masurel eut-elle achevé son rapport que Thérond pointa vers elle un index-antenne et lâcha : « On l’embauche ! »
    C’est ainsi que celle qui deviendra, vingt ans plus tard, la compagne de François Hollande, fit ses premiers pas à Paris Match , après que le premier des socialistes lui eut mis involontairement le pied à l’étrier ! Y avait-il dans cette décision éclair de Roger Thérond un savant calcul : embaucher à Match

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