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Les Amazones de la République

Les Amazones de la République

Titel: Les Amazones de la République Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Renaud REVEL
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soir de 1984 fut organisé un dîner au ministère chargé des relations avec le Parlement. À l’époque où le gouvernement de François Mitterrand comptait dans ses rangs quelques jolis minois que la France découvrait, dont ceux d’Élisabeth Guigou, de Martine Aubry, de Marylise Lebranchu, ou encore de Ségolène Royal.
    Il y avait là, autour de la table, non seulement l’hôte des lieux, André Labarrère, mais également Daniel Vaillant, Jean-Louis Bianco, ainsi qu’un chapelet de membres du cabinet. Et tous n’avaient d’yeux que pour la seule et unique femme présente ce jour-là : une journaliste de TF1 dont nous tairons le nom.
    Or celle-ci n’a jamais oublié la scène. « Je m’ennuyais ferme », se souvient celle qui décida d’égayer la soirée avec cette question qui réveilla et émoustilla les convives, déclenchant in petto un torrent de commentaires canailles autour de la table : « Qui est à vos yeux la femme la plus sexy du gouvernement ? » La journaliste, qui s’attendait à voir sortir du chapeau les noms d’une Ségolène Royal ou d’une Élisabeth Guigou, entendit l’ensemble des convives masculins lancer comme un seul homme celui de Martine Aubry ! « Mais comment ça, Aubry ? », questionna celle qui avait encore en mémoire des sondages où les Français plébiscitaient les jeunes plantes susnommées de la mitterrandie. Aubry ? Pas de quoi grimper aux rideaux ! Et c’est alors que Daniel Vaillant prit la parole pour confesser un secret inavouable – oui, sur la Terre un ange descend : « Quand Martine est à côté de moi à l’Assemblée, sur le banc du gouvernement, et qu’elle croise ses jambes et fait crisser ses bas… C’est l’extase ! » Au teint cramoisi de cet ancien ministre de l’Intérieur, la journaliste comprit qu’il était vain de chercher tout autre explication. La dame des 35 heures ? 1,68 mètre au garrot et une réserve d’œstrogènes à faire succomber l’Assemblée et le Sénat réunis ! Bref, à les entendre, une maîtresse-femme et la meneuse de revue d’une escouade de jeunes et jolies pousses de la politique, ravalées ce jour-là au rang de simples figurantes.
    Justement. Il suffit de passer quelques heures dans la salle des Quatre-Colonnes au Palais-Bourbon, transformé en lieu de speed dating les jours de grande affluence, pour deviner que ce haut lieu de la République, où halètent les ambitions et se bouscule la presse, est aussi le pré carré de quelques chasseurs aguerris venus y faire leurs emplettes.
    En son temps, un certain Edgard Faure, l’un des meilleurs bouvillons de l’arène, s’adressa ainsi à une journaliste qu’il toisait, à l’en faire rougir : « Mademoiselle, je ne vous dévisage pas, je vous envisage. » Dans les années soixante-dix, l’Assemblée nationale avait ainsi souvent des atmosphères de troisième mi-temps de rugby : journalistes et députés alignaient les verres, quand d’autres tripotaient des yeux de jeunes assistantes parlementaires énamourées. Avant de poursuivre leurs agapes dans les bars alentour.
    C’est ainsi qu’un contingent de députés socialistes, qui avaient besoin de se détendre, apprit la mort de Georges Pompidou au beau milieu du spectacle de l’humoriste et comédien disparu Francis Blanche. Chacun connaissait l’état de santé alarmant du président de la République. Mais, sillonnant les caveaux parisiens, ces parlementaires avaient décidé de ne pas déroger à ce rituel. Même les canassons les plus fourbus du Palais-Bourbon y traînent aujourd’hui leurs mocassins, sans jamais renoncer : du rôle de l’obésité, de la bajoue, de la fatuité et du bagout comme ingrédients de base dans ces jeux de séduction qui remontent à la nuit des temps…
    Certains parmi ces pachydermes de l’hémicycle se remémorent l’époque où Danièle Breem y tenait salon. Cette journaliste politique de TF1, qui contribua à faire entrer, après 1968, des caméras de télévision à l’Assemblée, passait sa vie, et parfois ses

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